« Le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin et Nina Stemme à Pleyel | Jayanthi Kumaresh et Purbayan Chatterjee au Théâtre de la Ville »
2012-03-10 00:30+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Je viens de visionner sur le site du Monde la vidéo La
parabole des Tuileries faite par David Castello-Lopes et Léonard
Cohen. Sous-titrée Quelques effets économiques postifis de
l'investissement public dans la culture
, elle parle d'un sujet qui me
tient évidemment à cœur, donc je recommande vivement de la regarder :
(Cliquer ici pour visionner la vidéo sur le site du Monde.)
Au delà de l'amusement premier procuré par une analyse de mon propre comportement culturel (la boulimie de spectacles), de voir une contrebasse dans la représentation iconographique d'un quatuor à cordes, cette vidéo m'agace quelque peu par la vision excessivement idéalisée qu'elle donne du rôle de l'État. L'évocation de ces sujets dans les médias est rare, l'initiative est louable, mais en écoutant le texte, il y a de quoi se demander si on entend une vidéo de propagande gouvernementale ou s'il s'agit d'un travail de journaliste.
Loin de moi l'idée de minimiser le rôle de l'État, puisque c'est lui qui
me verse mon salaire via une université autonome
, sans lui
je n'aurais pas eu la formation qui m'eût permis de l'obtenir, je ne me
serais pas fait à l'École
des amis
qui ayant baigné dans cette culture-là depuis leur enfance m'ont en quelque
sorte inité à la musique classique. Sans l'État (qui subventionne
indirectement la Salle Pleyel via la Cité de la Musique), je
n'aurais jamais assisté au concert de ma vie, qu'Il en
soit grandement remercié !
S'il est évidemment bon que l'État injecte de l'argent dans la culture,
il n'est pas interdit de réfléchir pour savoir s'il le fait bien. Puisque
l'on voit passer le logo de l'Opéra de Paris dans la vidéo, on peut se
demander si l'argent public est utilisé à bon escient dans cette
institution. Je ne dis pas que l'Opéra ne doit pas recevoir d'argent de
l'État, mais que la façon de l'utiliser pourrait sans doute être meilleure.
Attention : mode pifométrie ON
. L'Opéra de Paris reçoit
environ 100 millions de subventions et 50 millions en billeterie. Pour les
opéras, la majorité des spectateurs paye à peu près 100€ ou plus. Pour 100€
qu'ils ont donnés, l'État ajoute donc 200€. Pifomètre
désactivé.
Seules les catégories sociales les plus favorisées
peuvent se permettre de dépenser régulièrement de telles sommes. Étant très
loin d'être à plaindre, je ne pourrais me permettre cela
qu'exceptionnellement (sauf erreur, je ne pense avoir dépensé 100€ ou plus
qu'une seule fois pour assister à un spectacle). Est-il
véritablement dans l'intérêt de la société que l'État fasse un cadeau aux
catégories sociales les plus favorisées en divisant par trois leur
dépense ? S'il n'y a pas d'effet redistributif (notamment par une offre
comportant une proportion significative de billets à des tarifs plus
abordables), cela me semble difficilement défendable, or la politique de
l'Opéra va exactement dans le sens contraire. (La
brochure 2012/2013 de l'Opéra paraissant dans les jours prochains, on
pourra bientôt savoir si j'ai ou non fait ma Cassandre.)
Les subventions et les prix ne sont pas le seul frein à l'accès à la
culture classique
. Si vous avez une théière de thé devant vous,
lancez-vous dans la lecture du foisonnant billet de Djac Baweur Pourquoi
la musique classique, c'est ringard ? Si on doit pouvoir trouver
des exemples de personnes qui ont commencé à adorer la musique classique
grâce à une réminiscence de cours de musique de collège comme il est
suggéré dans la vidéo, je trouve quelque peu naïve la façon dont la vidéo
évoque cet amorçage
de l'intérêt pour cette culture. Je n'ai
peut-être pas eu de chance, mais mes seuls souvenirs de musique classique
entre le collège et le lycée, ce sont des extraits de Peer Gynt en
cours de musique et la mention du nom de Schönberg et de Boulez en cours
d'histoire au lycée (ah, si j'avais davantage écouté cette
enseignante !).
Attention Joël, tu avais déjà joué les Cassandre il y a peu pour les places à Bastille ! Attendons pour voir à quelle sauce nous serons mangé lundi. Comme je m'attends au pire je ne serai pas déçue ! mais mardi avec la saison Pleyel-Cité de la Musique ça ira beaucoup mieux !
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