« Das Rheingold à Bastille | Siddharta à Bastille »
2010-03-18 00:30+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Comique — 2010-03-17
Magali Léger, Léonore
Daphné Touchais, Isabelle
Maryline Fallot, Jacinte
Brad Cooper, Don Alonze
Frédéric Antoun, Florival
Vincent Billier, Don Lopez
Le Cercle de l'Harmonie
Jérémie Rhorer, direction musicale
Pierre-Emmanuel Rousseau, mise en scène et costumes
Thibaut Welchin, décors
Claudine Crauland, costumes
Gilles Gentner, lumières
Atsushi Sakaï, assistant musical
Charlotte Rousseau, assistante mise en scène
Christophe Manien, chef de chant
L'amant jaloux ou les fausses apparences, André Ernest Modeste Grétry
Après avoir vu Zoroastre, Le Roi malgré lui, Carmen et The Fairy Queen, j'ai encore vu ce soir un formidable spectacle à l'Opéra Comique. J'avais sélectionné L'Amant jaloux ou les fausses apparences d'André Grétry sur la seule foi du nom d'une interprète (Magali Léger, précédemment entendue dans le rôle de Minka dans Le Roi malgré lui).
Créé à Versailles en 1778, L'Amant jaloux se passe à Cadix. À vingt ans Léonore (Magali Léger) est veuve et pour des raisons financières son père Don Lopez (Vincent Billier) ne voudrait pas la voir se remarier. Elle voit en cachette Don Alonze (Brad Cooper) qui est très jaloux. La sœur de celui-ci, Isabelle (Daphné Touchais), est la meilleure amie de Léonore. Elle est sauvé des assauts de brigants par Florival (Frédéric Antoun), un Français qui va faire la guerre au Portugal. Ils se donnent rendez-vous, mais suite à un malentendu avec Jacinte (Maryline Fallot), la femme de chambre, il croit qu'elle est la fille de Don Lopez et qu'elle s'appelle Léonore. La suite est par conséquent un tout petit peu quiproquée. Don Alonze doute de la constance de Léonore. Celle-ci décide de renoncer l'amour et de lui jouer une leçon, mais bien sûr, à la fin, ils se réconcilieront ; Don Alonze d'abord désargenté héritera et pourra épouser la fille de l'avare Don Lopez sans dot.
Pour la première fois, je me suis retrouvé au troisième rang des
baignoires de face. Vu la taille plutôt réduite de la salle, c'est presque
comme si on était à l'orchestre, n'étaient les étroits piliers et l'étage
du dessus qui empêche de voir la partie supérieure de la scène, mais pas
les sur-titres, puisqu'ils sont aussi diffusés sur des écrans latéraux. La
diction des chanteurs fait que le texte est intelligible, très
distinctement dans les passages parlés (sans musique), mais aussi les
passages chantés. Toutefois, l'accent australien de Brad Cooper (Don
Alonze) déshomogénéise quelque peu la distribution vocale, mais sa
prononciation du texte reste très-honorable (il s'est cependant un peu
oublié sur le premier on
de D'une ardeur si constante / Voilà
donc le retour
.).
Interprétée par Le Cercle de l'Harmonie dirigé par Jérémie Rhorer, la
musique de Grétry fait penser à celle de Haydn, donc j'aime. Le texte, s'il
contient quelques rimes un peu faciles sans doute destinées à détendre
l'atmosphère, comme moi
qui rime avec foi
, se laisse entendre
sans aucun déplaisir.
Dans les prestations vocales, deux airs se distinguent. On entend ainsi à la fin du deuxième acte la belle sérénade de Florival Tandis que tout sommeille / Dans l'ombre de la nuit. Le plus enthousiasmant est néanmoins celui du début du deuxième acte, chanté par Léonore : Je romps la chaîne qui m'engage. À côté, l'air de la Reine de la Nuit de La Flûte enchantée semblerait presqu'une partie de plaisir. Ce qui rehausse encore la difficulté de cet air magnifiquement interprété par Magali Léger réside dans la mise en scène. En effet, en chantant cet air, la chanteuse s'installe dans une baignoire. Au début, je me suis dit qu'elle ne devait pas contenir d'eau... mais si, quand elle s'en est aspergée les épaules, le doute n'était plus permis. J'espère au moins qu'elle était chaude.
La mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau ne va pas contre l'atmosphère espiègle créée par la musique et le texte. Cela commence dès l'ouverture. On y voit d'abord d'éblouissants projecteurs sur la scène vide. Tout doucement, les décors descendent des cintres. Puis, après que le public a pu apprécier les dessous du théâtre, le rideau tombe (ce qui ne manque pas d'amuser le public) avant de remonter pour la première scène. Les décors tout comme les costumes renvoient au XVIIIe, à l'exception d'un voile de style indien qui masque Isabelle aux regards de son frère Don Alonze.
Pour une fois, je n'ai pas stressé pour rejoindre la station Opéra et ma correspondance de RER, vu que le spectacle ne dure que 1h20.
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