Weblog de Joël Riou

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Chittorgarh

2009-08-14 18:45+0530 (चित्तौडगढ) — Voyage en Inde VII

Quel formidable endroit !

Jeudi après-midi, malgré la pluie, je suis allé faire une première visite à la citadelle de Chittorgarh. Le site m'intéresse a priori pour deux raisons. C'est le lieu où se passa, au XIVe siècle, l'histoire dont le superbe opéra-ballet de Roussel Padmâvatî est une adaptation. Le roi Alauddin aurait voulu s'emparer de la rani Padmini. Son siège de Chittorgarh réussit, mais toutes les femmes se suicidèrent par le feu et les hommes se sacrifièrent dans un combat qui était devenu perdu d'avance. (Dans l'opéra-ballet, c'est Padmâvatî qui tue son époux qu'elle considère comme un lâche.) L'autre raison a priori est que c'est également ici que vécut Mirabaï, poétesse dévôte de Krishna (exemple par excellence de la voie de la bhakti), au XVIe siècle avant de partir sur les routes chanter et danser en l'honneur de son Seigneur. À son propos, voir le très beau roman de Catherine Clément La princesse mendiante. J'avais acheté à Tirumala un livre intitulé The story of Mirabai (Gita Press) : il s'est avéré médiocre et sectaire. Beaucoup plus intéressante est la version bande-dessinée de la classiquissime collection Amar Chitra Katha. Catherine Clément rend d'ailleurs hommage aux bandes-dessinées qu'elles a vues sur ce thème en Inde ; il est très-vraisemblable qu'elle fait entre autres référence aux ACK.

Comme il pleut et que je ne peux donc pas faire de photographies, je ne fais d'abord qu'un rapide repérage du site. Le premier temple que je vois est le Sringar Chowri, dont le pourtour est richement sculpté. Je marche un peu près du palais Rana Kumbha d'où j'aperçois deux superbes temples en pierre. Le plus grand est le Kumbha Shyam, manifestement vishnouïste (Vishnu est représenté plusieurs fois avec la conque et le disque et une statue de l'aigle Garuda, sa monture, se dresse à l'entrée du temple). Près de là, un temple dédié à Krishna : c'est le temple que le rana époux de Mirabaï construisit pour elle. Selon la légende, suite à une plaisanterie de sa mère, elle considérait Krishna comme son époux et ne voulait en aucun cas abandonner sa pratique de l'adoration de cette divinité ; la rana aurait construit ce temple afin qu'elle y puisse adorer le joueur de flûte.

Non loin de là, une haute tour, la tour de la Victoire (Jaya Stambha) au voisinage de laquelle se trouvent plusieurs temples. L'un deux comporte en son sanctuaire une version shivaïte de la Trimurti.

Je redescends à pieds en marchant sur le chemin de pierres des remparts plutôt que sur la route en contrebas, passant porte après porte. Par certaines ouvertures, on peut apprécier la vue sur la vieille ville où, à ma grande surprise, la couleur bleue domine.

Je mange un infect Navratan Korma au restaurant de l'hôtel Pratap Palace (un bâtiment à l'architecture tape-à-l'œil). Rarement mangé quelque chose d'aussi mauvais. Service exécrable (le serveur qui pense avoir assez de mémoire pour se dispenser de prendre note de la commande ; oubli de mon riz, à la limite tant mieux). Peu de restaurants semblent réaliser le Navratan Korma aussi bien que le fait le restaurant Punjabi Rasoi à Amrisar...

Vendredi, je suis retourné au fort de Chittorgarh. J'ai visié le palais Rana Kumbha, qui est en ruines. Pour y accéder, je n'ai pas trouvé mieux que de passer par un escalier dont les marches, de longueurs inégales, n'étaient acrochée que par un côté à un mur. J'ai continué vers le Nord où se trouve un village au cœur duquel se dressent quelques temples hindous anciens dédiés à Vishnu, Shiva ou la déesse. On reconnaît le caractère vishnouïste aux représentations de Vishnu paré de ses attributs et à celles de ses avatars (ici Varaha le sanglier, là Narasimh l'homme-lion, tous deux particulièrement faciles à reconnaître). Dans les temples de Shiva, un lingam-yoni se dresse au centre, protégé par le buffle Nandi qui se tient à l'extérieur ou au milieu du temple.

Encore plus au Nord, le palais de Ratan Singh II (XVIe siècle) se trouve près d'un lac. L'instigateur n'est pas le même Ratan-Sen (sic) que dans l'opéra-ballet de Roussel ; je n'ai vu la mention II qu'une fois arrivé sur place. Un groupe de garçons et filles à motos voulaient absolument me faire monter ; je n'avais pas encore visité le palais. Je suis revenu vers l'entrée où j'ai visité le superbe temple jaïn Shvetambar (XIe siècle), qui n'est curieusement pas mentionné dans le guide Lonely Planet (les pages sur Chittorgarh et en particulier la carte comportent plusieurs erreurs).

J'ai ensuite pris un chemin vers la face Est du fort (celui-ci est allongé dans la direction Nord-Sud et on entre par l'Ouest). Se dresse alors la Kirti Stambha, une tour jaïne du XIVe siècle auprès de laquelle se trouve un temple jaïn dédié à Adinath.

Un peu plus au Sud, un temple hindou (et non jaïn) peu intéressant : le Nilakantha Mahadev (deux noms de Shiva). Puis, un groupe de deux temples dédiés à Vishnu et à Lakshmi et un autre dont la partie supérieure s'est effondrée représenterait la Trimurti.

Plus au Sud, des garçons s'amusent à plonger dans un bassin, puis vient le temple Kalika Mata et enfin le palais de Padmini, depuis lequel on peut voir un pavillon au-milieu du bassin voisin.

Je suis retourné près de la Tour de la Victoire au sommet de laquelle je suis monté et suis retourné au temple de Mirabaï avant de rentrer en rickshaw collectif. J'aurais probablement pu négocier un meilleur prix, mais je commençais à fatiguer ; en effet, à l'intérieur du fort, il y a très peu de possibilités de manger et de boire ; j'ai dû me contenter d'une sorte de sandwich frit.

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