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2009-08-22 15:46+0530 (जैसलमेर) — Voyage en Inde VII
Hier soir, après avoir mangé un copieux thali, j'ai vu passer un
dangereux cortège de manifestants, presque tous porteurs d'une torche
enflammée. J'en ai pris aussi une, inoffensive, en crème glacée, et n'ai
pas eu d'autre choix que de les suivre, alors qu'ils marchaient en
direction de la tour de l'horloge en criant Zindabad... Jaipur...
Jodhpur...
. J'ai même dû rentrer dans le cortège pour rentrer à mon
hôtel vu qu'ils ont tourné à gauche. Un badaud, amusé, me demanda si
j'étais avocat. Les avocats indiens, en tant que groupe, ont assez mauvaise
réputation ; les manifestations qu'ils firent à Chennai il y a
quelques mois furent assez violentes, de vrais voyous.
Quand je suis sorti avec mon sac pour me rendre à la gare, un cortège plus bon enfant célèbrait quelque fête. On distribuait des petits gateaux. On m'en a même donné un, sous emballage plastique ; la précision est nécessaire, puisque lorsqu'installé dans mon train pour Jaisalmer, je croquais un des gateaux à la noix de coco, je sentis que quelque chose n'était pas normal : un insecte tentait de survivre. La paquet a fini par dessus bord.
La gare de Jodhpur et la place située devant est recouverte de gens en train de dormir. Sur le quai de la gare, des rabatteurs (francophones) harcèlent les touristes avant même qu'ils ne soient arrivés à destination, leur proposant déjà l'hôtel de leur cousin à Jaisalmer ; ils seront encore plus nombreux (plus que de touristes étrangers) à la sortie de la gare de Jaisalmer. Heureusement qu'ils n'ont pas des gabarits de rugbymen, sinon il faudrait être expert en l'art de l'esquive avant de visiter cette ville.
Revenons à la montée dans le train. Les wagons de deuxième classe sans
réservation sont toujours pris d'assaut parce que la règle premier
arrivé, premier servi
y règne. Nonobstant, des hordes d'abrutis — je ne
vois pas quoi dire d'autre — investissent le wagon avec réservation
Sleeper class avec la même frénésie. De vrais sauvages. Une fois
arrivé à ma place, ils font semblant de ne pas comprendre qu'ils n'ont rien
à faire là, prétendant que ma place numéro 34 est ailleurs, refusant de
montrer leur ticket pour se justifier d'occuper à six des places prévues
pour trois. Un Indien doté d'un ticket convenable criera plus fort et
arrivera à les faire partir. Il ne s'agit là de bêtise autant que de
malhonnêteté ; ils savent bien de toute façon que le contrôleur les mettra
dehors et il serait alors pour eux bien plus difficile de trouver une place
dans les compartiments sans réservation qui seront déjà pleins.
⁂
Le trajet de six heures (avec une heure de retard au démarrage) est très salissant : le sable entre partout. J'aurais peut-être mieux fait de réserver en compartiment climatisé. Après avoir fait jouer la concurrence pour de pas payer trop cher le rickshaw entre la gare et mon hôtel, je me suis fait déposer à Gandhi Chowk, à l'entrée Ouest de la ville, plutôt que devant mon hôtel. Le comité d'accueil est constitué de chiens méchants. Je m'installe dans ma chambre et on me prévient qu'à 8h, l'électricité sera coupée.
Cette après-midi, j'ai visité le palais du Maharaja à l'intérieur du fort de Jaisalmer. Les prix ont augmenté depuis quelques années (pas depuis suffisamment longtemps pour que mon guide Lonely Planet soit à jour sur ce point) : 250 roupies, audioguide et autorisation d'utiliser un appareil-photo compris. Certaines pièces sont fermées pour restauration. Le site est en danger. Des parties du fort se sont effondrées. À l'entrée, sur la droite, un escalier est déconseillé : il penche très anormalement sur le côté.
La couleur dominante est le jaune, couleur de la pierre qui fut utilisée pour toutes ces constructions, dont certaines remontent au XIIe siècle. Deux jauhars et demi eurent lieu ici. Vaincue à trois reprises, les femmes puis les hommes se sacrifièrent. Le dernier, au XVIe siècle, ne compte que pour moitié parce que la défaite survint trop brutalement pour que les rites soient convenablement exécutés. Pressés par le temps, les hommes de la ville égorgèrent les femmes de leur famille avant de se lancer désespérément au combat.
Si je résume bien tu as échappé de justesse à une manifestation périlleuse pour pouvoir prendre à temps un train ensablé où il fallait se battre pour obtenir place assise vers une ville où t'attendaient des rugbymen armés de chiens méchants dont t'a finalement près d'un temple qui s'écroulait protégé un hôtel à l'électricité rationnée.
Indiana Jones n'aurait pas fait mieux ! Tiens bon.
(j'ai l'air de me gausser, mais je suis admirative et à te lire (enfin à nouveau dignement connectée) je me régale, j'ai l'impression de voyager).
Merci. Oui, en gros, c'est ça.
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