« Pierre Boulez à Pleyel | Nuit soufie à la Cité de la musique »
2011-09-30 01:46+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-09-29
Koen Kessels, direction musicale
Orchestre national d'Île de France
Ballet de l'Opéra
Georges Auric, musique (1950)
Serge Lifar, action dansée
Jean Cocteau, rideau, décor et costumes
Chorégraphie réglée par Claude Bessy
Marie-Agnès Gillot, Phèdre
Nicolas Le Riche, Thésée
Alice Renavand, Œnone
Karl Paquette, Hippolyte
Myriam Ould-Braham, Aricie
Christine Peltzer, Pasiphaé
Hugo Marchand, Minos
Phèdre
César Franck, musique (1890)
Alexei Ratmansky, chorégraphie
Karen Kilimnik, décors
Adeline André, costumes
Madjid Hakimi, lumières
Chœur de Radio France
Denis Comtet, chef de chœur
Aurélie Dupont, Psyché
Stéphane Bullion, Eros
Amandine Albisson, Vénus
Mélanie Hurel, Géraldine Wiart, Les deux Sœurs
Mallory Gaudion, Daniel Stokes, Simon Valastro, Adrien Couvez, Quatre Zéphirs
Psyché
J'ai été voir trois fois le programme Phèdre/Psyché présenté au Palais Garnier depuis le 22 septembre (et non le 21 comme l'indique encore le site de l'Opéra, cette représentation-gala ayant été annulé en raison d'une grève). Dimanche dernier, j'ai eu une vue de face. Hier, j'étais côté gauche. Ce soir, côté droit. (Cliquer sur les différents liens pour voir les distributions respectives. Celle affichée ci-dessus étant celle de ce soir, le 29 septembre.)
Si aucun des deux ballets ne m'a vraiment enthousiasmé, dans les deux cas, la musique jouée par l'Orchestre national d'Île-de-France m'a semblé d'excellente qualité.
Hier, le chorégraphe Wayne McGregor assistait à la représentation. Ce soir, au centre du premier rang de balcon était assise Claude Bessy. Elle a assisté à la représentation du ballet qu'elle a remonté (Phèdre), mais elle n'a pas reparu après l'entr'acte.
J'étais aujourd'hui dans une première loge de côté. Ayant opté pour la
place nº5 (9€), je suis sans doute le spectateur de la loge qui a le mieux
profité du spectacle. Certes, pour ce type de place, il faut consentir à
rester debout pour voir quelque chose... Au premier rang de la loge, deux
spectatrices ont probablement dû payer 70€ chacune, mais le sans-gêne d'une
spectatrice placée dans la loge voisine a très-certainement pourri leur
soirée. L'attitude de la fautive est davantage digne d'une cour de
récréation que d'une salle de spectacle. On eût dit qu'elle faisait exprès
de se pencher excessivement pour empêcher les spectatrices de la loge
d'à-côté d'y voir (dans le cas général, c'est une raison pour préférer la
place nº1 à la place nº2 pour les loges de côté). La spectatrice du premier
rang de ma loge (rappel : 70€ la place nº2) s'est avisée de lui faire
observer que sa posture n'était pas sans maladresse. Elle l'a même
peut-être effleurée. Plutôt que de lui répondre en chuchotant, la sans-gêne
a gagné son nom en reprenant de plus belle sa position, en allant trouver
une feuille de papier dans son sac pour la plier en deux, la couper par
déchirure (bruits subséquents), y apposer quelques mots et la placer devant
son infortunée voisine. À la fin du spectacle, quand les lumières ont été
rallumées, j'ai pu apercevoir ce message. Je ne pense pas trahir la
propriété intellectuelle de son auteure en le citant intégralement : Je
vous interdit de me toucher. Malpoli ! (sic)
.
Ce n'est que la deuxième fois que j'ai commencé à un peu apprécier ce ballet de Lifar. Les costumes colorés sont extrêmement laids. Moult mouvements chorégraphiques du corps de ballet paraissent ridicules. Heureusement, la musique de Georges Auric qui fait penser à Dutilleux (Le Loup) ou Stravinsky (Le Sacre du printemps) est fort appréciable. Je pense néanmoins qu'elle passerait difficilement l'épreuve d'une exécution en concert.
Phèdre, c'est aussi une question d'interprètes. Avantage à Agnès Letestu par rapport à Marie-Agnès Gillot dans le rôle de Phèdre. Je n'avais pas eu énormément l'occasion de voir Agnès Letestu sur scène : elle m'avait plutôt décu dans Kaguyahime, mais j'avais été ému par son interprétation du rôle de Nikiya (La Bayadère). Là où je ne voyais que de grands mouvements de bras de l'interprétation de Marie-Agnès Gillot, Agnès Letestu m'a paru plus convaincante.
Dans le rôle de Thésée, j'ai vu deux fois Nicolas Le Riche (avec Marie-Agnès Gillot). La première fois, en matinée, il avait paru un peu fatigué et son maquillage était complètement raté (presque comme si sa perruque avait été collée sur son front avec du scotch). Ce soir, il était en très grande forme et son maquillage était beaucoup mieux réussi. Dans ce rôle, j'ai également apprécié Stéphane Bullion (qui dansait avec Agnès Letestu).
Le rôle d'Hippolyte me semble être le rôle masculin le plus important, puisqu'il a un pas de deux aussi bien avec Aricie qu'avec Phèdre. Entre Karl Paquette et Josua Hoffalt, ma préférence va à ce dernier qui a été tout simplement épatant hier. L'interprétation du pas de deux Hippolyte/Aricie a été assez différente entre les deux couples Hoffalt/Froustey et Paquette/Ould-Braham. J'ai préféré l'Aricie de Myriam Ould-Braham, même si j'ai bien aimé la façon tendre et amoureuse qu'avaient Josua Hoffalt et Mathilde Froustey d'interpréter le pas de deux.
Outre la Phèdre d'Agnès Letestu, les plus beaux moments lors de ces représentations sont venus de l'interprétation du rôle d'Œnone par Alice Renavand (qui depuis que je vais à l'Opéra m'a toujours au minimum enchanté).
Le deuxième ballet de la soirée est de Ratmansky (qui a aussi commis Flammes de Paris). Le ballet a été créé le 22 septembre dernier. C'est un beau spectacle, qui flatte le spectateur en ce qu'il est immédiatement accessible, voire simpliste. Les décors sont à peu près inutiles : avec un fond noir (ou bleu), cela aurait été aussi bien. La simplicité de l'argument fait qu'en dehors des passages explicitement narratifs, la chorégraphie ressemble essentiellement à du remplissage. Cela reste mignon comme tout à regarder, mais le balletomane s'ennuie un peu (mais quand même mille fois moins que pendant L'Anatomie de la sensation !).
L'argument est essentiellement le suivant. Psyché est portée par des zéphyrs. Elle rencontre Eros, mais elle ne doit pas chercher à connaître son visage. Manipulée par ses deux sœurs jalouses (elles-mêmes un peu manipulées par Vénus), elle utilise une lampe pour voir son visage. Sa punition est d'être exilée dans un lieu repoussant. Mais tout s'arrange après qu'avec Eros, elle a supplié Vénus de la pardonner.
Pendant les scènes centrales, on doit subir l'attentat au bon goût que constituent les costumes de six couples de danseurs qui en quelque sorte commentent l'action. Les filles sont des filles-fleurs, les garçons ont des costumes faisant penser à des animaux (mais le costume d'un d'entre eux, s'il est peut-être censé évoquer un crapaud, fait plutôt penser à un nageur en combinaison et bonnet de bain).
Si je ne me suis pas excessivement ennuyé pendant ces représentations, c'est grâce à la musique de Franck. Pendant les p, on aurait presqu'envie de chuchoter aux danseurs de réduire le bruit de leurs pas (ce n'est pas le genre de choses qui pourraient arriver avec du Minkus !). Cela dit, on a parfois l'impression d'entendre des thèmes de sa symphonie en ré mineur. Dans Lohengrin (Wagner) il se trouve un motif appelé Le Mystère du nom. Elsa a l'interdiction de chercher à connaître le nom du héros. Bien sûr, elle n'arrivera pas à se retenir de poser la question. J'ai été amusé d'avoir l'impression d'entendre dans la musique de Franck un motif qui semble attaché à la même idée. Ce motif est d'abord chanté par le chœur :
Mais, Psyché, souviens-toi
Que tu ne dois jamais
De ton mystique amant connaître le visage
Le motif sera repris plus loin par l'orchestre.
Chose inhabituelle pour un ballet, il y a en coulisses le Chœur de Radio
France. Le texte n'en reste pas moins presque parfaitement intelligible. Il
y a au moins un moment où il y a une incohérence entre le texte chanté et
ce qui se passe sur scène. Quand le chœur chante Amour, Elle a connu ton
nom.
puis Son châtiment commence...
, Psyché, sur scène, est en
train de se faire manipuler par ses sœurs. Elle n'a pas encore connu le nom
d'Amour...
Du côté des interprètes, même si j'ai toujours un faible pour Dorothée Gilbert, j'ai préféré Aurélie Dupont dans le rôle de Psyché. Je ne sais pas si cela tient au fait que les cheveux de cette dernière étaient attachés dans un soigneux chignon tandis que ceux de Dorothée Gilbert (sauf erreur de ma part) flottaient au vent des zéphyrs. L'interprétation de Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio étaient beaucoup plus légère et insouciante que la plus sérieuse manière qu'avaient Dupont et Bullion de danser.
Dans le rôle de Vénus, Alice Renavand ne m'a pas paru très à l'aise (mais est-il raisonnable de la solliciter à ce point : elle danse tous les soirs dans Phèdre ou dans Psyché...). J'ai donc préféré Amandine Albisson qui m'a tout particulièrement enchanté ce soir.
J'espère que la prochaine création à l'Opéra (La Source) tiendra davantage ses promesses que celle-ci...
Je te rejoins sur l'ennui provoqué par Psyché. J'ai du mal à comprendre ce fol intérêt pour Ratmansky. J'ai vu trois ballets de lui, et toujours pas séduite (et puis quand on a Ossipiva/Vassiliev pour sauver le tout, ça ne compte pas). J'ai plutôt bien aimé les costumes par contre, teintés de second degré et d'humour pas déplaisant.
Et moi aussi je vous rejoins tous les deux pour l'ennui ! Commencer la saison ainsi est très décevant !
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