Weblog de Joël Riou

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Arrivée à Kolkata

2012-07-15 19:52+0530 (Kolkata) — Voyage en Inde XI

Je suis parti vendredi soir par le vol AIr India de 22h. Je suis passé entre les gouttes, concernant la grève des pilotes de cette compagnie qui durait depuis deux mois et qui vient de se terminer quoique certains vols soient encore annulés. J'ai quitté sans regret le climat de mousson de Paris pour celui de l'Inde. Ma séance de cinéma annuelle a eu lieu dans l'avion. J'ai vu कहानी, un thriller avec Vidya Balan dans le rôle principal. Je l'avais choisi dans la liste pour cette actrice et le lieu où l'histoire se passe : Kolkata, où je vais passer une dizaine de jours. Le film est plutôt réussi. On y voit le tueur à gages le plus ridicule qui soit : un type assassinant de sang froid qui ne peut pas faire deux pas sans s'essoufler. Le film en hindi utilise une particularité de la langue bengalie pour du comique de répétition : à chaque fois que le personnage principal se présente, elle dit Vidya (le même prénom que celui de l'actrice) et tout le monde lui répond Bidya. Le b et le v se confondent en effet dans la langue bengalie... À Kolkata, sur le CD de Bahauddin Dagar que j'achèterai samedi (Raga Puriya Kalyan), on peut aussi lire Rudra bin au lieu de Rudra vin(a).

La fouille corporelle systématique à Delhi est beaucoup moins désagréable que celle exceptionnelle que j'ai subie à Paris parce que le détecteur de métaux mal réglé a sonné... Si j'ai réussi à dormir pendant une partie du vol Paris-Delhi, j'ai eu bien du mal à rester éveillé pendant ma correspondance. Il a fallu le déjeuner servi dans le Delhi-Kolkata pour me remettre d'aplomb.

Le tamponnage du visa n'a eu lieu qu'une fois arrivé à Kolkata. Comme les fois précédente, j'ai observé que mon passeport n'était pas reconnu par la machine et que l'officier de l'immigration devait saisir les informations au clavier, mais c'est le premier qui s'en plaigne. Du coup, j'ai discuté pendant bien dix minutes avec lui. Il me disait que j'avais mal manipulé mon passeport tandis que j'expliquais que c'était la faute du climat indien s'il en était ainsi, le passeport que je garde en permanence dans mon sac pendant mes voyages en Inde ayant eu à faire face à des pluies violentes, les pires étant celles de Vijayawada en 2008. Depuis, on ne voit même plus l'inscription Union européenne, République française sur la couverture... Toutefois, comme l'officier me le disait : This is not a matter. et j'ai pu fouler formellement le sol indien et prendre un taxi prépayé pour rejoindre mon hôtel.

Le chauffeur s'appelle Ismael et m'explique qu'il est très heureux depuis qu'il a acheté sa licence de taxi. Avant, il était tireur de rickshaw. Si dans toute l'Inde, on voit des auto-rickshaws (triporteurs motorisés) et des cycle-rickshaws (triporteurs propulsés par le pédalage du rickshaw-wallah), il n'y a me semble-t-il qu'à Kolkata que l'on voie encore des rickshaws tirés par des hommes à pieds.

Je retrouve mes petites habitudes à Kolkata. Comme les fois précédente, je réside à l'hôtel Broadway. Il est situé tout près de la station de métro Chandni Chowk, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités. Si les prix ont augmenté de 30% depuis la dernière fois, cela reste raisonnable pour un tel hébergement dans une grande ville qui réunisse quelques qualités appréciables :

  • le journal The Telegraph est glissé sous ma porte tôt le matin (ce qui est pratique pour organiser ma journée en fonction des annonces de concerts qui pourraient s'y trouver) ;
  • la serviette est fournie (ce n'est pas systématique partout) ;
  • il y a une douche, certes sommaire, et pas seulement une batterie de seaux ;
  • il y a une fontaine à eau filtrée fraîche, ce qui m'évite d'acheter des dizaines de bouteilles d'eau en plastique.

À quelques pas de l'hôtel, je peux manger de la cuisine du Sud de l'Inde au très bon Anand Restaurant, qui est plus ou moins ma cantine à Kolkata : un maître d'hôtel et plusieurs serveurs se souviennent de moi ! La moustache de mon serveur préféré est un peu plus grisonnante qu'il y a deux ans.

Dans le métro, j'utilise les balances. Je suis amèrement déçu, alors que la mention du poids était habituellement accompagnée d'une phrase comme Your personality: You are a blend of sharp intellect and aloofness, you are unquestionably and sincere.. Là, j'ai dû me contenter de : Your weight: (dix de moins qu'il y a un an en arrivant à Mumbai). En attendant leur métro, les indiens se mettent en face des quelques ventilos. Il fait une de ces chaleurs et des gouttes de sueur se forment sur tous les visages...

Dimanche, après une nuit de plus de 10 heures, je suis parti tôt pour rejoindre à pieds la gare de Sealdah. Je chemine dans une ville qui fonctionne étonnemment au ralenti, même pour un dimanche vers 7h-8h. Quelques hommes sont en tenue pour s'asperger d'eau, d'autres dorment encore, à même le trottoir... Par hasard, en passant une porte qui conduisait je ne sais où, je découvre l'existence d'une grande piscine à ciel ouvert. Pas un bassin à l'eau douteuse dépendant ou non d'un temple, non, une vraie piscine, avec des lignes d'eau, des plots de départ, des joueurs de water-polo, etc.

Après être passé dans un bazar improbable, j'entre dans la gare de Sealdah et passe un certain temps dans la queue avant d'obtenir un billet pour Dakshineshwar. Le hic, c'est que je n'ai pas pu acheter un horaire des trains locaux. J'aurais dû apporter un vieil horaire, ne serait-ce que pour connaître les noms des trains qui s'arrêtaient à Dakshineshwar. Au guichet d'information, une aimable dame m'a indiqué le train de 8h48, lequel n'est jamais venu. J'ai renoncé à ce train et en ai pris un autre s'arrêtant à Dum Dum qui est sur le chemin, ce que j'aurais pu faire plus agréablement en métro comme il y a quatre ans. De là, voyant les interminables files d'attente devant les guichets, j'ai décidé d'utiliser d'autres moyens de transport. Les rickshaw-wallahs demandaient Do sau (deux cents), j'ai donc commencé par marcher jusques une grande route, la Barrackpore Trunk Road, où je suis monté dans un bus. En ce dimanche, les environs du temple Dakshineshwar sont bondés. La file d'attente serpente jusque dans le petit parc voisin. Une fois le mur d'enceinte franchi, on découvre qu'en fait plusieurs queues tentaculaires mènent au sanctuaire principal. Cette vision m'est tout à fait inattendue en raison de mon expérience précédente avec ce temple. Arrivé au sanctuaire, on a quelques secondes pour apercevoir une statue noire... L'architecture du temple est très originale. Le seul point de comparaison que je connaisse est celui des temples de Vishnupur, qui sont toutefois faits d'un autre matériau.

Après avoir aperçu quelques uns des lingams placés au centre de sanctuaires secondaires tous identiques et parfaitement alignés, je prends un bateau pour rejoindre l'autre rive de la Hooghly. Je ne sais pas à quelle heure j'eusse dû quitter mon hôtel pour ne pas arriver hors délai, toujours est-il qu'à 12h15, les portes de Belur Math, le centre principal de la Mission Ramakrishna, étaient fermées. Comme elles ne rouvraient qu'à 16h, je me suis rendu en bus à la gare de Howrah. J'espérais y manger dans un petit restaurant-snacks, mais il y avait une longue file d'attente pour accéder au comptoir. Je n'ai pas non plus fait la file d'attente aux guichets pour me voir répondre qu'ils ne vendaient pas d'horaires de trains. Finalement, j'ai pris un bateau pour Fairlie Ghat. Sur la route conduisant à mon hôtel, je n'ai pas trouvé mon préparateur de lassis habituel. Je me suis donc dirigé pour la première fois au cours de ce voyage vers ma cantine, le restaurant Anand. Bizaremment, il y avait comme une file d'attente à l'entrée. Dans le doute, j'ai quand même poussé la porte et après un échange de moues entre le Cerbère et moi, celui-ci m'a dit en hindi Upar aie!, ce qui signifie Montez!. Il tient à mes maigres notions de hindi que j'aie bien mangé !

Séries de photographies : 2012-07-14, Kolkata, 2012-07-15, Kolkata.

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