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2011-01-22 01:02+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Église des Billettes — 2011-01-21
Benjamin Alard, clavecin
Le clavier bien tempéré, Premier livre, préludes & fugues XII, XI, XXI, XVI, I, XX, V, XV, X, XXIII, XIV, XXIV (BWV 857, 856, 866, 861, 846, 865, 850, 860, 855, 868, 859, 869), Johann Sebastian Bach.
À l'Église des Billettes, il y avait ce soir un concert de Benjamin Alard au clavecin : Le clavier bien tempéré, Premier livre (Première partie). Je ne suis pas arrivé très en avance, mais j'ai aperçu en arrivant la place la plus excentrée du deuxième étage, avec vue plongeante sur l'instrument, même sans avoir à me pencher sur la rambarde puisque les deux claviers s'encadrent plus que largement entre deux barreaux. J'ouvre le programme et suis presque tenté de redescendre le changer contre un correspondant au bon concert. Je suis en effet très surpris de voir que le premier prélude & fugue programmé n'est pas catalogué BWV 846, mais BWV 857. Je me dis, ah, il va jouer les douze premiers préludes & fugues dans le désordre. En fait, même pas, il s'agit seulement de la première moitié d'une partition arbitraire de l'ensemble des vingt-quatre préludes & fugues du premier livre (on cherchera en vain une explication dans le programme). On entendra ainsi successivement les préludes & fugues numérotés XII, XI, XXI, XVI, I, XX, V, XV, X, XXIII, XIV, XXIV.
Je ne sais pas ce qu'il faut incriminer. Les lumières insuffisantes qui projetaient la tête et les épaules de l'interprète en ombre sur la partition et le milieu des claviers ? Un instrument déficient ? Toujours est-il qu'il m'a semblé que le concert nous a fait entendre un nombre inhabituellement élevé de couacs. Les plus flagrants étaient pour moi dans le seul prélude de Bach dont je connaisse la partition vraiment par cœur, à savoir le premier (cinquième dans l'ordre du programme) : des notes à la fin de certaines mesures ont apparemment été jouées en mode silencieux.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu des moments intéressants, j'ai eu une bonne première impression (m'amusant à voir ses mains parcourir les claviers comme des crabes qui se rejoignent parfois) et j'ai plutôt bien aimé son interprétation des préludes & fugues V et X. Mais, finalement, je suis déçu par ce concert et je ne suis pas trop mécontent de ne pas être disponible pour la deuxième partie (notez la publicité mensongère : le dernier prélude & fugue a déjà été joué ce soir...).
La fin du concert a produit une scène très étrange. Parfois, à la fin de certaines œuvres (comme les Passions de Bach et quelques autres), après que la dernière note s'est tue, le chef d'orchestre garde parfois les mains en l'air et le public, quand il comprend le message, maintient un silence respectueux tant que les mains restent en suspension. Je ne m'explique pas ce qui s'est passé ce soir : quand Benjamin Alard a terminé le prélude XXIV (qui est très long par rapport aux autres), il a été récompensé par un silence de mort, glacial. Je n'ose pas imaginer ce qui a pu se passer dans la tête de l'interprète à ce moment-là. Il était pourtant très-évident qu'il en avait terminé avec son programme (pas la peine d'avoir compté que douze préludes & fugues avaient passé !). Au bout d'une bonne dizaine de secondes de silence absolu, il y a de quoi hésiter entre se faire remarquer en lançant le mouvement et l'intérêt de l'expérience sociologique consistant à observer au bout de combien de temps les applaudissements vont démarrer. Je n'avais pas de chronomètre, mais je pense qu'il s'est écoulé entre trente secondes et une minute avant que quelqu'un se décide à soulager tout le monde. Quelques bravos enthousiastes.
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Au retour, galère de RER B, j'ai mis un peu moins de deux heures à rentrer. Cela m'a permis de terminer ma lecture du deuxième roman de Tatiana Arfel, Des clous.
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