Weblog de Joël Riou

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Mandu, sous la pluie

2012-08-09 14:08+0530 (इन्दौर) — Voyage en Inde XI

Dimanche après-midi, je me suis baladé dans le dédale des rues d'Ujjain. J'en suis sorti tout près du Gopal Mandir, ce qui m'a permis de boire encore un excellent lassi non loin de là.

Le lendemain matin, je suis monté dans un bus à destination d'Indore. Les bus ne manquent pas, mais il faut en trouver un qui ne soit pas déjà plein, ou plus précisément qui ait encore des places assises, parce que le bus ne démarre pas avant qu'il ne reste plus de places debout. Ma véritable destination est Mandu, donc après 1h30 de route à vive allure (des pointes à 65 km/h environ), je me dirige vers une autre gare routière d'Indore où je prends un bus pour Dhar. Entre Indore et Dhar se trouve Pithampur : de tous côtés se dressent des usines.

Après un dernier changement à Dhar, j'arrive enfin à Mandu après environ six heures de route. Mandu est un endroit absolument superbe, autant par ses vestiges architecturaux que par son cadre naturel : un vaste plateau entouré de verdure.

Peu d'hôtels sont disponibles à Mandu. Aucun n'est bon marché. Le minable Hotel Maharaja est à éviter absolument. C'est le moins cher : 700 roupies, ce qui est très excessif pour une chambre dans laquelle on n'a même pas fait semblant de faire le ménage, où l'on est pas sûr d'avoir de l'eau et encore moins d'électicité (les coupures sont fréquentes dans le village). Je suis resté 5 minutes avant de m'en aller après avoir obtenu le remboursement de ce que j'avais avancé.

Les deux hôtels du département du tourisme de l'état du Madhya Pradesh sont chers (tout comme celui que j'ai vu à Ujjain). Dans celui situé au Nord (Malwa Retreat), les prix commencent à 1290 roupies. Celui du Sud (Malwa Resort) est encore plus cher. Dans le village, près du temple jaïn, un hôtel présentant bien applique vraisemblablement des tarifs similaires.

La meilleure option doit être celle que j'ai choisie : l'hôtel Rupmati, situé tout près de la porte Nord de Mandu. Les prix commencent autour de 1000 roupies. Pour 1200 roupies, j'ai pu aoir un des plus belles chambres parmi toutes celles que j'ai eues au cours de mes voyages en Inde. Une porte donne sur une terrasse d'où on a une très belle vue sur la vallée.

Les monuments les plus spectaculaires de Mandu datent du XVe ou du XVIe siècle. Le plus remarquable me semble être le tombeau de Hoshang Shah, fini en 1440. Fait de marbre blanc, c'est manifestement un précurseur du Taj Mahal, construit deux siècles plus tard. Dans beaucoup de monuments, quelques traces de pigments bleus subsistent. Quelques peintures se laissent encore deviner. Les motifs utilisés (floraux) sont assez simples. De ce point de vue, on est loin de la richesse des motifs et arabesques incrustées dans le marbre à Agra et à Delhi. Très peu de calligraphies sont visibles. Il m'empêche que l'ensemble de tous ces monuments (mausolées, palais, caravansérails, etc) est exceptionnel. Cela vaut au moins autant le déplacement que Golconde (près de Hyderabad) ou Bijapur.

Les souverains de Mandu venus d'Afghanistan aimaient manifestement les bains. De nombreux bassins subtilement conçus ornent plusieurs monuments. Dans l'enclave royale, on peut même admirer un hammam contenant trois petites pièces surmontées de coupoles percées d'ouvertures tout comme aux bains Király ou Rudas à Budapest !

Les divers monuments sont dispersés dans Mandu et au voisinage, sur la route de Dhar. L'accès à trois groupes de monuments est payant (100 roupies pour chacun), ce qui permet de les visiter sur plusieurs jours.

Le jour de mon arrivée, en fin d'après-midi, j'ai visité le groupe de trois monuments du village (la Jami Masjid, la madrasa Ashrafi Mahal et le tombeau de Hoshang Shah) et me suis dirigé à pieds vers le palais de Nilakantha qui est accessible après une assez longue marche (les touristes indiens y allaient en moto ou en voiture : aucun rickshaw ne circule dans Mandu !). Je suis rentré à la tombée de la nuit.

Le lendemain matin, il pleut très fort. Voyant que cela n'allait pas s'arrêter, je décide au bout d'un moment d'aller explorer les monuments dispersés dans Mandu en terminant par le palais de Rupmati, tout au Sud, me gardant les monuments de l'enclave royale pour un moment où il ne pleuvra plus. La pluie ne discontinuera pas. (À Bhopal, on aura enregistré 15 centimètres de précipitations en 24 heures !). De temps en temps, une bourrasque de vent menace de faire s'envoler mon parapluie, qui s'est retourné un nombre incalculable de fois.

Les dômes des monuments se perdent dans le brouillard. Si j'ai vu certains d'entre eux, ce n'est que grâce aux panneaux indiquant le chemin (et un certain nombre d'entre eux ne sont écrits qu'en hindi...). Mis à part les villageois et les enfants venus s'y abriter ou y jouer, je suis l'unique visiteur des monuments dispersés dans Mandu. Cela dit, je me serai volontiers passé de la compagnie des trop nombreux chiens qui traînent un peu partout et qui sont plus agressifs que les chiens des villes.

Les groupes de touristes indiens (qui ne m'inspirent pas tous la plus haute sympathie) ne deviennent visibles que lors de ma visite des palais de Baz Bahadur et de Rupmati. Ce dernier ne m'est visible que pendant quelques instants au gré des caprices du vent. Lorsque je passe sous ses voûtes, la lumière est comme irréelle du fait de l'humidité ambiante. Un vent très fort souffle entre les deux kiosques situés au dernier étage du palais à tel point que le k-way d'un des touristes indiens s'est envolé !

Quand je redescends de ce palais, la pluie se met subitement à se faire extrêmement violente. Ne me voyant pas endurer cela pendant les deux heures que prendrait un retour à pieds, je demande la permission de m'incruster dans le car loué par un groupe d'Indiennes. Après dix courtes minutes pendant lesquelles le car n'aura cessé d'éclabousser les deux côtés de la route, j'arriverai à la Jami Masjid. Très curieusement, la pluie se sera arrêtée et je pourrai aller visiter l'enclave royale et rentrer à mon hôtel pour dîner juste avant la tombée de la nuit. Ces circonstances auront fait que je n'aurai pas eu à prolonger mon séjour à Mandu !

Le lendemain matin, avant de partir en bus, je suis allé voir les portes d'accès successives à Mandu, jusque vers l'Alamgir Darwaza. Au loin, quelques mausolées dispersés s'insèrent dans le vert paysage. La curieuse inclinaison des sièges dans les deux bus que je vais prendre pour rejoindre Indore rendent ce voyage assez fatigant. La route empruntée entre Dhar et Indore est différente de celle de l'aller. On n'a pas cessé de jongler entre des routes à moitié finies et des déviations, alors que les précipitations des jours précédents font que j'ai vu des vendeurs de pan en bottes les pieds dans l'eau. Dans le bus, j'entends une sonnerie, c'est le thème de la Truite de Schubert !

Séries de photographies : 2012-08-06, Mandu, 2012-08-07, Mandu, 2012-08-08, Mandu.

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