Weblog de Joël Riou

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Gati Summer Dance Residency : six créations de danse contemporaine au Max Muller Bhavan

2014-08-04 15:19+0530 (ग्रेटर नोएडा) — Culture — Danse — Danses indiennes — Culture indienne — Voyage en Inde XIII — Photographies

Mardi dernier, je me suis rendu à l'autre bout de Delhi, dans le quartier de Malviya Nagar pour retirer une entrée (gratuite) pour la première représentation du spectacle All Warmed Up en clôture de la Gati Summer Dance Residency.

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Six danseurs-chorégraphes (cinq indiens, une sri-lankaise) ont travaillé pendant dix semaines avec d'autres artistes (comme Padmini Chettur) pour mettre au point une pièce de danse contemporaine. Pour me rendre sur place, j'ai suivi les indications précises de leur site, mais elles oubliaient de préciser que de quelque côté que l'on marche sur la Press Enclave Road, il faudrait souffrir la puanteur de tas d'ordures :

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Le chemin du retour m'a fait passer devant le mall Select CityWalk. Je déteste ces lieux où l'on chercherait en vain toute trace de civilisation :

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Aucun des restaurants ne m'a paru intéressant, agréable et à des prix raisonnables. Alors que j'allais sortir, je suis tombé sur une pâtisserie appelée L'Opéra. Il en existe plusieurs à Delhi. Les tarifs sont à peu près les mêmes qu'en France. Une expatriée m'a dit plus tard qu'ils faisaient du très bon pain. Le mille-feuilles et le macaron que j'y ai mangés m'ont rendu beaucoup moins enthousiaste...

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Siddharta Hall, Max Mueller Bhavan, Goethe-Institut, Delhi — 2014-07-31

Ghostape, son

Govind Singh Yadav, lumières

Riya Mandal, chorégraphie, danse, costume

unfold @ 70bpm (création)

Rajan Rathore, chorégraphie, danse, costume

Sasha Shetty, danse

parallel (création)

Venuri Perera, chorégraphie, danse, costume

traitriot (création)

Rachnika Gopal, chorégraphie, danse, costume

looking within without (création)

Avantika Bahl, chorégraphie, danse, costume

110048, M81 (création)

Mirra, chorégraphie, danse, costume

according to official sources... (création)

Je suis arrivé très en avance au Max Mueller Bhavan jeudi soir. Il pleuvait assez fort. Pas grand monde sachant me dire où se trouvait le Siddharta Hall, que j'aurais trouvé plus facilement si j'avais ignoré son nom. De toute façon, il n'ouvrira pas avant 19h. En attendant, je tourne en rond, je vois pour la première fois ici des toilettes messieurs signalées par Herren. Le petit monde de la danse contemporaine à Delhi arrive progressivement, se fait la bise, etc. Quand la porte ouvre enfin, je profite de la fraîcheur de l'air conditionné et m'installe dans la salle qui sera pleine à craquer avec 90 spectateurs environ. (La deuxième des trois représentations prévues était déjà complète au moment de cette première.)

La première pièce est interprétée par Riya Mandal. La musique est une pulsation régulière (70bpm) dans laquelle s'insinueront des subdivisions. La danseuse est d'abord assise et réalise des mouvements du visage plus ou moins grimaçants à 70 bpm. Le mouvement s'empare progressivement de tout son corps (comme dans un Alarippu) et elle abandonne aussi sa chaise. Les mouvements de mains plus ou moins indépendants sont particulièrement fascinants. Cette entrée en matière est à mon avis une réussite.

La deuxième pièce est le sommet de la soirée. Il s'agit d'un duo entre Rajan Rathore (hip-hop) et la danseuse de ballet Sasha Shetty (qui me dira ensuite qu'elle apprend cette danse avec une prof russe, mais que leurs spectacles annuels n'ont lieu qu'en avril...). La pièce commence par une course-poursuite en rond dans l'espace scénique, chacun maintenant en permanence son regard dirigé vers l'autre. Les mouvements des deux conserveront un parallélisme jusqu'au bout. Si leurs mouvements ne sont pas toujours symétriques, ils sont toutefois réglés sur la même rythmique. On verra ainsi parfois Sasha Shetty utiliser des postures de danse classique tandis que Rajan Rathore exécute des mouvements de hip-hop. Un des moments forts de la pièce a été celui où les deux danseurs se tenaient debouts, penchés, épaule contre épaule, ce contact rendant l'équilibre possible. Il résume aussi le sujet de la pièce allant d'une opposition à union harmonieuse entre les deux danseurs.

Les trois pièces suivantes m'ont moins passionné. Toutes ont eu un côté hypnotique, mais je n'ai pas très bien saisi le message. Dans Traitriot, Venuri Perera (Sri Lanka) utilise la répétition de suites de mouvements de façon assez dérangeante, mais le contenu politique revendiqué de la pièce ne me paraît pas très clair (quelle est cette musique qui retentit à la fin ? est-ce un hymne ?)

Après l'entr'acte, Rachnika Goyal interprète looking within without. Il s'agit d'une méditation, ou d'une introspection en surplace. Le poids de la danseuse est bien passé d'un pied à l'autre une ou deux fois au cours de la pièce, mais pour ainsi dire seul le haut du corps a bougé, et très lentement, au cours de la pièce. Le fil de pensée du personnage m'est resté assez mystérieux, comme si un mur empêchait toute communication... Je n'ai rien contre ce type de danse, qui doit constituer une expérience très intéressante et éprouvante pour la danseuse, mais la présence du public n'est-elle pas superflue ?

Je suis aussi passé à côté de 110048, M81 d'Avantila Bahl. Elle a commencé par marquer l'espace en traçant une diagonale avec un rouleau adhésif. Plus loin, elle représentera semble-t-il des jeux d'enfants, notamment des jeux avec un arc ? La pièce devait évoquer la notion de Home, mais comme elle l'a expliqué à la fin, ce n'est pas tellement un chez soi qu'elle cherchait, mais un en soi.

Le programme s'est terminé en feu d'artifice avec la jubilatoire performance de Mirra (Arun). Elle a tourné en dérision les médias dans cette pièce according to official sources.... L'interprète est apparue avec une multiprise enroulée autour du cou ! On se croirait dans un ballet de Mats Ek. Je ne suis pas certain d'avoir saisi toutes les paroles prononcées par Mirra dans cette pièce en raison de son accent prononcé, mais il était semble-t-il question d'une annonce journalistique d'un drame mettant en scène des moustiques. Selon les sources officielles, certains d'entre eux étaient indiens et d'autres étrangers. La phrase But where is the plane  (ou quelque chose d'approchant phonétiquement parlant) revenait comme leitmotiv entre deux développements de charabia et avant que What a wonderful world apparaisse dans la bande-son. On pourrait penser que cette pièce n'était que drôle (cet aspect culminant avec l'utilisation par l'artiste d'un spray anti-moustiques), mais Mirra est aussi une remarquable danseuse. Elle utilise certes son corps de façon peu orthodoxe, mais sa technique m'a beaucoup impressionné et cela a contribué à faire de cette pièce celle que j'aie préférée avec le duo parallel de Rajan Rathore.

À l'issue de la représentation, les danseurs se sont prêtés à une agréable discussion avec la partie du public qui voulait bien rester. Je suis plutôt très content d'avoir assisté à ce programme !

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