Weblog de Joël Riou

« Parenthèse gastronomique | Sanchita Chowdhury et Pandit Uday Bhawalkar à la ITC Sangeet Research Academy »

Une cérémonie à Belur Math

2012-07-17 18:25+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

Ce mardi, contrairement à dimanche, j'ai réussi à arriver à l'heure à Belur Math. J'ai commencé par marcher jusqu'à l'embarcadère, pas encore ouvert. En chemin, alors qu'il n'était pas encore 8h, dans tous les stands de nourriture, je vois que l'on s'affaire à couper des oignons, éplucher des légumes, découper du panir, malaxer la pate à chapattis, etc. Des seaux entiers de légumes prêts à être cuisinés se dressent un peu partout. Ce spectacle s'étendant sur plusieurs centaines de mètres est particulièrement impressionnant.

En baragouinant hindi, j'arrive à me faire comprendre. Les nombres bengalis ont l'air d'être assez semblables à ceux du hindi. J'ai entendu des gens dire Bis (20), Chalis (40). J'ai réussi à obtenir 2 jalebis en demandant Do Jalebiyan. La prononciation de certaines voyelles et consonnes est toutefois assez différente. Ainsi, après avoir pris un bus pour Howrah où je suis monté dans un train pour Belur, je me suis assis et ai assisté à divers numéros de marchants ambulants. En bas de l'échelle sociale, ceux qui vendent du thé/café et ceux qui n'ont qu'un seul type de marchandises à vendre, tel le jeune homme qui avait des Capsule pens, c'est-à-dire des feutres qui tiennent dans une capsule de 3 centimètres de long et qui peuvent s'allonger quand on les tourne convenablement. En haut de l'échelle, cet homme au pantalon impeccablement repassé vendant toutes sortes d'objets. Il commence par faire la démonstration d'une luxueuse lampe torche à 110 roupies Ek shau dosh (qui se dirait plutôt Ek sau das en hindi). Des ballons gonflables. Des tournevis 2-en-1, etc. S'adressant à un auditoire de trente personnes environ, il a quand même réussi à faire 6 ou 7 affaires. Quel drôle de pays où en prenant le train, on peut se dire Et si j'achetais un tournevis ? !

L'atmosphère bruyante de Kolkata paraît bien loin quand je m'engage sur la Dharmatala Road en direction de Belur Math. Les gens paraissent beaucoup plus détendus. Seules quelques rares motos se distinguent par leur bruit au milieu des cycle-rickshaws. Le calme n'est perturbé que lors de la traversée de la grand'route au-delà de laquelle s'étend le domaine de la mission Ramakrishna où j'arrive autour de 9h. Je m'asseois un moment dans le temple principal afin de profiter de la fraîcheur relative qui y règne. Soudain, la porte qui cachait à la vue des présents la statue blanche de Ramakrishna est ouverte. Quelques uns se mettent à plat ventre face à celui dont on est encore toutefois séparé par une vitre. Les vigiles installent de petites barrières en bois pour délimiter un petit périmètre devant la vitre du sanctuaire. Je me décide à attendre. Qui sait, la musique de bhajans retentira peut-être ici comme j'en ai fait l'expérience à Chennai ?

En fait, c'est un rituel qui est en préparation. Toutes sortes de vaisselles sont installées par les deux assistants du prêtre habillé couleur safran qui finira par venir. Celui-ci recitera quelques mantras dont quelques uns seront répétés plusieurs dizaines de fois (108 ?). Dans le même temps, il boit quelques gouttes et s'oint le visage en plusieurs points précis. Surtout, il allume un grand feu qu'il ranime plusieurs fois et dans lequel il jettera divers fruits. (À la fin, une fidèle obtiendra d'un vigile une banane à demi-consumée.) Le prêtre présente son profil droit au public, qui ne voit pas grand'chose. Je suis pourtant assez près, mais à moins d'être au tout premier rang, on ne voit que le visage du prêtre et les flammes. Comme tout se passe au niveau du sol et que tout le monde est assis, la barrière de 30 centimètres de haut délimitant l'enceinte rituelle empêche de voir les détails de ce qui se passe. Je suis heureusement assez près pour entendre le murmure du prêtre dont certains mantras seront repris par les fidèles, qui sinon ont l'obligation de maintenir le silence. Le point culminant du rituel semble atteint quand le prêtre se dresse pour verser jusqu'à la dernière goutte le ghee contenu dans un récipient qu'il tient au-dessus du feu. Une fois le rituel terminé, le prêtre s'en va tandis que les deux assistants s'occupent de la vaisselle. L'un d'eux recueille et broie les cendres, lesquelles seront appliquées sur le front des fidèles faisant la queue à l'arrière du temple, les femmes et les hommes chacun de leur côté.

Si l'on excepte les Ganga Aartis auxquelles j'ai assisté à Varanasi et à Haridwar, je crois que c'est la première fois que j'assistais à un rituel dans toute sa longueur (cela a duré plus d'une heure), depuis la préparation jusqu'au ménage final à l'issue duquel on ne pourrait soupçonner qu'il se soit passé quelque chose.

Pour rentrer, j'ai pris le bateau jusqu'à Dakshineshwar, le bus jusqu'à Dum Dum et enfin le métro ! Je dois au fait de m'être trompé de sortir à Chandni Chowk d'avoir pu acheter une Smartcard (équivalent du Navigo ou plutôt de l'Oyster Card) pour le métro de Kolkata. C'était après avoir vérifié que la Smartcard des trains locaux était incompatible. Ces cartes sont étonnamment peu disponibles. Soit on me disait que ce n'était pas disponible, soit le guichetier refilait le dossier au collègue lequel s'excusait de n'en pas avoir. Il aura fallu que je descende dans la petite station de Belur pour avoir ma carte pour les trains locaux ! Au final, j'aurai payé plus cher mes transports avec ces deux Smartcards, mais au moins, je n'aurai plus à faire la queue !

Série de photographies : 2012-07-17, Kolkata.

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Commentaires

1. 2012-07-17 20:22+0200 (Arijit Ray)

Dear Joël,

Sometime Twenty (20) is said 'Bis' in Bengali, but it is either ornamental or Hindi induced use. Usually it is called 'Kuri' (কুড়ি). Chalis is not normally used in Bengali, it is called 'chollish'(চল্লিশ). You can hear words like 'Bis' and 'Chalis' from the persons living in Bengal but are not Bengalees.


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