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2005-12-03 02:31+0100 (Grigny)
Je ne sacrifierais pas ma peau pour défendre les gens qui estiment avoir le droit de télécharger ou de mettre en ligne des œuvres protégées. Cependant, la riposte des détenteurs de propriété intellectuelle semble procéder d'une dangereuse course à l'arme absolue.
Intermède ridicule pour tenter de vous décontracter avant d'aborder les mauvaises nouvelles : 工夫茶 interprété par Anxi Tié Guan Yin 4. Il s'agit d'un fichier au format libre Ogg Vorbis.
Le gouvernement français a décidé de faire passer en procédure d'urgence une loi interdisant au passage les logiciels permettant la diffusion d'œuvres protégées et n'incorporant pas de dispositifs DRM. Concernant ces logiciels, que l'on rende illégal de les utiliser pour échanger des œuvres protégées, c'est une chose, mais interdire ces logiciels en eux-mêmes, c'est absurde ; c'est un peu comme si on interdisait les marteaux parce qu'on peut s'en servir comme armes. Si les dispositions les plus liberticides du texte étaient adoptées, ce serait la fin des protocoles ouverts de communication sur Internet : pour lire cette page Web, votre navigateur utilise le protocole HTTP qui permet de diffuser tous types de documents : du texte, des images, des fichiers musicaux, etc. Faut-il interdire le Web parce que le Web permet en principe de diffuser œuvres protégées par le droit d'auteur (par ailleurs, même avec la meilleure bonne foi, il est pratiquement impossible de se mettre en règle pour le faire légalement, cf. La Sacem et les blogs, ou comment je suis devenu un pirate d'opérette, chez M le maudit).
Ce serait aussi la fin de toute une famille de logiciels libres puisqu'il est apparemment considéré qu'un tel logiciel ne saurait gérer convenablement les dispositifs DRM, qui reposent sur une recette (souvent simiesque) secrètement gardée par les concepteurs de ces systèmes (dits propriétaires), recette qui serait visible dans le code source de logiciels libres, à moins que ceux-ci n'utilisent un langage de programmation informatique sévèrement offusqué comme Unlambda (dont l'auteur avait d'ailleurs émis il y a quelques années l'idée selon laquelle il était possible, grâce à ce langage, d'incorporer à l'intérieur d'un logiciel dont le source serait public un petit bout de code incompréhensible et donc secret).
Bref, je trouve dangereux qu'en sacrifiant les logiciels libres, la Loi souhaite conférer à des intérêts privés la maîtrise totale sur les ordinateurs et les données qui y transitent. Verrons-nous des autodafés de disques d'artistes embrigadés aux côtés des grands méchants™ ?
En attendant, plus de détails sur le site de la FSF France, et une pétition contre le projet de loi.
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