Weblog de Joël Riou

« Le spectacle de l'école de danse de l'Opéra | Roméo et Juliette à Bastille »

Le Freischütz à l'Opéra Comique

2011-04-10 02:57+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Comique — 2011-04-09

Sophie Karthäuser, Agathe

Andrew Kennedy, Max

Virginie Pochon, Annette

Gidon Saks, Gaspard

Matthew Brook, Kouno

Samuel Evans, Kilian

Robert Davies, Ottokar

Luc Bertin-Hugault, L'Ermite

Christian Pélissier, Samiel

Charmian Bedford, Katy Hill, Lucy Roberts, Louise Le Boutillier, Kate Symonds Joy, Vanessa Heine, Les demoiselles d'honneur

The Monteverdi Choir

Orchestre Révolutionnaire et Romantique

Sir John Eliot Gardiner, direction musicale

Dan Jemmett, mise en scène

Dick Bird, décors

Sylvie Martin-Hyszka, costumes

Arnaud Jung, lumières

Cécile Bon, chorégraphie

Philipp von Steinaecker, assistant musical

Meriam Korichi, collaboratrice à la mise en scène

Laetitia Mateos, assistante décors

Magali Perrin-Toinin, assistante costumes

Nathalie Steinberg, Martin Surot, chefs de chant

Le Freischütz, Weber (version Berlioz)

Je ne m'étais pas préparé particulièrement à ce Freischütz. J'en avais lu le livret il y a quelques mois. Je n'avais pas voulu écouter la musique pour en avoir l'entière surprise le soir de la représentation.

Je connaissais seulement l'ouverture. En fait, cette ouverture appartient à la catégorie des ouvertures best-of. On réentendra donc assez souvent des développements de passages déjà entendus dans l'ouverture. (Depuis ma place, je n'avais pendant l'ouverture vue que sur le timbalier qui avait tout juste le temps de régler ses timbales entre deux interventions.)

Il y a à peu près un an, j'avais entendu un extrait de cet opéra à la radio et cela m'avait beaucoup donné envie de l'entendre. J'avais donc de grandes attentes du côté musical. Je m'attendais à trouver quelque chose qui serait à tout moment hybride entre Mozart et les compositeurs allemands ultérieurs. En fait, pendant un acte et demi, j'ai un peu eu l'impression d'entendre du Mozart, et du Weber pour l'autre moitié du deuxième acte et le troisième.

Au premier acte, on apprend qu'Agathe, la fille de Kouno épousera le gagnant du concours de tir qui aura lieu le lendemain, le gagnant obtenant aussi la fonction héréditaire de Kouno auprès d'Ottokar. Max, l'amoureux d'Agathe, vient de subir sa première défaite contre le villageois Kilian. S'il commettait une aussi grande erreur le lendemain, il ne pourrait s'unir à Agathe. Pour augmenter ses chances, il se laisse influencer par Gaspard qui lui promet de lui fournir des balles enchantées. C'est en fait un agent du démon Samiel qui vient réclamer à Gaspard quelqu'offrande. La septième et dernière balle atteindra Agathe, sacrifiée pour lui. Au début du deuxième acte, Agathe discute avec son amie Annette qui essaie, sans bien convaincre, de lui remonter le moral suite aux mauvais présages qui se produisent. Contre l'avis d'Agathe, Max s'en va nuitamment à la Gorge-aux-Loups où Gaspard va fondre les sept balles enchantées. Elles seront gaspillées au début du troisième acte de sorte qu'il n'en restera plus qu'une à Max au moment où il devra faire preuve de son habileté. Au moment de tirer sur la colombe indiquée par Ottokar, Agathe viendra crier que la colombe, c'est elle (comme elle l'aura vu en rêve). Finalement, la balle atteint Gaspard. Tout le monde apprend que Max a pactisé avec le Diable. Suite à l'intervention d'un pieux ermite, Ottokar accepte que Max et Agathe se marient quand même, mais un an plus tard.

Il y a donc un certain contraste entre les situations mélodramatiques du début et l'atmosphère fantastique qui apparaît lors de la scène de la Gorge-aux-Loups. Cette scène m'a semblé très réussie. Gidon Saks (Gaspard) qui paraissait un peu brouillon dans le premier acte y était beaucoup plus convaincant, y compris dans les passages parlés, presque chuchotés de cette scène. Le démonique Samiel apparaît sur scène, joué par Christian Pélissier, le plus souvent silencieux lors des invocations de Gaspard, mais quand il répète en écho Une, Deux, etc, à chaque fois qu'une nouvelle balle est fondue, on peut entendre son impressionnante voix caverneuse. J'ai bien aimé tous les autres chanteurs. La chanteuse qui m'a fait la plus forte impression est Virgine Pochon (Annette) qui a véritablement incarné son rôle (quelle présence scénique ! quel jeu !) et sa partie vocale n'a pas l'air d'être des plus faciles ! Dans le rôle d'Agathe, j'ai retrouvé Sophie Karthäuser qui avait été pour moi une des rares consolations d'un Fidelio de sinistre mémoire. La mise en scène a apparemment accentué le côté très sage de ce personnage, ce qui ne donne pas à la chanteuse l'occasion de briller.

Pour décrire brièvement cette production, il suffit de dire qu'elle a été transposée dans le monde de la fête foraine. Kouno est à la tête d'un stand de tir. Agathe et Annette discutent devant leur roulotte ou à l'intérieur de celle-ci. Cela fait un tout petit peu peur au début de l'opéra, très vif, mais cela me semble une bonne idée. Mis à part l'affadissement du personnage d'Agathe, la mise en scène m'a semblé réussie. Il y a quelques passages étonnants, comme lorsque dans la scène de la Gorge-aux-Loups Max voit des apparitions de sa mère et d'Agathe, il est face au public et ces deux personnages traversent le fond de la scène, dans son dos ! Quand Max tire de son fusil au troisième acte, à sa droite Agathe et à sa gauche Gaspard tombent tous les deux alors que Max visait dans d'autres directions ! Sur le coup, on ne comprend pas bien l'influence de l'ermite qui est censé avoir protégé Agathe. Ce que j'ai trouvé assez frappant, c'est la façon dont on laisse mourir Gaspard sans se préoccuper le moins du monde de son sort. On se réjouit joyeusement qu'Agathe n'ait pas été touchée par le coup de fusil tandis que l'autre est en train de mourir ; on se réjouit même de ce que le diabolique soit puni.

À un moment, j'ai un peu buggé parce que j'ai eu l'impression d'entendre une musique que je connaissais déjà, ce qui était bizarre vu que je n'ai que l'ouverture dans ma discographie... En fait, très vite, j'ai reconnu L'Invitation à la valse du même Weber que je connaissais parce que c'est la musique du ballet Le spectre de la rose présenté à Garnier dans le programme Ballets russes en décembre 2009. Le programme explique que la tradition française voulant que les opéras inclussent des scènes de ballets, Berlioz avait inséré cette pièce de Weber (originellement pour piano et qu'il avait donc dû orchestrer). En dehors des applaudissements accompagnant la fin de quelques airs, du fait de la transformation (et réduction) des parties parlées en récitatifs par Berlioz, la musique se déroule presque sans interruption dans chacun des trois actes. Dans cette version française de l'opéra, on arrive à comprendre ce que chantent la plupart des chanteurs !

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Commentaires

1. 2011-04-17 19:48+0200 (Madama Abricot)

A part la scène de l'invitation à la valse qui m'a parue ridicule, j'ai bien aimé ce Freischütz et particulièrement les 2 rôles de femmes. J'ai oublié de te remercier hier pour le commentaire que tu as posté, il y a quelques temps, sur un forum de danse, concernant les files d'attente du matin à Bastille avec des "vieux semi-clochardisés" !


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