Weblog de Joël Riou

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The Suit aux Bouffes du Nord

2012-04-04 08:46+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Théâtre

Théâtre des Bouffes du Nord — 2012-04-03

Nonhlanhla Kheswa, Matilda

William Nadylam, Philemon

Jared McNeill

Arthur Astier, guitare

Raphaël Chambouvet, piano, accordéon

David Dupuis, trompette

Peter Brook, Marie-Hélène Estienne, Franck Krawczyk, adaptation, mise en scène et en musique

Philippe Vialatte, lumières

Oria Puppo, éléments scéniques et costumes

Rikki Henry, assistante à la mise en scène

Guillaume Lepert, régisseur plateau

The Suit, d'après Can Themba, Mothobi Mutloatse et Barney Simon

N'ayant découvert Peter Brook qu'assez récemment via son travail sur Le Mahābhārata (voir mon billet sur les films qu'il a réalisés ou mon résumé de l'épopée), je ne connaissais pas la pièce Le Costume. Je n'avais en effet jusqu'à hier soir vu que trois de ses précédents spectacles (Love is my sin d'après Shakespeare, Fragments de Beckett et Une Flûte enchantée). La pièce est adaptée de la nouvelle de Can Themba. Peter Brook, Marie-Hélène Estienne et Franck Krawczyk l'ont réadaptée pour cette nouvelle version en anglais dont la première avait lieu hier soir.

Le décor est fait de simples chaises colorées, de penderies, d'une table en bois. Les penderies auront de multiples usages comme les tiges de bambou verticales utilisées dans Une Flûte enchantée. Au fond de l'espace scénique, des tiges métalliques sont dressées, apparemment juste pour le clin d'œil.

La pièce met en scène trois comédiens et un figurant (non crédité). Les deux personnages principaux sont Philemon et Matilda, un couple de Noirs vivant à Sophiatown, près de Johannesbourg. Quand Philemon va découvrir que sa femme le trompe, l'amant aura fui en laissant son costume. La punition qu'il va infliger à sa femme sera de devoir supporter la présence de ce costume comme invité d'honneur permanent. Il sera leur compagnon lors des repas et promenades. Le troisième personnage est un ami de Philemon, celui par qui il a eu connaissance de l'inconstance de sa femme.

L'action est très rondement menée. Au bout de quelques minutes, on ne s'étonne plus de la manière dont les personnages insèrent dans le texte des dialogues des mots adressés aux spectateurs et à eux-mêmes révélant leur état d'esprit et les sentiments qu'ils éprouvent face aux différentes situations.

Avant de venir, j'avais bien vu que Franck Krawczyk participait à ce spectacle. Comme il avait réalisé l'adaptation de la partition pour Une Flûte enchantée qu'il avait interprétée certains jours, il était clair que la musique aurait sa place dans ce spectacle. En fait, c'est une très belle pièce de théâtre musical ! Sur la scène, trois musiciens ont pris place. Une guitare, une trompette, un accordéon (dont l'instrumentiste joue également sur un clavier de synthétiseur). La musique accompagne l'action. Parfois elle est en arrière-plan et rythmes les scènes. Parfois elle est décorative, le synthétiseur étant par exemple utilisé pour produire une sonnerie quand Philemon téléphone à son patron (blanc). Parfois la musique prend le dessus. Elle est constituée d'un étonnant assemblage de morceaux provenant de très diverses sources (classiques, sud-africaines, américaines, etc.). Pour ne mentionner que celles que j'ai reconnues, on entendra ainsi le piano jouer la valse du Beau Danube bleu. La guitare accompagnera la chanteuse-comédienne Nonhlanhla Kheswa dans la version de Jeux interdits chantée par Miriam Makeba : Forbidden Games. Elle chantera aussi Malaika, entre autres. Jared McNeill chantera pour sa part Strange fruit. D'après le programme, il y aurait également du Schubert (que je n'ai pas identifié précisément). Il peut sembler étonnant qu'on puisse arriver à monter une pièce de théâtre assez brève (environ 1h10) tout en incluant des musiques aussi diverses sans que l'assemblage paraisse hétéroclite. Pourtant, cette équipe y est parvenu et le résultat est bouleversant ! Que la pièce soit en anglais comme le sont la plupart des chansons n'est sans doute pas étranger à l'impression de continuité, qui est renforcée par le fait que les musiciens puissent se déplacer dans l'espace scénique et même participer à l'action (comme le seront d'ailleurs deux spectatrices !).

Cela se joue jusqu'au 5 mai, cf. le site du théâtre.

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