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2009-04-30 03:00+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Comique — 2009-04-29
Jean-Sébastien Bou, Henri de Valois, roi de Pologne
Magali Léger, Minka
Franck Leguérinel, Le duc de Fritelli
Sophie Marin-Degor, Alexina, duchesse de Fritelli
Gordon Gietz, Le comte de Nangis
Nabil Suliman, Laski, grand palatin
Didier Roussel, Basile, aubergiste / Liancourt
Brian Bruce, Elbeuf
Paolo Stupenengo, Maugiron
Jean-François Gay, Le comte de Caylus
Grégoire Guérin, Le marquis de Villequier
Jacques Gomez, Un soldat
Olivier Sferlazza, Bruno Andrieux, Jean-Benoît Terral, Comédiens
William Lacey, direction musicale
Laurent Pelly, mise en scène et costumes
Agathe Mélinand, dramaturgie et remise en forme du livret
Bernard Legoux, décors
Joël Adam, lumières
Lionel Hoche, collaborateur aux mouvements
Alan Woodbridge, chef de chœur
Chœurs de l'Opéra de Lyon
Orchestre de Paris
Le Roi malgré lui, Emmanuel Chabrier
Ah, si cela pouvait toujours être ainsi. Le Roi malgré lui est un très beau spectacle d'opéra, qui passe ces jours-ci à l'Opéra Comique. Merci à Kozlika de m'avoir suggéré d'y aller.
Il s'agit d'un opéra d'Emmanuel Chabrier sur un livret d'Émile de Najac
et de Paul Burani, inspiré de la pièce de théâtre du même nom d'Ancelot. Le
programme du spectacle indique que cette pièce était de
Marguerite-Louise-Virginie Ancelot, alors que sur le microfilm
d'une édition à la BnF, le nom de l'auteur indiqué est M.
Ancelot
et conformément catalogué au nom de
Jacques-Arsène-François-Polycarpe Ancelot, son mari. C'est curieux.
Afin de me préparer à cette représentation, lors de précédentes visites
à la BnF, j'avais lu le livret de cet opéra puis le texte de la pièce. Je
ne comprends pas pourquoi ce livet est critiqué (jusque dans le programme).
L'opéra est très quiproqué. Voici deux passages que j'avais trouvé très
drôles ; le deuxième a été remis en forme
par Agathe Mélinand pour
cette production :
Nangis
Nangis ! Mais c'est...
Henri, s'avançant et l'interrompant
La ruse est subtile
De passer pour moi !
Mais ruse inutile,
C'est moi, Nangis ! C'est vous, le roi !⁂
Minka
Tout à l'heure, ici même, madame la duchesse de Fritelli croyait que le roi était mort.
Nangis
Que dis-tu là ! Grand Dieu... qu'est-il arrivé. (Haut.) Courons Minka. Il me faut la preuve que c'est là une erreur...
Minka
Mais la preuve, monseigneur, je l'ai, puisque vous êtes vivant !
Petit résumé : Henri de Valois a été choisi par les Polonais pour devenir leur roi. Il y va à reculons. Un complot est ourdi par le grand palatin Laski pour le chasser et mettre je ne sais plus quel archiduc sur le trône. Sa nièce Alexina fut l'amante du roi incognito à Venise et il l'abandonna. Elle veut se venger de lui, bien qu'elle l'aime encore. Elle embrigade son mari dans le complot, c'est Fritelli, le grand chambellan d'Henri. Nangis, l'ami le plus fidèle d'Henri, s'est épris de Minka, l'esclave de Laski, qui vient au séjour du roi pour dénoncer le complot. C'est Henri, qui doit rester incognito jusqu'au sacre, qui la reçoit. L'idée d'un complot contre lui lui plaît, il décide de rejoindre les conjurés en se faisant passer pour Nangis, qu'il emprisonne. Nangis, le vrai, s'évadera et les conjurés réunis chez Laski se retrouveront avec deux personnes prétendant être Nangis. Les rôles sont inversés. Nangis prend son nouveau rôle de roi très au sérieux. Les conjurés ont peur des représailles d'un Henri qui reviendrait en Pologne avec une armée, ils préfèrent le tuer. Henri promet de se tuer lui-même. Nangis s'échappe encore une fois grâce à Minka qui le prend pour le roi. Le lendemain, Henri croit qu'il peut s'en aller avec le carosse qui avait été réservé par les conjurés. La réservation a été annulée quand il fut décidé de tuer Henri. Alexina, dont l'amour pour Henri, a repris le dessus, a fait en sorte que l'archiduc reparte en lui annonçant que le complot avait été mis au jour. Rien ne s'oppose plus à ce que Henri soit couronné, mais on le croit mort assassiné par Nangis (enfin Henri). Alexina essaie de fuir avec son cher assassin, mais tout est découvert. Vive le roi de Pologne ! Minka et Nangis sont mariés. Henri invite Fritelli, et donc son épouse, à le rejoindre à la cour.
C'est peut-être un peu compliqué, mais tellement drôle et vaudevillier. Le livret est bien supérieur au texte de la pièce de théâtre, dont la fin en queue de poisson était bâclée. Dans l'opéra, la fin s'étend sur un troisième acte supplémentaire. Quelques éléments ont de plus été ajoutés dans l'intrigue de façon à créer des situations bien plus amusantes. Ainsi, dans la pièce, Alexina était une orpheline, dont le tuteur, noble, avait été proscrit par les Médicis. Elle n'avait jamais été en amour avec Henri ; au contraire, le combat entre sa haine et son amour fait d'Alexina un beau personnage d'opéra. Le chambellan de Henri était français, aucunement lié à Alexina. En faire un personnage italien ajoute encore une dose de comique, d'autant plus qu'il doit gérer des intérêts contradictoires : le complot, la liaison entre Alexina et Henri, les Français, les Polonais.
Ma place au troisième balcon, très légèrement de côté, me permettait de voir toute la scène. Les sièges sont serrés et inconfortables. Le seul problème était que je ne voyais pas les surtitres, mais comme je connaissais déjà bien le livret, je n'ai pas eu de souci pour suivre. Je ne l'avais pas remarqué la dernière fois, mais en dehors du premier balcon, les couloirs sont recouverts de motifs en forme de croix gammées (qui sont inversées à l'orchestre). La construction date d'une autre époque... À l'entr'acte, on croise pas mal de gens ornés de décorations civiles, y compris un ancien ministre de l'économie. Pour voir davantage de ministres, il faut aller au rang 15...
La mise en scène de Laurent Pelly est en accord avec la légèreté de cet
opéra. C'est très dynamique, à des années lumières d'un Deflo. Plein de
très bonnes idées. Un peu de mise en abyme. Des costumes de Polonais
emmitouflés comme des ours. Des chariots tractés qui évoquent les gondoles
de Venise. Des éléments de décors qui apparaissent subitement lors de
quelque évocation de lieu ou d'un besoin scénique : tiens, il faut que
Minka entre en trombe, faisons apparaître une grande porte. Quelques
plaisanteries, des mousquetaires évoqués, une pancarte Amour
qui
passe pendant un air où Minka chante C'est l'amour qui passe
, etc.
Pendant ces presque trois heures de spectacle, on ne s'ennuie pas !
Hormis Sophie Marin-Degor que j'avais un tout petit peu entendue, mais à peine entr'aperçue dans Le Martyre de Saint Sébastien, je voyais pour la première fois la plupart des chanteurs, plutôt jeunes, dynamiques et enthousiasmants : Jean-Sébastien Bou (Henri), Magali Léger (Minka), Franck Leguérinel (Fritelli), Sophie Marin-Degor (Alexina), Gordon Gietz (Nangis), Nabi Suliman (Laski). Je ne connaissais que l'air de Minka Il est un vieux chant de Bohème, je l'ai aimé, comme tous les airs de Minka. Le duo Minka-Alexina du troisième acte, chacune s'inquiétant pour son bien-aimé, est celui que j'ai préféré. J'ai apprécié le chœur de l'Opéra de Lyon, qui a eu plusieurs belles occasions de se mettre en valeur. Je connais très mal la musique de Chabrier. Elle s'écoute très bien. C'est souvent un peu dégoulinant et parfois à la limite de la fanfare (sans oublier le triangle hystérique), mais cela ne gâche rien.
Nom de l'auteur : hélas pas curieux, je crois qu'en ce temps-là pour qu'une oeuvre soit prise en considération il fallait qu'elle fût écrite par un homme. Beaucoup d'époux se sont trouvés de grands talents cachés.
(d'ailleurs il paraît que la théorie de la relativité restreinte elle-même ... - je sais, j'exagère, mais elle fut en tout cas au moins le fruit d'une collaboration dont la part féminine resta longtemps dans l'ombre la plus absolue -).
Kozlika m'avait donné envie aussi mais le jour collectif de ne convenait pas et seule je n'ai pas réussi à prendre courage.
gilda> Nom de l'auteur : hélas pas curieux, je crois qu'en ce temps-là pour qu'une oeuvre soit prise en considération il fallait qu'elle fût écrite par un homme.
Justement, ce n'est pas si sûr : d'autres pièces de (Marguerite Louise) Virginie Ancelot ont paru sous son propre nom, y compris la même année (1836), dans la même collection (Le magasin théâtral).
Vu que je n'aime pas trop le texte de la pièce, à l'inverse du livret d'opéra, je me fiche de savoir qui l'a écrite ; mais c'est quand même curieux, et si je ne ferai pas d'effort particulier pour le savoir, j'aimerais bien quand même connaître les raisons qui font dire que cette pièce n'est pas l'œuvre de M. Ancelot.
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