« Manon à Bastille | La biennale de quatuors à cordes à la Cité de la Musique »
2012-01-18 01:36+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Théâtre des Bouffes du Nord — 2012-01-17
Nicolas Chesneau, piano
Jérôme Billy, Koudriach
José Canales, Tichon Kabanov
Mathilde Cardon, Glasa
Elena Gabouri, Kabanicha
Paul Gaugler, Boris
Douglas Henderson, Kouliguine
Michel Hermon, Saviol Dikoj
Kelly Hodson, Katia
Céline Laly, Varvara
André Engel, mise en scène
Irène Kudela, direction musicale et études linguistiques
Ruth Orthmann, collaboration artistique
Nicky Rieti, scénographie
Chantal De la Coste-Messelière, costumes
André Diot, création lumières
Pippo Gomez, création son
Guillaume Lepert, régisseur plateau
Gérard Caldas, Grégoire Boucheron, régisseur lumière
Romain Vuillet, régisseur son
Béatrice Boursier, Siegrid Petit-Imbert, couturières
Kátia Kabanová, version de chambre de l'opéra de Leoš Janáček
Je ne sais pas pourquoi Nicolas Joel, le directeur de l'Opéra de Paris avait eu l'idée saugrenue de remonter la production de Salomé mise en scène par André Engel. Cela ne donnait pas très envie d'aller voir d'autres spectacles de ce metteur en scène. Heureusement, j'avais alors déjà acheté ma place pour la première de Kátia Kabanová mise en scène par celui qui avait déjà été l'auteur d'une belle production d'un autre opéra de Janáček : Příhody Lišky Bystroušky.
En m'installant à la corbeille, je peux déjà voir que le décor s'inscrit parfaitement dans le lieu. Ce décor est une terrasse surélevée à laquelle on accède à l'avant par un petit escalier. Un autre escalier est situé à l'arrière (côté jardin). Une porte à l'arrière de la terrasse sert d'entrée pour les rendez-vous nocturnes. La terrasse a la même couleur noire que le sol du théâtre et les surfaces verticales du décor sont en rouge-Bouffes-du-Nord. (Comme j'ai aperçu David, il sera sans doute possible de voir quelques photographies chez lui.)
Quand le personnage de Kátia entre sur scène, on sait immédiatement comment elle se donnera la mort. Elle s'approche en effet dangereusement du parapet de la terasse. Elle répétera plusieurs fois ce mouvement. Que ce geste devienne une évidence permet de mieux distinguer les nombreuses annonces de la mort de l'héroïne qui se trouvent dans le texte. Il n'y a pas d'autre issue possible.
Si la récente superproduction Manon était dénuée de théâtre, cette mise en scène n'en manque pas ! Le tyrannique personnage de Kabanicha mène tout le monde. Amorphe, son fils Tichon obéit sans réfléchir. Elle flagelle son amant Saviol qui ne demande que ça. Quand Kátia est morte, elle s'empare de son alliance et la met à son doigt...
La scène de l'orage est accompagnée de sons enregistrés et d'éclairages qui se propagent dans tout le théâtre pour donner l'illusion de la survenue d'éclairs. Les ruines que Kouliguine et Koudriach explorent et éclairent de leurs lampes au début de ce troisième acte ne sont rien moins que le théâtre lui-même ! Avec le décor, c'est véritablement une production sur mesure pour les Bouffes du Nord !
Une autre originalité de la mise en scène est la façon dont se passe le récit que Kátia fait à son amie Varvara de son rêve d'un amour (qui s'oppose forcément à sa morale chrétienne). La scène devient pour ainsi dire un duo d'amour tant Kátia se comporte comme si Varvara était son amant.
Tout cela est fort bien mené, on ne s'ennuie pas une seconde et on est tout étonné que cela se termine si vite. Les chanteurs (et particulièrement l'interprète du rôle de Kátia : Kelly Hodson) m'ont fait une bonne impression. Par rapport à l'expérience semblable qu'avait été La Flûte enchantée de Peter Brook, s'agissant d'une musique que je connais beaucoup moins, et dont j'ai pourtant pu apprécier l'extrême beauté dans toute sa richesse orchestrale il y a un an à Garnier, la magie opère moins sur moi du fait de la réduction de la musique au piano seul.
Katia Kabanova sans le triste décor dont on l'avait affublée à Garnier, ouh que c'est tentant ! Si en plus tu dis que la réduction au piano passe bien, il faudrait que je trouve le courage d'aller jusqu'aux bouffes du Nord.
Le décor des Bouffes du Nord est très sobre ! On peut aimer, mais on peut détester aussi...
J'ai apprécié le jeu du pianiste, l'orchestration de Janáček est tellement superbe... Mais, tant pis, c'est un spectacle tellement plus vivant que ce qu'on voit à l'Opéra de Paris...
J'ai adoré ce spectacle qui tient le spectateur en haleine sans une minute de relâchement.
Les chanteurs sont excellents, surtout Katia si fragile, Varvara, solaire, sensuelle et mutine, Kabanicha, sinistre et autoritaire. Une vraie réussite à ne pas manquer !
@Grignotages : Normalement, P. et toi êtes de Bouffes du Nord lundi soir ! ;-)
(Janacek+Xavier Philliiips)
Oui, nous y serons (en avance, même, pour pouvoir récupérer les places). J'en profiterai peut-être pour réserver Katia Kabanova sans un supplément de 2 € par place... (Suis peut-être un peu rapia mais ça me payera mon rouleau de printemps ou ma part de flan pré-spectacle.)
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