« Armide au TCE | Les Enfants du paradis à Garnier »
2008-10-24 01:48+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Théâtre de la Ville — Place du Châtelet — 2008-10-23
Alain Platel, concept et mise en scène
Fabrizio Cassol, musique originale d'après La Passion selon saint Matthieu de J. S. Bach
Hildegard De Vuyst, dramaturgie
Kaat Dewindt, dramaturgie musicale
Peter De Blieck, scénographie
Claudine Grinwis Plaat Stultjes, costumes
Carlo Bourguignon, lumières
Kurt Lefevre, assistant lumières
Caroline Wagner, Michel Andina, son
Moha Zami, régie plateau
Elia Tass, Émile Josse, Hyo Seung Ye, Juliana Neves, Lisi Estarás, Louis-Clément Da Costa, Mathieu Desseigne Ravel, Quan Bui Ngoc, Romeu Runa, Rosalba Torres Guerrero, danse
Laura Claycomb, soprano
Maribeth Diggle, alto/mezzo
Serge Kakudji, contre-ténorj
Magic Malik, chant/flûte
Fabrizio Cassol, saxophone
Michel Hatzigeorgiou, fender bass, bouzouki
Stéphane Galland, tambours, percussions
Airelle Besson, trompette
Krassimir Sterev, accordéon
Michael Moser, violoncelle
Tcha Limberger, violon
Aka Moon
Pitié !
Une des qualités du Théâtre de la Ville est de proposer des prix très modérés, de sorte que l'on en a toujours pour son argent, que le spectacle plaise ou non. Pour 12€, j'aurai donc eu le privilège d'assister depuis le premier rang à un spectacle qui fait davantage rire que pleurer, mais vu le thème censément abordé, ce n'est pas un compliment.
C'est la troisième fois que j'assiste à un spectacle mettant en scène des œuvres de Bach. Ce spectacle était de loin le moins inspiré des trois. La musique de Fabrizio Cassol reprend, déforme et massacre la musique de la Passion selon saint Mathieu de J. S. Bach. Elle est interprétée par un groupe de huit musiciens situés en hauteur en arrière-scène, au cœur du décor Ikea. Le chant est assuré par la soprano Laura Claycomb (que j'avais déjà vue dans le rôle de Gilda), la mezzo-soprano Maribeth Diggle et l'étonnant contre-ténor Serge Kakudji. Des airs, des choraux et mêmes quelques récitatifs se succèdent. Certains sont adaptés de façon non grotesque, mais d'autres sont complètement dénaturés, comme Können Tränen meiner Wangen ou Mache dich, mein Herze, rein. Le plus vilain massacre est celui du chœur final Wir setzen uns mit Tränen nieder. Il est correctement interprété par l'ensemble jazz Aka Moon, mais au moment où s'attend à entendre le chant débutant de belles voix, on entend les dix danseurs gémir de grotesques onomatopées.
Les trois chanteurs ont des costumes noirs, sauf Serge Kakudji qui a un sweat à l'effigie d'un Jésus pourvu de marques sectaires vishnouïstes. Des pansements sur ses mains et pieds semblent figurer les stigmates de la crucifixion. La répartition des voix n'est pas très cohérente puisqu'on a entendu la mezzo-soprano chanter des phrases en principe chantées par Jésus.
Les dix danseurs forment un groupe étonnant. Certains passages sont assez impressionnants, comme le premier solo de type hip-hop. Les corps sont pincés, contorsionnés, s'utilisent les uns les autres de façon bien curieuse, jouissent, se font mal. Ce n'est pas désagréable, mais tout cela n'a pas fichtrement rapport avec l'histoire qu'ils sont réputés illustrer. En outre, je ne vois pas trop l'intérêt de céder à la trivialité qui consiste à faire voir le séant des danseurs.
Un vers de la Bible à été mis en scène de façon indiscutablement spectaculaire :
Matthieu 27:51 : Alors le voile du sanctuaire se déchira en deux, d'en haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent.
En effet, Laura Claycomb a empoigné une grande hache et en a frappé une table. Au moment précis de l'impact, plusieurs rangées de lumières se sont mises à bouger dangereusement au plafond.
Voilà, c'était Pitié ! d'Alain Platel. Ne pas y aller si on aime trop la musique de Bach pour la voir souffrir ; de toute façon, c'est déjà complet...
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