« La donna del lago à Garnier (troisième) | Maljournalisme »
2010-07-10 00:50+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2010-07-09
Denis Levaillant, musique
Patrice Bart, chorégraphie et mise en scène (2003)
Martine Kahane, Patrice Bart, sujet
Ezio Toffolutti, décors
Sylvie Skinazi, costumes
Marion Hewlett, lumières
Claude de Vulpian, assistante du chorégraphe
Koen Kessels, direction musicale
Dorothée Gilbert, La petite danseuse
Ludmila Pagliero, La danseuse étoile
Mélanie Hurel, La mère de la petite danseuse
Mathieu Ganio, Le maître de ballet
Karl Paquette, L'abonné
Yann Bridard, L'homme en noir
Sabrina Mallem, La chanteuse de caf'conc'
Ballet de l'Opéra
Orchestre de l'Opéra national de Paris
La petite danseuse de Degas, ballet en deux parties
Dernier ballet de la saison à l'Opéra de Paris : La petite danseuse
de Degas de Patrice Bart. Cela raconte la vie de La
petite danseuse de quatorze ans, qui s'appelait Marie Van Goethem.
Le ballet mêle en fait des éléments de la vie de la danseuse et de ses deux
sœurs. Au début du ballet, la petite danseuse (Dorothée Gilbert) descend de
la vitrine où la statue est exposée. On voit ensuite différents épisodes de
sa vie : elle va à son cours de danse (le maître de ballet est interprété
par Mathieu Ganio), elle admire la danseuse étoile (Ludmila Pagliero) dont
elle essaie de suivre les pas, elle pose pour un peintre, elle tombe
amoureuse d'un abonné lors d'un bal à l'Opéra (Karl Paquette). C'est
difficilement compréhensible aujourd'hui, mais la mère de la petite
danseuse (Mélanie Hurel), habillée de noir, la suit partout. Dans la
deuxième partie, celle-ci se voit dans un miroir changée en femme prête
pour aller danser, ce qu'elle va faire avec sa fille au caf'conc'
où
une autre danseuse (Sabrina Mallem) tient l'affiche. Déçue par le
comportement de l'abonné, la petite danseuse vole son portefeuille, ce qui
lui vaut de finir en prison où elle voit paraître la danseuse étoile.
Finalement, déchue, elle se retrouve parmi les blanchisseuses. Pendant tous
ces épisodes, un homme en noir (Yann Bridard) suit la petite danseuse de
façon quelque peu menaçante. Il finit par la remettre dans la vitrine.
Pour l'œil, ce spectacle est superbe. Les lumières sont très bien pensées. Grâce à elles, les transformations d'un tableau à un autre s'opèrent comme par magie : un personnage est éclairé, le reste de la scène est dans l'obscurité et tout à coup, le voile est levé sur un nouveau décor. Les costumes sont aussi très beaux. Si les lumières créent des effets saisissants, la manière dont les décors sont conçus y contribue aussi. Pour partie, ce sont de hauts panneaux faits de plusieurs larges bandes d'une sorte de toile épaisse dont certaines peuvent être enroulées ou déroulées. Comme ces panneaux peuvent être déplacés, le décor représentant une rue peut se transformer très rapidement en une salle de répétition pour le ballet. Évidemment, on joue de l'Opéra à l'intérieur de l'Opéra. Pendant la scène du bal, le fond du décor reproduit le rideau de scène du Palais Garnier. Quand des danseuses viennent saluer sous les applaudissements de la salle, ce sont autant les danseuses que les personnages qu'elles interprètent qui viennent saluer.
Ce qui est gênant avec ce ballet et me fait avoir pourtant un avis mitigé, c'est qu'on a l'impression de voir un clip (d'un peu moins de deux heures). C'est très bien dansé (même quand la petite danseuse doit danser gauchement quand elle essaie de reproduire les pas de l'étoile !), c'est très beau à voir, c'est censé être narratif, mais je n'y ai vu qu'une succession de tableaux. La musique de Denis Levaillant m'a aussi un peu gêné. Là encore, même s'il est vrai que la reprise de certaines phrases musicales donne une cohérence à l'ensemble, des styles très différents de musique se succèdent, comme les tableaux. Dans l'ensemble, on dirait de la musique écrite pour le cinéma (il y a d'ailleurs des passages qui ne sont pas loin de ressembler à des parodies de musiques de films ou de séries). L'instrumentation et les techniques de jeu exigées des musiciens sont inhabituelles pour l'Opéra. Dans la fosse, on trouve ainsi un accordéon, un saxophone, des xylophones (et un piano). Les cordes ont un certain nombre de passages pizzicato et un assez impressionnnant numéro où les cordes sont frappées par le bois de l'archet. Cela dit, quand on accepte de regarder ce ballet comme un film ou une suite de clips, l'ensemble n'a rien de désagréable. Un autre élément déroutant de ce ballet est qu'à certains moments, la scène est un peu trop remplie : plusieurs choses se passent en même temps.
Le ballet comporte quelques moments de grâce. Celui que j'ai préféré intervient lors du tableau des blanchisseuses, où la petite danseuse et dix-huit autres blanchisseuses s'activent pour nettoyer des draps blancs. À un moment donné, les blanchisseuses tiennent deux par deux des draps blancs disposés en cercle (vu d'en haut, les draps forment les rayons d'une roue). Et là, Dorothée Gilbert entre dans la roue, tourne autour de l'axe, se jette successivement dans tous les draps jusqu'à devenir invisible.
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