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2010-08-17 20:22+0530 (लखनऊ) — Voyage en Inde IX
Avant-hier soir, j'ai dîné à la meilleure table de Lucknow. Le restaurant était surtout intéressant en ce que la salle située au dernier étage d'un hôtel procure une belle vue sur la ville. Comme il s'agissait du 15 août, on pouvait voir de nombreux bâtiments et monuments recouverts de guirlandes lumineuses safran-blanc-vert. C'était assez spectaculaire. Hier soir, j'ai vu un bâtiment des chemins de fer qui avait encore ses lampions et suis donc retourné voir d'autres monuments, mais ils n'étaient plus illuminés (du coup, je n'ai qu'une seule photographie de ces illuminations). Au restaurant, le service était passable (on m'a servi des papads beaucoup trop tard) et impossible d'avoir du thé qui ne soit pas d'Inde.
⁂
Hier, j'ai visité la Residency, un ensemble de bâtiments en ruine ayant appartenu aux Européens au XIXe et qui furent abandonnés après la mutinerie de 1857. La visite est agréable. On ne voit pratiquement plus que des empilements de briques qui témoignent de la structure des bâtiments. Tout autour, des endroits verdoyants. Dans le dédale des ruines, des couples se livrent à des activités que la pudeur indienne défend mais qui n'auraient rien de choquant sur la voie publique en France.
Un des bâtiments pas trop amochés, situé près de celui qu'on appelait Residency, abrite un musée retraçant l'histoire de la rébellion du point de vue des Indiens. Des murs portent les stigmates du passage de quelque boulet de canon. Des surveillants de musée roupillent.
En quelques mois, environ deux mille des trois mille habitants du début périrent. Dans le cimetière, la plupart des tombes sont datées de 1857. Il ne reste pratiquement aucune trace de l'église.
Je me suis rendu ensuite au collège La Martinière, fondé par Claude
Martin. Il n'a pas été évident de le trouver. En effet, comment donner à un
rickshaw-wallah le nom d'un lieu en français dans le texte ? J'ai bien
essayé d'utiliser un autre nom du bâtiment (Constantia), mais cela
n'a pas mieux fonctionné. Il a donc fallu que j'indique le chemin au
rickshaw-wallah. Arrivé à un rond-point à l'Est de Hazratganj, une des
routes qui permettait d'y aller selon un de mes plans était bloquée. J'ai
donc continué à pieds par une rue parallèle. Je suis passé près d'un golf.
Plus loin, croyant être arrivé au bout de nulle part, je vois une barrière
arborant un Stop
avec une ouverture de taille humaine découpée à
l'intérieur. On ne m'a pas posé de question. J'ai donc continué, ai vu des
terrains de basket, puis après avoir tourné à gauche, je me suis retrouvé
en face du très beau bâtiment qui arbore la devise latine
Labore-et-Constantia
.
Avant d'aller dîner au Nawab's, j'ai passé une bonne partie de l'après-midi dans des cafés, Café Coffee Day et Barista. Dans cette dernière franchise, le service est toujours d'une lenteur invraisemblable ; il vaut mieux avoir de la lecture, cela tombe bien, je venais de passer dans deux librairies. En France, un cafetier seul accomplit bien mieux le travail qu'une poignée de jeunes gens accomplissent ici nonchalamment...
La télévision de mon hôtel ne permet de voir qu'une seule chaîne
d'information en anglais : Times Now. J'ai été impressionné par la
malhonnêteté intellectuelle du journaliste
qui dirigeait un
débat
au sujet d'un article du Guardian
(l'article, qui n'en avait pas besoin, contient quelque malheureuse
référence à l'Allemagne nazie). Quand l'auteur de l'article explique un de
ses arguments principaux, à savoir que l'Inde opère une discrimination
ethnique pour fournir des visas (notion d'origine pakistanaise
), le
journaliste feint de ne pas comprendre et dit qu'il est 100% factually
wrong
en ayant pour seul argument une citation d'un site Web officiel
de la République indienne. Il ne lui vient même pas à l'idée que la règle
théorique (déjà en soi discriminatoire) pouvait être appliquée de façon à
interdire à beaucoup de citoyens britanniques de venir en Inde soi-disant
pour se protéger du terrorisme ; l'auteur de l'article avait de nombreux
exemples de cas à donner (notamment dans le monde académique). Rarement vu
un comportement aussi peu journalistique à la télévision indienne, même
en tenant compte des spécificités indiennes. En effet, quand ils donnent
des informations ou animent des débats, les journalistes qui interviennent
ne se privent en général pas de donner leur opinion sur le sujet qu'ils
traitent, ce qu'on imaginerait mal David Pujadas faire. Sur NDTV, ce style
ne me dérange pas trop quoiqu'ils exagèrent un peu parfois, mais ce que
j'ai vu hier soir sur Times Now était d'une extrême malhonnêteté.
⁂
Aujourd'hui, j'ai visité les monuments les plus spectaculaires de Lucknow. Il s'agit du Bara Imambara et des autres sites dans un voisinage relatif. Le premier site est surtout impressionnant par la mosquée qui se trouve sur la droite après l'entrée. Il semble malheureusement qu'il faille être musulman pour visiter la plupart des mosquées de Lucknow. Un labyrinthe permet d'accéder aux parties supérieures de l'Imambara (par ailleurs très sombre), ce qui permet d'avoir une belle vue sur cette partie de la ville. Sur le côté gauche, un hammam. Il m'a semblé avoir aperçu un gurdwara dans les environs. Je ne suis pas passé loin, mais je n'ai pas trouvé le moyen d'y entrer. Dans cette recherche, j'ai fait le tour de l'enceinte du Bara Imambara : une ruelle et un slum.
Dans la rue se font face deux portes semblables. D'un côté, le Bara Imambara, de l'autre, légèrement en hauteur, une mosquée toute blanche. Sur la route, côté Est, la superbe Rumi Darwaza : une grande porte.
Plus loin sur la route, le Chota Imambara, un autre ensemble de
bâtiments situés dans une cour rectangulaire comportant un bassin. À
droite, une petite mosquée. Sur les côtés, deux bâtiments font penser au
Taj Mahal. Au fond, l'Imambara, dont la façade est couverte de
calligraphies. À l'entrée, un pseudo-guide dit en rigolant This is a
holy place!
; 'l avait pas franchement l'air d'un holy man,
lui.
Toujours plus loin, la Jama Masjid, évidemment défendue aux infidèles.
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