Weblog de Joël Riou

« Programmes Prokofiev et Stravinski pour le Philharmonique de Radio France | The Suit aux Bouffes du Nord »

“Loué soit le Créateur”

2012-04-03 10:04+0200 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2012-04-02

Akademie für Alte Musik Berlin

Accentus

Sandrine Piau, soprano

Topi Lehtipuu, ténor

Johannes Weisser, baryton

Laurence Equilbey, direction

Die Schöpfung, Haydn

Chœur Es wird ein Stern aus Jakob aufgehn extrait de Christus, Mendelssohn

J'assistais hier soir à ma troisième Création de Haydn. La première date de 2008 et était dirigée par Philippe Herreweghe. En relisant mon billet sur celle de l'année dernière, je me rends compte que je pourrais presque en faire un copier-coller, et ce d'autant plus que sur les trois solistes, deux étaient déjà présents (Sandrine Piau et Topi Lehtipuu).

Je n'avais pas réécouté cette musique depuis un an. Je redécouvre cette œuvre qui est un oratorio à la manière d'un opéra de Mozart. On sent néanmoins parfois l'influence du maître du genre : Händel.

Dans l'évocation des créatures, mon goût se fixe sur d'autres animaux que lors des auditions précédentes. Cette fois-ci, j'aime tout particulièrement le chant des alouettes et le roucoulement des colombes. J'admire également le jeu de mécano du contrebassoniste qui doit ajouter des rallonges à son instrument pour faire deux pôm pôm.

Je n'ai pas été immédiatement convaincu par l'orchestre : aux quelques minutes illustrant le chaos précèdant l'apparition de la Lumière manquaient de l'inquiétante tension que j'aurais aimé entendre (le tempo était me semble-t-il très très lent dans cette introduction). Mon impression sur l'orchestre s'est très nettement bonifiée par la suite. En revanche, le chœur Accentus m'a beaucoup plu dès son entrée. L'ensemble fête ses 20 ans ; du coup, le directeur de la Cité de la musique et de la Salle Pleyel a été de corvée de discours. La lumière a été. Sandrine Piau a superbement loué le Créateur. Des trois solistes, c'est elle que j'ai préférée. Son chant ornementé m'a semblé plus enthousiasmant que celui, plus terne, surtout au début, du ténor. Le chant du baryton Johannes Weisser, que j'entendais pour la première fois, m'a paru agréable aussi, même si la chef l'a apparemment un peu mis en difficulté en adoptant un tempo très lent dans un de ses numéros. Quels beaux graves !

Le mystère s'éclaircit-il quand on voit Laurence Equilbey depuis l'arrière-scène ? Depuis mon deuxième balcon, je ne vois guère de corrélation entre ce que je vois et ce que j'entends. Il semble à peu près certain qu'elle dirige pas mal en avance sur la musique. Un certain nombre de gestes, parfois brusques, me semblent indéchiffrables (cela dit, je ne suis pas musicien). Mon point de repère dans l'orchestre est la violoncelliste Kathrin Sutor de l'Akademie für Alte Musik Berlin. Curieusement, ses yeux se tournent davantage vers le premier violon que vers la chef. Elle semble communiquer son enthousiasme à ses camarades, qui semblent jouer en très bonne entente, se faisant des petits signes ou accompagnant certains accents de mouvements de tête. Cela fait un peu musique de chambre, à beaucoup mais pas trop : 2 contrebasses suffisent. Dans les récitatifs (et avec le reste de l'orchestre par ailleurs), ce n'est pas un clavecin, mais un pianoforte que l'on entend. Cet instrument rentre un peu plus dans le moule orchestral là où un clavecin aux sonorités si éloignées des autres instruments se distinguerait plus immédiatement.

Si la musique de cet oratorio me plaît de plus en plus, la niaiserie du livret m'apparaît à chaque écoute encore plus navrante.

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Commentaires

1. 2012-04-03 10:18+0200 (klari)

Hum, à mon avis, fais confiance à tes intuitions. Si tu as l'impression que la 1er violon dirige, c'est qu'elle le fait probablement.

En plus, des ensembles comme l'Akademie für Alte Musik ont tellement l'habitude jouer ensemble, ont du élaboré tellement de signaux cabalistiques pour communiquer entre eux qu'il est probable qu'un chef ne soit pas toujours nécessaire.

2. 2012-04-03 14:43+0200 (Joël)

Le premier violon était un homme, mais oui, c'est l'idée en effet.

3. 2012-04-03 21:09+0200 (klari)

"Elle" semble communiquer son enthousiasme : pourtant j'avais vérifié ;-)

4. 2012-04-03 22:41+0200 (Joël)

Je n'étais peut-être pas clair, mais c'était bien *le* premier violon qui dirigeait (d'un air rigoureux), et le relais était pris par *la* violoncelliste enthousiaste !


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