« La Sylphide à l'Opéra Garnier | Trois jours au festival de Salzburg »
2013-07-25 15:17+0200 (Orsay) — Culture — Musique
J'ai passé le week-end dernier à Montpellier pour assister à quelques concerts du Festival de Radio France. J'en ressors très satisfait du déplacement.
idZinc, Paris-Montpellier — 2013-07-20
Sacha Pillois
De façon inattendue, mon premier concert du week-end a été dans le train
Paris-Montpellier. Le chanteur Sacha Pillois et quelques musiciens
l'accompagnant jouaient en effet au bar du train (idZinc
). Malgré
les coupures de jus de la sonorisation (eh oui, même dans un espace aussi
exigu, il faut de la sonorisation, sinon la basse et la guitare ne
produisent aucun son), le moment fut agréable, notamment grâce aux solos du
trompettiste.
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Salle Pasteur, Le Corum, Montpellier — 2013-07-20
Michael Barenboim, violon
Natalia Pegarkova, piano
Sonate pour violon et piano en la bémol mineur, Janáček
Duo conternant pour violon et piano, Stravinski
Sonate pour violon et piano en mi mineur, op. 82, Elgar
Salut d'amour, Elgar
Mon deuxième concert de samedi était un concert de musique de chambre ayant lieu dans la salle Pasteur du Corum. Les sièges, que dis-je, les fauteuils de cette salle sont extrêmement confortables. Alors que la jauge est d'environ 750 places, la salle est presque pleine. Certes, le concert était gratuit, mais je ne m'attendais pas à ce que le public montpelliérain vînt aussi nombreux à un concert de musique de chambre. D'ailleurs, ce public est semble-t-il plus attentif que le public parisien... Il est aussi à noter qu'il n'y eut aucun applaudissement intempestif entre les mouvements des œuvres.
Les deux jeunes musiciens sont le violoniste Michael Barenboim (fils de Daniel Barenboim) et son épouse, la pianiste Natalia Pegarkova. La première œuvre au programme est la sonate pour violon et piano de Janáček que j'avais déjà entendue en 2012 par David Grimal et Alain Planès au cours d'un mémorable concert. J'ai joyeusement détesté leur interprétation du premier mouvement. Et puis, dans les trois mouvements suivants, les musiciens, plus à l'aise, m'ont paru bien plus convaincants.
L'œuvre suivante, le Duo concertant de Stravinski, fut pour moi
une très belle découverte. Pourtant, mon a priori était plutôt négatif
puisque le compositeur se réfère à l'Antiquité dans les titres de certains
mouvements (Églogue
) et le programme du concert le cite ainsi :
Le thème que je m'étais proposé évolue au long de cinq mouvements qui
forment un tout intégral et, pour ainsi dire, un parallèle musical de
l'antique poésie pastorale
. À l'écoute, je n'ai pas vraiment eu
l'impression d'encore une œuvre archaïsante, bien au contraire !
En revanche, pendant la sonate d'Elgar, le confort douillet de mon fauteuil a complètement éclipsé mon intérêt musical...
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Cathédrale Saint-Pierre, Montpellier — 2013-07-20
Maîtrise de Radio France
Les Musiciens de Saint-Julien
François Lazarevitch, direction, flûtes, cornemuses
Simone Sorini, ténor et luth
Angélique Mauillon, harpe
Nicolas Sansarlat, vièle à archet, rebec, bombarde à clef
François Joubert-Caillet, vièle à archet
Enea Sorini, baryton et percussions
Sofi Jeannin, direction
Le Livre Vermeil de Montserrat / Cantigas de Santa Maria
O virgo splendens
Stella splendens
Laudemus Virginem
Cantiga 302 : A Madre de Jhesu-Cristo
Cantiga 113 : Por razon tenuo d'abedecer
Imperayritz de la ciutat joyosa
Cuncti simus concanentes
Mariam, matrem birginem, attolite
Cantiga 57 : Mui grandes noit e dia
Los set gotxs
Cantiga 48 : Tanto son da Groriosa
Polorum Regina
Ad mortem festinamus
Mon troisième concert du dimanche a eu lieu dans la cathédrale Saint-Pierre. La musique chantée par la Maîtrise de Radio France dirigée par Sofi Jeannin est centrée sur Le Livre Vermeil de Montserrat, un ouvrage du XIVe siècle contenant quelques compositions musicales. À ces morceaux ont été associés des Cantigas mariaux.
Les premières minutes du concert m'ont paru merveilleuses. Les jeunes chanteurs précédés de la chef sont arrivés par l'arrière de la cathédrale et se sont placés dans les allées, tout près de l'endroit reculé où je me trouvais. Ils ont commencé à chanter O virgo splendens (sans accompagnement instrumental). La superposition des voix alors toutes proches de mes oreilles était vraiment ma-gni-fique. Quand les chanteurs se sont avancés vers la scène et ont chanté les autres chœurs (accompagnés ou non des musiciens), mon plaisir a beaucoup baissé. Ce n'est pas la faute des interprètes, mais l'acoustique de la salle qui était somptueuse pendant le premier chœur est devenue nettement moins favorable quand les chanteurs ont pris place à l'autre extrémité de l'église... Sans être insupportable, l'acoustique réverbérante a comme passé au mixeur le délicieux mille-feuille vocal. Le problème se posait aussi avec les instruments tous plus originaux les uns que les autres qui étaient utilisés (une mention spéciale pour la double flûte utilisée par François Lazarevitch).
Bref, ce ne fut qu'un plutôt bon moment à passer alors cela aurait pu être pour moi un concert extraordinaire si mes sensations pendant le O virgo splendens s'étaient maintenues jusqu'au bout. Parmi les numéros musicaux, malgré les conditions d'écoute peu favorables, je retiens néanmoins le très beau Polorum Regina.
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Opéra Berlioz, Le Corum, Montpellier — 2013-07-21
Orchestre national de France
Bernard Haitink, direction
Concerto pour orchestre, BB 123 (Bartók)
Symphonie nº3 Héroïque
(Beethoven)
Ce concert de l'Orchestre national de France dirigé par Bernard Haitink était la raison principale de ma venue à Montpellier. J'avais réservé pour la modique somme de 10€ une place dans une sixième loge de face de l'Opéra Berlioz, la grande salle du Corum. Ce type de places est à déconseiller aux personnes sujettes aux vertiges.
Le Concerto pour orchestre de Bartók joué en première partie de concert n'a pas été aussi fantastique que celui de l'orchestre symphonique des chemins de fers hongrois, mais il n'a en rien manqué de fougue. Dans ce domaine, une musicienne se distingue, même vue depuis mon haut poste d'observation : la contrebassiste solo, déjà repérée lors d'un précédent concert. Les passages faisant penser à la musique populaire étaient aussi très convaincants.
Après l'entr'acte, l'orchestre a joué superbement la Troisième symphonie “Héroïque” de Beethoven que j'avais pas entendue en concert depuis cinq ans. L'interprétation du premier mouvement m'a immédiatement paru particulièrement remarquable. Les cordes assumant parfaitement de jouer avec un son un peu rugueux, les musiciens avaient conservé la même fougue qu'ils avaient dans le finale du Concerto de Bartók. Je n'ai plus quitté ce petit nuage sur lequel m'a transporté cette musique et parmi d'autres réjouissances, je me suis délecté des crescendos parfaitement négociés et de détails insoupçonnés de cette symphonie.
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Salle Pasteur, Le Corum, Montpellier — 2013-07-22
Narek Hakhnazaryan, violoncelle
Marianna Shirinyan, piano
Fantasiestücke pour violoncelle et piano, op. 73, Schumann
Élégie pour violoncelle et piano en ut mineur, op. 24, Fauré
Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, op. 24, Chostakovitch
Lamentatio pour violoncelle solo, Giovanni Sollima
Nocturne pour violoncelle et piano en ut dièse mineur, op. 19 nº4, Tchaikovski
Pezzo capriccioso pour violoncelle et piano en si mineur, op. 63, Tchaikovski
Variations sur une seule corde sur un thème de Rossini (Dal tuo stellato soglio, extrait de Mosè in Egitto), Paganini
Vocalise, Rachmaninov
Quel magnifique musicien que ce jeune violoncelliste Narek Hakhnazaryan ! Schumann n'était peut-être pas le meilleur choix de compositeur pour commencer le programme. En tout cas, après cet échauffement, il a fait preuve de l'étendue de son talent dans le reste du programme, au point de déclencher une standing ovation à l'issue du concert. L'œuvre la plus enthousiasmante, s'il ne devait y en avoir qu'une, a été pour moi la Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur de Chostakovitch dans laquelle j'ai autant aimé le jeu de la pianiste Marianna Shirinyan que celui du violoncelliste, dont la partie comportait des glissandos et des harmoniques, en particulier dans l'impressionnant deuxième mouvement !
La Lamentatio pour violoncelle solo du compositeur vivant Giovanni Sollima alternait des passages lents de lamentation accompagnés de la voix du musicien et des passages d'une virtosité extrême (beaucoup de pizz. de la main gauche).
J'ai beaucoup aimé aussi les variations pour une corde de Paganini sur un thème de Rossini. Dans cette transcription pour violoncelle jouée en bis, le musicien n'utilisait que la corde de la !
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