Weblog de Joël Riou

« Encore un peu de bharatanatyam | Deux informations recuellies dans le journal »

Rameshwaram

2009-02-16 13:42+0530 (சென்னை) — Voyage en Inde VI

Samedi matin, je suis arrivé à Rameshwaram par le train de nuit. J'ai voyagé en SL ; Yashonidhi, un post-doctorant indien qui m'accompagne, n'a pas trouvé de place ailleurs qu'en 3AC. De ce fait, il n'a pas pu profiter de la vue sur le pont Indira Gandhi qui relie le continent à l'île de Rameshwaram. Le temple dédié à Shiva est le monument principal. Son gopuram d'une cinquantaine de mètres de haut doit être en cours de réfection, puisqu'il est recouvert de feuilles tissées, cachant probablement un échafaudage. Le culte de Shiva peut sembler étonnant dans ce lieu censément lié à Rama, l'avatar de Vishnu dont les exploits sont relatés dans le Ramayana. En fait, il aurait adoré Shiva en ce lieu en revenant de Lanka.

Du temple, les guides touristiques vantent les immenses corridors. Certes, ils sont très longs, mais les piliers ont l'air d'être en ciment et très peu d'entre eux sont sculptés. Je n'ai reconnu qu'un Rama brisant l'arc de Shiva. Tout autour, dans un réseau un peu labyrinthique s'organisent vingt-deux tirthas : des puits ou des bassins contenant de l'eau sacrée dont les pélerins sont arrosés abondamment. Un d'entre eux se trouvait près d'un bassin recouvert de lotus roses (non éclos). Le dernier, le Kodi tirtha, aurait la vertu qu'une aspersion de son eau équivaudrait à une baignade dans les eaux de la Ganga à Kashi (Varanasi). Mon pantalon était complètement trempé après ces rites, mais par ces températures, tout sèche vite.

Bien que cela soit défendu pour les méta-agnostiques, je suis entré non sans éprouver quelque culpabilité dans la partie en principe réservée aux hindous ; personne n'a eu l'air de s'en soucier, même au moment du darshan avec le lingam de Shiva. Sur le côté, des panneaux mal éclairés présentent les légendes à l'origine du temple. En suivant ces chemins, il est difficile d'éviter d'avoir à se défaire de temps en temps de quelques roupies. En sortant, nous sommes passés dans un couloir où étaient disposés des idoles dorées.

Le soir, pour le coucher du Soleil, nous sommes allés au Nord de la ville, au temple Gandamadana Parvatham, d'où on a une assez belle vue sur les environs. Le temple contient les empreintes putatives des pieds de Rama. J'ai goûté au jus de canne à sucre frais. Plus tard, après le dîner, j'ai goûté le badam milk, une mixture faite de lait chaud et d'amande.

Hier, nous sommes partis tôt en direction du temple pour attendre un bus pour Dhanushkodi (qui est au passage le lieu de naissance d'Abdul Kalam, le précédent président de l'Inde). Le bus numéro 3 passait et repassait, mais il n'était pas encore en service normal ; certains disaient qu'il emmenait des enfants à l'école. Un mariage annoncé par des panneaux publicitaires se tenait en face de l'arrêt de bus. La mariée essayait d'accrocher des guirlandes de fleurs au marié, chacun étant assis sur les épaules d'un comparse. Vers 8h30, le bus est enfin parti. Depuis Dhanushkodi, une piste part pour le point le plus à l'Est de l'île, tout près du Sri Lanka.

Le chemin fait environ dix kilomètres. Tania, une artiste allemande vivant en Angleterre est contente de trouver de la compagnie pour faire le trajet à pieds ; elle a renoncé à le faire la veille à cause du Soleil après avoir fait la moitié du chemin. On croise des jeeps et des petits camions. La chaleur est importante et le Soleil tape dur. Nous passons à côté d'une église bleue fermée. Plus loin, une église délabrée. On nous invite à entrer dans une autre, afghane, dont le toit est fait de tôle ondulée ; elle sert surtout d'école. On nous dissuade de poursuivre à pieds, mais nous décidons de continuer ; on n'allait pas s'arrêter si près du but.

Nous y arrivons enfin. Le bleu du ciel se distingue du bleu de la mer brillante. Pendant que Yashonidhi nage, que Tania cherche des coquillages, je trempe mes pieds dans l'eau et fais quelques photographies.

Un drôle d'engin attire l'attention de Tania. On ne l'a pas vu venir. Il s'agit en fait d'un aéroglisseur des gardes-côtes, aussi habile sur mer que sur sable comme nous allons bientôt avoir l'occasion de le vérifier, du fait d'une opération qui sera surtout une démonstration de force.

Pour rentrer, nous décidons d'utiliser les moyens de transport motorisés qui ont fait leur apparition : deux jeeps, un camion. Nous montons dans le camion. Je suis le plus téméraire des trois : je réponds favorablement à l'invitation qui m'est faite de monter sur le toit du camion. On peut s'accrocher à des cordages pour ne pas tomber. La piste est mauvaise. Le plus commode est de s'asseoir perpendiculairement au sens de la marche et de tenir une corde dans chaque main.

Alors que je trônais seul sur le toit et que nous partions, l'aéroglisseur des gardes-côtes est venu dans notre direction, nous contraignant même à faire marche arrière. D'en haut, c'était assez spectaculaire, mais complètement futile. Ils ont fait un mini-débarquement en plantant une échelle dans le sable. Ceux qui avaient un appareil-photo ou un téléphone portable ostensible ont été priés de monter à bord, suspectés de terrorisme (le mot a vraiment été prononcé par les gardes-côtes) ; le mien étant au fond de mon sac, je n'ai pas été importuné. Il y avait lieu de s'inquiéter du sort des deux malheureux terroristes présumés quand l'échelle a été remontée. Finalement, au bout d'un quart d'heure, ils ont été relachés, sans avoir préalablement été amochés. La camion a pu repartir et l'aéroglisseur est allé patrouiller en mer. Les autorités de ce pays semblent très tendues à propos des images des lieux sensibles, cela n'arrive pas que dans les romans.

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