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2013-07-14 18:17+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2013-07-02
Pierre Lacotte, adaptation et chorégraphie
Jean-Madeleine Schneitzhoeffer, musique
Ludwig Wilhelm Maurer, musique du pas de trois de l'acte I
Adolphe Nourrit, livret
Marie-Claire Musson, décors d'après Pierre Ciceri
Michel Fresnay, costumes d'après Eugène Lami
Philippe Hui, direction musicale
Evgenia Obraztsova, La Sylphide
Mathias Heymann, James
Muriel Zusperreguy, Effie
Stéphane Phavorin, La Sorcière
Alexandre Gasse, Gurn
Natacha Gilles, La Mère d'Effie
Éléonore Guérineau, Allister Madin, Pas de deux des Écossais
Caroline Robert, Séverine Westermann, Lydie Vareilhes, Trois Sylphides
Ballet de l'Opéra
Orchestre de l'Opéra national de Paris
La Sylphide, ballet en deux actes d'après Philippe Taglioni
Avant cette série de représentations de La Sylphide à l'Opéra Garnier, je n'avais jamais vu ce ballet. J'avais cependant un a priori positif sur le travail du chorégraphe Pierre Lacotte grâce aux excellents souvenirs de sa version de Coppélia.
Le premier acte de sa Sylphide est le parfait représentant de
ce que j'apprécie le plus dans la danse classique, et dans la danse en
général ! Quel délicieux acte ! Cet acte est résolument narratif. La
narration est extrêmement lisible. Plutôt que de s'y insérer sans
transition, les danses du corps de ballet participent pleinement à cette
narration. À la fin de cet acte, James poursuit dans la forêt la Sylphide
qui vient de lui chiper sa bague de fiançailles. Il s'est laissé séduire
par cette créature aux ailes décorées d'une plume de paon alors qu'il était
sur le point de se marier avec Effie. La part narrative du deuxième acte
est beaucoup plus réduite. James offre à la Sylphide un voile qui a été
préparé par la sorcière. Comme l'indiquait la pantomime de la sorcière, ce
voile est censé faire perdre ses ailes à la Sylphide, ce qui doit la
rapprocher de James. Ce qu'il ne sait pas, c'est que ce voile lui fera
aussi perdre la vie. Pour le reste, il s'agit essentiellement d'un acte
blanc
évoquant sans réelle narration les sylphides en train de se
divertir joyeusement avec James jusqu'à ce qu'il commette l'irréparable.
Malgré la belle scénographie qui fait voler les sylphides dans les airs,
les qualités du corps de ballet et les variations virtuoses de James et de
la Sylphide, j'avoue m'être parfois ennuyé. J'ai eu l'occasion de voir
danser quatre interprètes différentes du rôle-titre (Evgenia Obraztsova,
Ludmila Pagliero, Amandine Albisson, Mélanie Hurel). Une seule de ces
quatre interprètes m'a ôté toute sensation d'ennui dans cet acte : c'est
Amandine Albisson, dont j'ai trouvé remarquable le travail sur l'expression
dans ce deuxième acte, autant dans les passages tendres et amoureux avec
James que dans la scène de sa mort, magnifiquement interprétée.
Evgenia Obraztsova, Mathias Heymann
Dans le premier acte, comment ne pas être ébloui par la danseuse Evgenia Obraztsova ! L'espiègle séduction de son personnage se traduit jusque dans les moindres mouvements de la ballerine du Bolchoï. Depuis son retour en avril dernier après une lourde blessure, Mathias Heymann semble avoir pris une autre dimension. Bien sûr, il est toujours aussi impressionnant dans ses sauts, mais il m'a aussi semblé très convaincant dans l'expression. Ils étaient associés dans l'émouvant pas de trois du premier acte à Muriel Zusperreguy (Effie), que j'ai trouvée formidable dans ce rôle. J'aimerais que cette première danseuse ait davantage de possibilité d'incarner de plus grands rôles... Un autre soir où elle était associée à Emmanuel Thibault, ils étaient tous les deux irrésistibles dans le pas de deux des Écossais !
Une partie importante de la narration repose sur le talent de l'interprète de la sorcière. Dans ce rôle, Stéphane Phavorin a encore une fois montré ses qualités dans la pantomime. Il a rendu la narration tellement claire que c'est comme s'il parlait. Il fera apparemment ses adieux à la scène de l'Opéra ce lundi 15 juillet...
S'agissant enfin de la musique de Jean Schneitzhoeffer, un compositeur dont je n'avais jamais entendu parler, j'avoue avoir pris un certain plaisir à l'écouter, et ce tout particulièrement le 11 juillet, un soir où le premier violon de l'orchestre dirigé par Philippe Hui était semble-t-il Éric Lacrouts. Certes, il y eut quelques couacs, mais à certains moments, les nuances de l'interprétation semblaient parfaitement en phase avec les interventions des personnages. Le cor et les vents (notamment la clarinette) étaient magnifiques. Si le prélude de La Sylphide m'a fait penser à un passage de la Symphonie pastorale de Beethoven, j'ai aussi aimé les numéros musicaux rappelant parfois le style de Rameau et plus souvent celui de Rossini.
Voici un lien vers mes autres photographies des saluts de la représentation du 2 juillet.
Ailleurs : Blog à petits pas, Danses avec la plume, Bella Figura.
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