Weblog de Joël Riou

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Roméo et Juliette à Bastille

2012-05-15 23:36+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Bastille — 2012-05-15

Hector Berlioz, musique (Symphonie dramatique, op. 17)

Émile Deschamps, texte (d'après Shakespeare)

Sasha Waltz, chorégraphie

Pia Maier Schriever, Thomas Schenk, Sasha Waltz, décors

Bernd Skodzig, costumes

David Finn, lumières

Patrick Marie Aubert, chef du chœur

Juan Kruz Diaz De Garaio Esnaola, Luc Dunberry, Renate Graziadei, assistants de la chorégraphe

Stéphanie d'Oustrac, mezzo-soprano

Yann Beuron, ténor

Nicolas Cavallier, basse

Aurélie Dupont, Juliette

Hervé Moreau, Roméo

Nicolas Paul, Père Laurence

Ballet de l'Opéra

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

Vello Pähn, direction musicale

Roméo et Juliette

Ce que j'ai préféré dans ce ballet de Sasha Waltz, c'est la musique de Berlioz : la Symphonie romantique, que je ne connaissais au disque que par la Scène d'amour qui est accompagnée ici d'un beau pas de deux entre Roméo et Juliette. Je connais assez mal Berlioz, mais maintenant je pense pouvoir lui pardonner son adaptation de l'Orphée et Eurydice de Gluck qui doit être pour quelque chose au fait que cette œuvre est souvent jouée par des orchestre pas très baroquisants (alors que c'est tellement mieux quand c'est joué dans ce style). Je n'ai découvert qu'assez récemment la Symphonie fantastique que j'avais adorée. Dans ce ballet, la superbe musique de Berlioz me semble magnifiquement jouée par l'orchestre de l'Opéra. J'ai beaucoup aimé entendre Emmanuel Ceysson à la harpe. Les vents (notamment le hautbois) ont aussi fait des merveilles. (Une de mes prises de conscience de la dernière série de L'Histoire de Manon est qu'il y a en fait deux orchestres à l'Opéra, dont les petits noms sont les bleus et les verts, ces derniers ayant joué d'une bien meilleure façon à mon goût la musique de Massenet, et rétrospectivement, il en allait de même dans La Source au début de la saison. Ce soir, c'étaient semble-t-il aussi les verts qui jouaient.)

Ainsi, j'ai souvent regretté que le bruit des pas des danseurs du corps de ballet interfère avec la musique. La chorégraphie de Sasha Waltz ne m'a pas beaucoup intéressé. À l'inverse de ce que je vois d'habitude dans les ballets classiques et dans les danses indiennes, dans ce ballet les mouvements des danseurs se déclenchent le plus souvent en dehors du cadre rythmique imposé par la musique, et quand la danse et la musique sont en phase, ce n'est pas forcément pour le meilleur (danseuses remontant leur postérieur au même moment du cycle à quatre temps, mesure après mesure, dans la scène du bal).

J'ai trouvé que le début du ballet était un peu bordélique, avec ces nombreuses entrées et sorties de scène de groupes de danseurs dont le sens paraît peu clair. Les clins d'œil plus ou moins comiques de la chorégraphie m'ont rapidement lassé. Seul le pas de deux de la scène d'amour et le solo sans musique de Roméo m'ont plu. Pour le reste, même en les regardant avec des jumelles, je n'ai guère été ému par les interprètes (à part peut-être par Charlotte Ranson, dans le corps de ballet, qui est aussi appréciable quand elle a les cheveux soigneusement attachés que quand ils sont dénoués). Je reste impressionné par le travail d'Aurélie Dupont et d'Hervé Moreau (que je voyais pour la deuxième fois, la première c'était il y a trois ans dans Proust ou les intermittences du cœur), mais cette chorégraphie de Sasha Waltz me laisse indifférent.

Malgré cela, le spectacle reste intéressant grâce à la musique de Berlioz dirigée par Vello Pähn (que l'Opéra devrait inviter plus souvent, je n'ai que des bons souvenirs avec ce chef). J'ai bien aimé le chœur et parmi les chanteurs, j'ai tout particulièrement aimé la prestation de Stéphanie d'Oustrac.

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Commentaires

1. 2012-05-16 00:32+0200 (Gamacé)

Et Yann Beuron ! Tu oublies Yann Beuron ! Il était bien quand même, enfin lundi dernier moi je l'ai trouvé bien.

Contrairement à toi la chorégraphie m'a encore beaucoup plu (je l'avais vu il y a 2/3 ans), c'est jusque là pratiquement le seul ballet qui m'ait parlé et émue. Mais je peux tout à fait comprendre aussi que ça ne te plaise pas. Et dans les autres que j'ai vu, j'ai toujours trouvé les danseurs infoutus de s'aligner sur la musique, comme s'ils n'y faisait pas attention du tout, on aurait dit qu'on pouvait leur enlever l'orchestre ça ne leur ferait rien ; cf. également les compte-rendus de ballet sur des blogs de balletomanes, Tchaïkovski et pas une seule mention des 60 gugusses qui se sont agités dans la fosse... Pffff :o)

2. 2012-05-16 07:36+0200 (Genoveva)

Comme toi Joël, j'ai beaucoup aimé la scène d'amour et le solo sans musique ! une chorégraphie toute en rondeur pour la scène d'amour et toute en désespérance pour le solo !Pour le reste, un peu trop de traversée de scène, sans raison ! J'ai bien aimé aussi le bruit des pierres au tombeau ! Je suis comme toi et Gamacé très agacée par le fait que les balletomanes ne fassent aucun cas de l'orchestre ! "C'est de la musique de ballet" ai-je entendu à Manon ! et pourtant quel massacre pour un si beau ballet ! Si j'avais du talent, je mixerais la musique de l'opéra de Massenet sur le ballet !!!!! Mais il faut dire aussi que les musiciens de l'Opéra n'aiment pas jouer pour les ballets !

3. 2012-05-18 17:24+0200 (elendae)

J'avoue que je ne connaissais pas la musique non plus, et je connais globalement très mal Berlioz. Lors de la première je n'ai pas aimé cette oeuvre (je parle de l'opéra), ni les sonorités émanant de la fosse. Les solistes lyriques ne m'ont pas particulièrement transportée non plus. Donc, en bonne balletomane, j'étais davantage tous yeux que toute ouïe.

J'ai revu le ballet (et donc ré-écouté la musique) lors de la captation diffusée en direct au cinéma, le même soir que la représentation que tu as vue en vrai. Je me suis habituée à la musique (c'est un peu comme pour Manon, j'ai mis 2 représentations à aimer), par contre je n'aimais toujours pas le rendu par l'orchestre, surtout au niveau des cordes, qui m'ont semblées particulièrement rêches (accentué sans doute par la retransmission).

Les balletomanes parlent certes beaucoup (trop?) des danseurs, mais les musiciens peuvent quand même se consoler par le fait que, la plupart du temps, à l'applaudimètre, la star de la soirée, c'est le chef et l'orchestre...


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