« Il commence à faire froid | Orsay sous la neige »
2009-12-16 23:50+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Bastille — 2009-12-16
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie et mise en scène, d'après Marius Petipa et Lev Ivanov
Nicholas Georgiadis, décors et costumes
Rui De Matos Machado, lumières
Mélanie Hurel, Clara
Christophe Duquenne, Drosselmeyer/Le Prince
Géraldine Wiart, Luisa
Mallory Gaudion, Fritz
Adrien Bodet, Le casse-noisette
Eric Monin, Le père
Béatrice Martel, La mère
Jean-Christophe Guerri, Le grand-père
Céline Talon, La grand-mère
Muriel Zusperreguy, Charline Giezendanner, Deux flocons
Ballet de l'Opéra
Élèves de l'École de Danse
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Orchestre Colonne
Kevin Rhodes, direction musicale
Casse-Noisette, ballet en deux actes, sujet de Marius Petipa d'après un conte d'E.T.A. Hoffmann, adapté par Alexandre Dumas
Ce soir était la première occasion pour moi d'aller à l'Opéra Bastille
pour voir un ballet. Depuis l'avant-dernier rang du deuxième balcon, mais
plein centre, il vaut mieux avoir des jumelles pour voir les détails des
mouvements de danse. Il vaut mieux aussi faire abstraction du bruit des
scolaires
qui ennuie tout le monde ; une spectatrice située
quelques rangs plus bas utilisera même un blanc dans la musique pour
exprimer son exaspération en criant Est-ce que vous pouvez vous taire
dans le fond ?
.
Je ne dirais pas que ce ballet de Noureev d'après Petipa contienne de grands moments magiques de danse ; on y trouve plutôt une succession de beaux tableaux, notamment pour le corps de ballet comme la danse des flocons au premier acte et la valse des fleurs. Les deux personnages principaux, Clara (Mélanie Hurel) et le Prince (Christophe Duquenne) ont un grand pas de deux au deuxième acte. Christophe Duquenne m'a fait une très bonne impression, qu'eût également fait Mélanie Hurel, que je voyais danser pour la première fois, s'il n'y avait pas eu quelques malheureux petits déséquilibres.
Ce ballet utilise un nombre invraisemblable de danseurs. Les élèves de
l'école de danse ont été mobilisés pour jouer les enfants des invités de la
soirée de Noël, les rats et les soldats au premier acte. Des costumes très
divers aussi, avec la fantaisie que constituent les danses espagnole,
arabe, russe, chinoise et française au deuxième acte. Il s'agit
d'évocations de rêves de Clara au cours desquels elle verra des personnages
de sa famille dans des lieux insolites. La danse qui aura le plus de succès
est la danse arabe, le couple qui s'y distingue ayant des costumes et
parures qui concurrencent en sonorités l'orchestre Colonne (du coup, cela
avait presqu'un côté danse indienne
).
Dans cette version, à la fin, Clara se réveille au milieu des invités de
la soirée de Noël pendant laquelle le casse-noisette que son parrain
Drosselmeyer lui a offert se sera transformé en beau prince et aura
combattu le roi des rats. J'ai lu quelques contes d'Hoffmann, mais
apparemment pas celui qui a inspiré ce ballet. Il semble que le conte à
l'intérieur du conte qui aurait fourni l'explication du nom de
Casse-Noisette
soit passé à la trappe dans l'adaptation de Petipa.
Dans celle de Noureev, la Fée Dragée et Confiturembourg ont aussi
disparu.
⁂
Je savais Jean Glavany balletomane (il me semble qu'il y avait eu un article à ce propos dans Le Monde il y a quelque temps) ; je viens de découvrir qu'il avait un blog.
Le titre ne vient-il pas du cadeau que fait l'oncle à Clara, un casse-noisette qui se change en prince? Il faut que je lise les différentes versions!
Le cadeau est en forme de garçon. Dans la chorégraphie, m'a-t-il semblé, rien ne permet de savoir pourquoi ce garçon est un « casse-noisette ». Entretemps, j'ai lu la version de Dumas du conte et c'est l'histoire de la noisette Krakatuk et de la princesse Pirlipate (texte disponible sur Gallica <URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67736t >
) qui fournit l'explication (spoiler : la princesse Pirlipate a été rendue hideuse pendant ses premiers jours par les souris, parce que son père n'avait pas souffert de n'avoir pas assez de saucisses à offrir à ses invités, le seul remède étant qu'un garçon qui n'a jamais rasé sa barbe ni porté que des bottes et doté d'une denture exceptionnelle ne casse la noisette Krakatuk, offre son amande à manger à la princesse pour lui rendre sa beauté et marche à reculons sept pas sans trébucher, ce qu'il ne fera pas parce qu'il écrasera la reine des souris, dont les descendants seront des ennemis du jeune homme, neveu de Drosselmayer ; le combat du premier acte figure un épisode de cette inimitié héréditaire, cela se passe dans l'armoire à jouets de Marie/Clara et de son frère).
D'après ce que je sais d'un des versions d'Hoffamnn (qu'il faut décidément que je lise), Drosselmeyer offre un casse-noisette à Clara (<URL: http://de.wikipedia.org/wiki/Nussknacker#Geschichte >
)(désolée c'est en allemand mais l'image est assez claire, et les casse-noisette traditionnels de Noël fabriqués dans les Erzgebirge (quelque part entre Thuringe et Saxe) ont toujours cette forme de soldat) et il se trouve que c'était en fait son neveu victime d'un mauvais sort et que le rêve de Clara permet de tout déjouer; mauvais sort d'ailleurs que le conte que tu cites explique. Mais il est vrai que l'objet utilisé dans la chorégraphie n'est pas très clair...
Amusant, ce décalage culturel avec l'Allemagne. J'ignorais qu'il existait des objets anthropomorphiques ayant cette fonction ! Le cadeau que l'on voit dans la chorégraphie ressemble un petit peu à ça en effet et dans les photographies du programme, on voit même une manette dans la nuque qui servirait à actionner le mécanisme (ce casse-noisette ne serait pas que décoratif). Merci pour ce renseignement, tout paraît plus clair maintenant.
Vous pouvez poster un commentaire grâce au formulaire ci-dessous.
Date de génération : 2023-07-27 14:18+0530 ― Mentions légales.