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2013-08-13 21:03+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
La solution la plus économique pour me rendre à Salzburg était de prendre l'avion pour Munich puis le train. La ville m'a beaucoup plu. On y trouve des hôtels et des restaurants à des prix tout à fait raisonnables. Je ne suis pas allé dans des grands restaurants, mais vu la qualité de ce que j'ai mangé dans certaines échoppes, je crois pouvoir dire qu'on mange bien dans cette ville. La gare de Munich (Hauptbahnhof), avec ses nombreux petits restaurants et stands, est particulièrement impressionnante de ce point de vue là.
Pour ce qui est du tourisme, la perspective d'assister à des opéras depuis des places debout ne m'a pas incité à faire de longues marches. Je me suis contenté de la Maximiliamstraße :
Regierung von Oberbayern, Munich
Le seul monument pour lequel j'aie pris un billet payant a été la Résidence de Munich, située tout près de l'Opéra d'État de Bavière. Je n'ai pas pu visiter qu'un nombre limité des salles, sans que je comprenne très bien si les autres étaient en travaux ou si leur accès était fermé en fin de journée (j'étais pourtant entré deux heures avant la fermeture). L'endroit est sidérant de beauté. J'avais hésité à prendre un billet combiné pour le Trésor, mais je ne l'ai pas regretté, parce que je n'ai jamais vu autant d'objets aussi richement ouvragés, même dans les palais et temples les plus extravagants de l'Inde !
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Bayerische Staatsoper, Munich — 2013-07-26
Alexander Tsymbalyuk, Boris Godunow
Yulia Sokolik, Fjodor
Anna Virovlansky, Xenia
Heike Grötzinger, Xenias Amme
Gerhard Siegel, Fürst Schuiskij
Igor Golovatenko, Andrej Schtschelkalow
Anatoli Kotscherga, Pimen
Sergey Skorokhodov, Grigorij Otrepjew
Vladimir Matorin, Warlaam
Ulrich Reß, Missaïl
Margarita Nekrasova, Schenkwirtin
Kevin Conners, Gottesnarr
Goran Jurić, Nikititsch
Joshua Stewart, Leibbojar
Tareq Nazmi, Mitjucha
Christian Rieger, Hauptmann der Streifenwache
Kent Nagano, direction musicale
Calixto Bieito, mise en scène
Rebecca Ringst, décors
Ingo Krügler, costumes
Michael Bauer, lumières
Sören Eckhoff, chef des chœurs
Andrea Schönhofer, dramaturgie
Bayerisches Staatsorchester
Chor, Extrachor der Bayerischen Staatsorchester
Kinderchor der Bayerischen Staatsorchester
Statisterie der Bayerischen Staatsorchester
Boris Godunow, Oper in vier Teilen (7 Bilder), Erste Fassung „Ur-Boris“, Moussorgsky.
Quelques jours avant de venir à Munich, j'avais revu avec plaisir La Flûte enchantée mise en scène par Peter Brook, une production que j'avais beaucoup aimée en 2010 et dont les décors se réduisent à quelques tiges de bambous. Le lendemain, je verrai à Salzburg une production très traditionnelle de Lucio Silla, puis une production un peu moins traditionnelle de Falstaff. Ces mises en scènes représentent des styles très variés, mais pour le lyricomane parisien, le travail de Calixto Bieito est encore au-delà, en dehors du monde connu. Visuellement, ça décoiffe, mais la production ne m'a pas franchement convaincu.
De même que La Khovantchina programmée au début de l'année 2013 à l'Opéra Bastille, Boris Godounov est un opéra de Moussorgsky sur un sujet historique. Comme l'a expliqué la dramaturge Andrea Schönhofer dans la présentation de l'opéra qui a été faite quelques dizaines de minutes avant le début de la réprésentation, on jouait la version d'origine „Ur-Boris“, en sept scènes, resserrée autour du personnage de Boris Godounov (mais dans laquelle l'usurpateur Grigori apparaît dans deux scènes consécutives pour ne plus revenir, me donnant une impression de l'ensemble comme étant une suite de tableaux dans lesquels je ne saisis pas la cohérence). Le synopsis de l'opéra a été rappelé lors de cette présentation. Je l'avais parcouru avant de venir (sans saisir complètement quelles scènes seraient omises dans cette version). Pendant la représentation, un placement pas idéal à une place debout, la fatigue de cette station, la difficulté à apercevoir les surtitres (et à les comprendre, le cas échéant), toutes ces conditions d'écoute ne favorisaient pas ma compréhension de ce qui se passait. Le moins que je puisse dire est que la mise en scène n'était pas de nature à m'aider. C'est anecdotique, mais par exemple un personnage de garçon a été doublement travesti (rôle masculin interprété par une femme portant des vêtements féminins) et l'interprête du rôle principal change radicalement de coiffure pour la scène finale (et du coup, avec le cerveau ramolli par la chaleur, je ne l'ai pas reconnu ; enfin, si, j'ai bien compris que c'était Boris Godounov, mais je me demandais rétrospectivement où il s'était caché dans les scènes précédentes). Parmi les images intéressantes, je retiens néanmoins la représentation de la manipulation de la foule, qui après avoir brandi des panneaux à l'effigie de Poutine, Sarkozy et d'autres se met à soutenir Godounov.
Alors que j'avais beaucoup aimé La Khovantchina, principalement en raison des magnifiques chœurs, je n'ai pas été émerveillé par la musique. Si certains passages et quelques thèmes récurrents sont saisissants ou beaux (comme le solo introductif du cor anglais), la musique m'a paru assez statique, comme une atmosphère se développant dans un lent surplace. Dans cet opéra, si l'on fait exception de quelques moments fugitifs, le chant en russe m'a paru assez peu gracieux.
J'ai presque regretté d'avoir pris une place payante pour cet opéra que j'ai vu dans de mauvaises conditions, puisque j'aurais pu y assister peut-être pas confortablement, mais néanmoins assis sur la Max-Joseph-Platz où la représentation était diffusée sur grand écran dans le cadre de l'opération Oper für alle. Ceci dit, rien ne remplace le spectacle vivant...
Les chanteurs et le chef sont venus saluer ce public nombreux en descendant sur les marches de l'Opéra :
Il est possible de visionner cette production sur le site de la Radio bavaroise.
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Cuviliés-Theater, Munich — 2013-07-30
Schumann Quartett (München)
Barbara Burgdorf, violon
Traudi Pauer, violon
Stephan Finkentey, alto
Olivier Göske, violoncelle
Quatuor à cordes nº9 en ré mineur, op. 34 nº2 (Dvořák)
Quatuor à cordes nº1 en ré majeur, op. 25 (Britten)
Quatuor à cordes nº3 en si bémol majeur, op. 67 (Brahms)
Ce concert de musique de chambre avait lieu dans le Cuviliés-Theater,
qui appartient au vaste ensemble de bâtiments constituant la Résidence. Il
peut d'ailleurs se visiter pendant la journée. Cela dit, la meilleure façon
de visiter une salle de spectacles est d'aller, justement, y assister à un
spectacle. J'ignore pourquoi le site Internet de l'Opéra de Bavière ne m'a
pas proposé d'imprimer moi-même mon billet. Je ne savais pas très bien où
le récupérer, alors je suis allé à tout hasard à la billeterie de l'Opéra.
Habitué aux habitudes françaises, en demandant à la guichetière si je
pouvais retirer mon billet, je m'attendais à me faire réprimander, mais
j'entendis quelque chose comme Ja, natürlich!
. J'en profitais pour
lui demander par où on entrait au Cuviliés-Theater. En passant par
l'Odeonplatz, après avoir marché dans une grande allée, devant le plus
grand trompe-l'œil que j'aie vue, puis contourné l'entrée vers une grande
cour où aurait lieu simultanément un concert en plein air, j'ai pu accéder
à un couloir donnant accès au foyer du Théâtre, apparemment plus grand que
la salle elle-même ! C'est un charmant petit théâtre à l'italienne :
Bien qu'excentré, mon placement me permet de voir tous les musiciens
alors que la japonaise assise en première partie à côté de moi ne voyait
strictement rien (elle est partie à l'entr'acte, alors qu'elle prétendait
préférer sa place just for hearing
à la place vacante au premier
rang de la loge que je lui suggérais d'occuper...).
Tous les musiciens de ce quatuor Schumann (München) à l'exception du violoncelliste appartiennent à l'Orchestre de l'Opéra d'État de Bavière et sont chefs de pupitres des premiers violons, des seconds et des altos. Je n'ai été que moyennement convaincu par l'interprétation du quatuor de Dvořák, notamment à cause des pizz. tous pareils du violoncelliste dans le troisième mouvement. Après l'entr'acte, j'ai apprécié le quatuor de Brahms (avec une très belle présence de l'alto dans les deux derniers mouvements), mais c'était sans commune mesure avec le plaisir que m'a procuré le quatuor nº1 de Britten, joué avec beaucoup d'engagement par les musiciens. C'est la présence de ce compositeur au programme qui m'avait décidé à acheter une place pour ce concert. Je m'attendais à ce que cela soit bien, mais pas que mon plaisir fût à ce point élevé que la petite demi-heure aura été pour moi très largement le point culminant émotionnel de l'ensemble des concerts auxquels j'ai assisté pendant cette semaine à Munich et Salzburg.
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Bayerische Staatsoper, Munich — 2013-07-31
Thomas Hampson, Amfortas
Ante Jerkunica, Titurel
Kwangchul Youn, Gurnemanz
Christopher Ventris, Parsifal
Evgeny Nikitin, Klingsor
Petra Lang, Kundry
Kevin Conners, Erster Gralsritter
Tareq Nazmi, Zweiter Gralsritter
Solist der Tölzer Knabenchors, Erster Knappe
Solist der Tölzer Knabenchors, Zweiter Knappe
Ulrich Reß, Dritter Knappe
Kenneth Roberson, Vierter Knappe
Anna Virovlansky, Golda Schultz, Tara Erraught, Evgeniya Sotnikova, Angela Brower, Heike Grötzinger, Klingsors Zaubermädchen
Kent Nagano, direction musicale
Peter Konwitschny, mise en scène
Johannes Leiacker, décors et costumes
Peter Halbsgrut, lumières
Werner Hintze, dramaturgie
Sören Eckhoff, chef des chœurs
Bayerisches Staatsorchester
Chor und Kinderchor der Bayerischen Staatsorchester
Parsifal, Wagner
On pourra voir sur la photographie ci-dessous que je ne voyais vraiment pas grand'chose de la scène depuis ma place debout, même si quelques abandons de spectateurs au premier entr'acte m'ont permis de me recentrer un peu :
À part quelques détails parmi lesquels la mutilation visible de Klingsor ou la scène des filles-fleurs, c'est donc comme si je n'avais rien vu de ce Parsifal ! L'orchestre m'a plu, comme il y a deux ans, surtout dans les deux derniers actes, mais mon plaisir d'auditeur n'a pas été aussi grand qu'avec l'Orchestre de la Radio hongroise et ses extraordinaires contrebasses entendues un mois plus tôt à Budapest. À part un Amfortas pas au meilleur de sa forme (Thomas Hampson), la distribution est très solide. Dans le rôle de Gurnemanz dans lequel Matti Salminen était un peu limite à Budapest, Kwangchul Youn est absolument ma-gni-fique.
Mon placement ne m'a pas permis d'apprécier véritablement la mise en scène de Peter Konwitschny, mais j'ai été néanmoins ému par l'image de colombe blanche descendue des cintres à la fin de l'opéra. Le moment le plus émouvant de cette représentation fut toutefois l'adieu très chaleureux du public munichois à Kent Nagano, qui quitte son poste de chef d'orchestre principal.
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