« Erreur sur l'alphabet | L'Orestie à l'Odéon »
2008-06-06 01:23+0200 (Orsay) — Culture — Opéra
Opéra Bastille — 2008-06-02
Giovanni Battista Parodi, Capellio
Anna Netrebko, Giulietta
Joyce DiDonato, Romeo
Matthew Polenzani, Tebaldo
Mikhail Petrenko, Lorenzo
Evelino Pidò, direction musicale
Robert Carsen, mise en scène
Michael Levine, décors et costumes
Davy Cunningham, lumières
Alessandro Di Stefano, chef des chœurs
Alessandro Galoppini, assistant à la direction musicale
Bernard Chabin, maître d'armes
Orchestre et chœurs de l'Opéra National de Paris
I Capuleti e i Montecchi, Vincenzo Bellini
À Vérone, deux groupes s'affrontent : les Guelfes et les Ghibellines. On s'y retrouve mieux si on oublie ces noms et qu'on les appelle respectivement Capulet et Montaigu. Un émissaire des Montaigu vient offrir la paix à Capellio en l'échange du mariage de Giulietta et Roméo. Bien entendu, les Capulet refusent ; Giulietta a déjà été promise à Tebaldo, qui a juré de venger la mort du frère de Giulietta que Roméo a tué au combat. En vérité, cet émissaire n'est autre que Roméo. Il rencontre Giulietta en cachette. Les noces de Tebaldo et de Giulietta, que Capellio a précipitées, sont interrompues par une attaque surprise des Montaigu. La bataille entre les deux clans va pouvoir éclater au moment de l'entr'acte.
Au deuxième acte, Lorenzo, le médecin et confident de Giulietta lui propose de feindre la mort en buvant un philtre. Elle finit par accepter. On l'enterre tandis que Tebaldo et Roméo se battent. Lorenzo ayant été découvert, Roméo n'a pas été averti du subterfuge. Quand il voit le corps sans vie de Giulietta, de désespoir, il avale un poison. Après que Giulietta s'est réveillée et a compris ce qui s'était passé, elle se donne elle aussi la mort.
⁂
J'ai assisté à une représentation de cet opéra de Bellini lundi dernier à l'Opéra Bastille. Avant que le spectacle commence, on pouvait voir des sabres plantés dans l'avant-scène. Je demandai alors à ma voisine si elle pensait qu'on allait avoir des scènes d'escrime. Si j'avais regardé de plus près la distribution, j'eusse vu qu'elle comprenait la mention d'un maître d'armes... Je n'ai pas été déçu.
Le décor manquait singulièrement de fantaisie : il était essentiellement formé de grands murs quadrillés en rouge. Un passage secret pour faire rentrer Roméo dans la chambre de Giulietta (avec un joli effet d'ombres chinoises portées sur le mur du milieu). Des costumes assez austères : le chœur des Capulet en rouge, Roméo en vert et noir sauf quand il est déguisé en Capulet, Giulietta en blanc, les Montaigu en bleu. J'ai trouvé la scène de l'église particulièrement réussie. Les rouges et les bleus ont commencé à se battre tout d'abord au ralenti avec leurs armes alors que les murs centraux tournaient avec le décor autour d'un axe, et puis le combat s'est fait de plus en plus spectaculaire.
Quelques détails m'ont fait tiquer dans cette mise en scène de Robert
Carsen. Après qu'elle s'est écroulée et que tout le monde l'imagine déjà
morte (certes pour de faux) depuis quelques secondes, pourquoi diable
Lorenzo remet-il sur pieds Giulietta pour finalement la laisser retomber et
mourir
à nouveau ? Pourquoi les missels ont-ils disparu à la fin des
combats ? Pourquoi donc faire se relever quelques secondes avant le tomber
du rideau les combattants que l'on imagine morts depuis le début de
l'acte ? Au sujet des lumières, pourquoi les avoir autant réduites lors du
deuxième acte ? Quand on va à l'Opéra ou au Théâtre, c'est pour voir des
artistes en pleine lumière, non ? Par moments, depuis le premier balcon,
même avec les jumelles, on n'y voyait goutte.
Dans cet opéra, l'action est très resserrée. Dans le programme, on peut lire un commentaire de Berlioz qui, après avoir vu cet opéra, se plaignit notamment de n'y avoir pas vu de nombreuses scènes de la pièce de Shakespeare. Trois moments forts : les airs de Giulietta lors de l'entrevue avec Roméo, ses airs avec Lorenzo et son père au début du deuxième acte, la scène finale. Bref, le rôle principal est celui de Giulietta, qui été interprétée lundi soir par Anna Netrebko qui fait ses débuts à l'Opéra de Paris avec cette production (enceinte de cinq mois, elle est remplacée pour quelques dates par Patricia Ciofi). Je n'ai pas été ému aux larmes par le grand air de Giulietta du premier acte. La version enregistrée par Natalie Dessay de cet air est nettement plus émouvante, mais je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai détesté la prestation d'Anna Netrebko.
Par la beauté et le nombre des airs, Giulietta est suivie de peu par le rôle de Roméo, qui a été écrit pour mezzo-soprano. Ce rôle a aussi été adapté pour ténor, comme sur l'enregistrement techniquement nul que j'ai (enregistré le 7 octobre 1967 à la Scala). Pour notre plus grand plaisir, ce rôle a été confié à Joyce DiDonato dont j'ai autant apprécié le chant que le jeu.
Pour d'autres critiques, voir chez Kozlika.
J'aurai pu écrire trait pour trait ton paragraphe sur les détails qui t'ont fait tiquer (en moins bien, bien sûr).
La mise en scène, ne m'a vraiment pas enthousiasmée.
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