« Vidhya Subramanian au Musée Guimet | Hiruthiga Vigithan au Centre Mandapa »
2014-12-31 17:04+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne — Dhrupad
Auditorium du Musée Guimet — 2014-10-10
Pandit Nirmalya Dey, chant dhrupad
Ustad M. Bahauddin Dagar, rudra vînâ
Pandit Mohan Shyam Sharma, pakhawaj
Véronique Dupont, Marie-Thérèse Guay, tampura
Raga Puriya (Alap & Chautal)
Raga Bhairavi (Alap & Tivratal)
J'ai quelque peu délaissé les comptes-rendus de concerts ces derniers temps pendant lesquels je me suis concentré sur les nombreux spectacles de danses indiennes auxquels j'ai assisté. Je n'ai même pas pris le temps de revenir sur le magnifique ballet La Source que j'ai revu cinq fois ces derniers jours et que j'avais déjà vu quatre fois en 2011. L'année 2014 se terminant, il serait dommage que je ne revienne pas sur ce qui a été pour moi le concert de l'année.
Le style de musique dhrupad (que je pratique depuis bientôt trois ans) est très peu présent à Paris. Quand on peut l'entendre, ce sera en général dans un appartement en petit comité. Il était donc tout à fait exceptionnel de le voir représenté sur la scène du Musée Guimet devant une salle pleine. Je n'aurais manqué ce rendez-vous pour rien au monde (j'ai dû pour cela renoncer à d'autres concerts très intéressants programmés le même soir et à une rencontre littéraire avec l'auteur du livre le plus passionnant que j'aie lu au cours de l'année). La configuration des interprètes est encore plus rare. Il s'agit d'un jugalbandhi, c'est-à-dire un duo de solistes. Cette configuration est relativement courante (Dagar Brothers, Senior Dagar Brothers, Gundecha Brothers, Women in Dhrupad, etc.), mais ce qui est plus exceptionnel, c'est que soient associés un chanteur et la Rudra Vina. Dans la famille Dagar, un tel duo a ainsi associé par le passé le chanteur Ustad Zia Fariduddin Dagar et le vîniste (?) Ustad Zia Mohiuddin Dagar. Ce vendredi 10 octobre, le concert associe Pandit Nirmalya Dey, chanteur disciple de Fariduddin, et Ustad Mohi Bahauddin Dagar, fils et disciple de Mohiuddin. Ayant pris cet été des cours pendant trois semaines à Delhi avec Pandit Nirmalya Dey, je ne suis bien évidemment pas très objectif à son sujet, mais je tiens à préciser que j'avais déjà de lui la plus haute opinion avant de suivre son enseignement.
Les deux musiciens ont interprété le Raga Puriya. Ce Raga comporte six notes parmi lesquelles tivra Ma (M) et Re komal (R). Voici les gammes ascendantes et descendantes : ṆRGMDNṠ / ṠNDMGRS. Il s'agit d'un des Ragas que j'aie le plus pratiqués. Mon immense plaisir d'auditeur a donc été encore davantage rehaussé par le fait que dans le très méditatif Alap que les deux musiciens ont interprété, je sentais la plupart du temps quelle note ils jouaient ; cette sensation-là me procure un plaisir sans commune mesure avec le mode d'écoute plus intuitif que j'avais avant de commencer à pratiquer le dhrupad. Ils ont fait durer le plaisir très longtemps au point que la fin de l'Alap a été un peu écourtée après qu'un des musiciens a regardé sa montre. Les musiciens ont en effet étiré à l'extrême le travail sur certaines notes, en particulier la toute première note de la gamme ascendante : Ni, qui est la note la plus importante de ce Raga. Ils n'ont bien sûr pas joué continuellement cette note, mais ils l'ont ornementée. Parfois, après un long Ni tenu, une petite glissade faisait entendre légèrement le Dha, voisin du dessous. Parfois aussi, ils montaient du Ni sur le très faible Re komal, le faisant à peine entendre, mais suffisamment pour qu'on en perçoive la subtile saveur. Les chapitres suivants de l'Alap ont mis en valeur les notes successives de ce Raga, le dernier chapitre ayant été malheureusement un peu abrégé pour des raisons de temps. Les deux musiciens alternaient. Ustad Bahauddin Dagar est un musicien plus reconnu que ne l'est Pandit Nirmalya Dey. Si les deux musiciens composant un jugalbandhi sont en principe sur un pied d'égalité, j'ai apprécié que le vîniste se mette semble-t-il un peu en retrait pour laisser au chanteur un peu plus de place pour s'exprimer.
La pulsation est entrée en jeu dans les sections Jor et Jhala. La vitesse ne me permet alors plus de comprendre véritablement ce qui se passe et je suis davantage en mode intuitif. J'apprécie la façon dont le timbre de la voix du chanteur se marie avec celui de la Rudra Vina.
Le Raga se conclut par une composition que je connaissais. Évoquant Shiva, elle commence par le mot Parvati et utilise le cycle rythmique Chautal (12 temps). Le chanteur en a une première fois interprété les deux premières strophes de façon fidèle avant que les deux musiciens ne s'en servent comme matériau de base pour élaborer des improvisations.
Je n'aurais pas été mécontent que le concert s'achève là, mais ils ont interprété un nouveau Raga, plus léger que le précédent. Cette fois-ci, le nom du Raga n'a pas été annoncé préalablement. J'ai donc essayé de reconnaître les différentes notes utilisées. J'y étais à peu près arrivé pendant l'Alap, mais je n'ai véritablement compris qu'il s'agissait du Raga Bhairavi que lorsque j'ai reconnu la composition Jagata Janani en Tivratal (sept temps).
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