« Les Gundecha Brothers au NCPA Mumbai | La notation Benesh de la danse bharatanatyam »
2014-09-21 12:21+0200 (Orsay) — Culture — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Mas Flores de Llum, Los Masos — 2014-09-13
Camille, danse bharatanatyam
Sucheta Chapekar, chorégraphies
Jyotika Rao, reconstitution de la chorégraphie du Varnam
Arundhati Chapekar, chorégraphie du Ranga Dwara
Namaskar
Alarippu (Rupaka Tala)
Prastar (9 temps)
Shiva Kautukam (Chatushra Eka Tala)
Mate Sarasvati (6 temps)
Varnam “Sami yei vara sholadi” (Raga Purvi Kalyani, Adi Tala)
Ranga Dwara (Adi Tala)
Nritya Mangalam (Mishra Tala)
Cela faisait un moment que j'attendais que se présente une occasion de voir un récital solo de Camille, l'élève la plus avancée de ma prof de bharatanatyam Jyotika Rao. La première fois que je l'ai vue danser, il y a deux ans, c'était dans un Shiva Kautukam. Les trois minutes de sa performance m'avaient semblées tout à fait extraordinaires. Depuis, j'ai eu de nombreuses occasions de la voir danser d'autres pièces de danse pure ou comportant une composante pas exactement narrative, mais au moins évocatrice : il s'agit alors de rendre hommage aux dieux en évoquant leurs qualités et hauts faits. La consision des poèmes utilisés dans ce type de pièces, aussi belles soient-elles, ne permet pas d'élaborer une véritable narration. C'est donc avec un intérêt particulier que je l'avais vue pour la première fois danser un Varnam, en duo avec Laure, une autre élève avancée. Pour la première fois, ses qualités de mime étaient utilisées pour représenter des personnages humains.
Revoir ce Varnam interprété en solo au sein d'un récital complet ayant à peu de choses près la forme du Margam serait assurément une tout autre expérience. Je me suis donc dirigé vers le Sud de la France, à quelques dizaines de kilomètres de Perpignan, à Prades, en contrebas du mont Canigou :
Après avoir visité la magnifique église datant de 1610, j'ai entrepris de marcher vers le Mas Flores de Llum situé dans le village voisin de Los Masos. À mi-chemin, j'entends un Namaste provenant d'une voiture avec à son bord deux femmes, dont l'Indienne en sari ayant préparé de délicieuses spécialités indiennes pour les spectateurs du récital. J'ai donc pu m'épargner les quelques kilomètres de marche restants.
Quand l'heure du récital sera venue, la salle sera pleine, la soixantaine de spectateurs ayant pris place sur les chaises ou coussins placés sur le parquet à quelques centimètres des pétales de fleurs délimitant l'espace scénique.
Le récital a commencé par un magnifique Namaskar. Dans cette salutation silencieuse aux maîtres et au public, la danseuse s'excuse auprès de la Terre de la souffrance qui lui sera infligée du fait des frappes de pieds. Cela n'a duré que quelques secondes, mais l'exécutation a été tellement pleine de grâce et de majesté que j'ai presqu'eu du mal à contenir mon émotion.
La première pièce du récital proprement dit a été un délicieux Alarippu à trois temps. Si je reconnais quelques enchaînements (adavus) exécutés, ce que je vois est néanmoins à l'opposé de la froideur géométrique de certaines écoles. De quasi-imperceptibles petits mouvements ajoutent une saveur particulière à ces enchaînements qui paraissent plus courbes et harmonieux. Bref, je crois reconnaître des adavus, mais je me rends compte que je ne les connaissais pas vraiment.
Le récital se poursuit avec Prastar, un hommage à la Déesse que j'ai déjà vu de nombreuses fois. Utilisant un rythme à 9=5+4 temps de musique hindustani, cette pièce évoque Saraswati, la Déesse des Arts représentée avec sa vînâ, la bienveillante Lakshmi, qui apporte la prospérité, et la féroce Durga dont la monture est un tigre.
Vient ensuite Shiva Kautukam. Il s'agit de la pièce que j'ai apprise à Pune avec Sucheta Chapekar et deux de ses disciples. Si la version que je connais est censée être plus masculine, la danse de Camille ne manque aucunement de vigueur ! Si du point de vue rythmique, les deux versions sont identiques, les mouvements de bras et de mains me donnent, comme dans l'Alarippu, le sentiment de voir un tableau harmonieux et raffiné alors que la version que je pratique ne semble n'en être qu'au stade de l'esquisse grossière. Ce que j'ai préféré plus que tout dans cette pièce, plus encore que le Kautukam proprement dit, c'est le Shloka en l'honneur de Shiva qui a précédé. Il évoque l'assemblée de dieux et musiciens célestes qui se sont réunis pour assister à la très impressionnante danse cosmique de Shiva (Tandava).
La pièce suivante sur un poème de Tagore s'intitule Mate
Sarasvati. Du strict point de vue musical, il s'agit à mon goût de la
pièce la moins intéressante du récital, la même mélodie étant
inlassablement répétée en arrière-plan. Ceci permet certainement de se
repérer dans le cycle rythmique à 6 temps, mais c'est à peu près tout. Les
quelques courts moments évocateurs de la chorégraphie représentent
Sarasvati comme Déesse des Arts et de la parole. Elle joue de la vînâ et le
son de la musique déclenche le plaisir esthétique de ceux qui l'entendent.
Les passages de danse pure sont extrêmement développés, très vifs et très
complexes d'un point de vue rythmique ! Ceci fait que cette pièce est sans
doute la plus spectaculaire
du programme.
La pièce centrale du récital est un Varnam dans lequel
l'héroïne se languit de Muruga. Avant ce récital, j'avais déjà vu ce
Varnam interprété par Jyotika Rao au Cendre
Mandapa, et plus récemment en duo par Camille et Laure. Au troisième
visionnage, je découvre toujours de nombreux détails, comme les nombreuses
références au paon, la monture de Muruga. Un épisode complet du
Varnam que je n'avais pas compris a commencé à prendre sens pour
moi : la chorégraphie raconte en effet les raisons de la naissance de
Muruga, né pour tuer le démon Taraka qui ne pouvait être vaincu que par un
fils de Shiva. Je me délecte des nombreux détails de la chorégraphie, comme
l'utilisation de fleurs florales différentes par l'archer Kama, ou par
l'intervention d'un oiseau servant de messager à l'héroïne pour le mot
qu'elle vient d'écrire. Le passage le plus délicieux du Varnam a
été pour moi l'insistance désespérée de l'héroïne auprès de son amie
(sakhi) pour qu'elle aille rapporter ses paroles à Muruga :
Vas-y ! Maintenant, tout de suite ! Mais... vas-y !
.
L'avant-dernière pièce est le très vif Ranga Dwara évoquant Krishna. Il est représenté avec sa flûte et sa plume de paon. Dans cette chorégraphie d'Arundhati, la fille de Sucheta Chapekar, les mouvements de pieds sont particulièrement originaux, et coordonnés avec les mouvements de bras, ils induisaient souvent une courbure particulière du corps.
J'e n'ai pas de souvenir précis de la dernière pièce Nritya Mangalam. Je me serais à vrai dire presque contenté de la présentation des mouvements qui avait précédé et qui était accompagnée de la récitation de vers sanskrits et de leur traduction. J'ai failli applaudir à la fin de cette présentation, mais la pièce proprement dite a ensuite été dansée sur un rythme à 7 temps pour s'achever sur le sentiment de paix (Shanta).
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