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Opéra de Paris 2011/2012

2011-03-11 01:32+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse

Je ne vais pas commenter en détail la programmation de l'Opéra de Paris ; d'autres, bien plus connaisseurs que moi, s'en sont déjà chargés : Rameau (Opéra, Danse), David.

S'il était peut-être encore permis d'en douter, il ne fait maintenant plus aucun doute que la direction de l'Opéra est de droite, hypocrite et décomplexée.

Depuis avant-hier, sur le site Internet de l'Opéra, on peut lire La mission de l'Opéra national de Paris est d'amener la musique au plus grand nombre. L'année prochaine, le plus grand nombre ne pourra pas s'abonner pour voir des opéras puisque le seuil tarifaire pour l'abonnement libre qui était jusques alors de 35€ par opéra (en tarif R) passe à 55€ (et au risque de se retrouver au tout dernier rang du parterre, l'horreur absolue). Comme l'a noté David dans l'article cité ci-dessus, sans donner l'impression d'augmenter les tarifs au niveau de la grille, on les a quand même augmentés mécaniquement parce qu'un certain nombre de places glissent d'une catégorie à l'autre (des places à 20€ passent ainsi à 35€, 55€ ou 75€ !). On savait le système de réservation opaque ; il le devient encore plus. Les quelques places à peu près raisonnables à 15€, on ne sait pas encore vraiment comment on pourra se les procurer de façon sûre. Jusqu'à présent, la méthode standard était d'aller à la file d'attente puisque ces places n'étaient vendues qu'aux guichets. Maintenant, on lit Les places de septième catégorie sont vendues notamment aux guichets. (Par ailleurs, le nombre de places debout à 5€ est à peu près divisé par deux et ces places sont délocalisées dans les plus hautes galeries.)

Dans les deux doubles-pages (p. 122—125) de Legalese présentes dans la brochure que je viens de recevoir, on ne voit pratiquement qu'une énumération d'obligations s'imposant aux clients (vous avez bien lu, nous ne sommes apparemment plus des spectateurs mais des clients) et d'exonérations de responsabilités pour l'Opéra. Il y en a une dont il n'est pas exclu que l'on entende parler : En cas d'annulation d'un spectacle du fait de l'Opéra national de Paris, sauf cas de force majeure auxquels sont expressément assimilés les cas de réquisition de l'Opéra par toute autorité publique pour quelque motif que ce soit, et cas de grève nationale, la valeur du prix facial du billet payé par le client à l'Opéra national de Paris sera remboursée.... Fin de la spécificité parisienne des opéras sans décor mais avec costumes (dans une mise en scène improvisée parfois meilleure que l'originale) ? Pas sûr, parce qu'une phrase un peu plus haut nous dit que c'est un cas expressément prévu. Ouf, on est rassuré.

On aura beau écrire de telles inepties dans des Conditions générales de vente, si de telles clauses sont illégales, elles sont nulles. Parmi les autres clauses, on en trouve de manifestement illégales et se parant pourtant des vertus de la loi du 27 juin 1919 puisque ce que cette loi interdit, ce n'est pas de revendre des billets, mais de les revendre à un prix supérieur au prix initial.

Les hausses et bouleversements de prix sont nettement moins choquants à Garnier qu'à Bastille. Vu les intentions présidant à la contruction de l'Opéra Bastille il y a plus de vingt ans, c'est un retournement assez paradoxal...

Plus de détails chez Rameau.

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