« Programme Bartók pour le Philharmonia Orchestra/Esa-Pekka Salonen | Billy Budd à l'English National Opera »
2012-07-02 21:12+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Photographies
J'ai fait ce week-end mon premier séjour à Londres, ce qui n'a laissé de
paraître extraordinaire à tous ceux à qui j'en ai parlé, cette uniformité
de la réaction me paraissant plus remarquable encore que le fait initial.
La ville est très chère. J'ai cependant pu trouver un hôtel à un prix à peu
près raisonnable au Sud de la Tamise, dans le borough de
Wandsworth, à une certaine distance du métro Vauxhall. L'endroit est aussi
relié au centre (Trafalgar Square, Covent Garden) par le bus 87, ce qui est
pratique, quand ce bus au fonctionnement très aléatoire veut bien venir...
Je n'ai mangé que dans des restaurants ethniques
(indien,
pakistanais, italien, chinois).
À Floral Street, juste
à côté du Royal Opera House et très près d'une plaque
commémorant le ballet Le Tricorne se trouve le restaurant
Masala Zone. On y mange un large
choix de thalis délicieux, un type de restauration indienne
quasi-inexistante à Paris.
La différence de mentalités se sent immédiatement. À l'intérieur de chaque strate de la société (pour le peu que j'en ai vu entre les quartiers chics et le coin un peu moins chic situé autour de mon hôtel), les gens paraissent bien plus mélangés, ethniquement parlant, qu'en France. J'ai même vu quelques saris au Royal Opera !
Le but principal de mon séjour était de voir une représentation de l'opéra Les Troyens. À cela se sont greffées des représentations de l'opéra Billy Budd au English National Opera et du ballet The Prince of Pagodas au ROH. J'y ai croisé à chaque fois Musica Sola qui est bien plus endurant que moi puisqu'outre ces trois spectacles, il avait au moins un ballet et un concert en plus à son programme du week-end !
Les quelques photos que j'ai prises à Londres sont ici.
⁂
Royal Opera House — 2012-06-29
Kenneth MacMillan, chorégraphie
Benjamin Britten, musique
Nicholas Georgiadis, décors et costumes
Colin Thubron, livret (d'après John Cranko)
John B. Read, lumières
Monica Mason, Grant Coyle, mise en scène
Christophe Saunders, Gary Avis, maîtres de ballet
Alexander Agadzhanov, Jonathan Cope, principal coaching
Grant Coyle, Karl Burnett, choréologues
Barry Wordsworth, direction musicale
Peter Manning, premier violon
Orchestra of the Royal Opera House
The Royal Ballet
Gary Avis, The Emperor
Itziar Mendizabal, Princess Épine
Sarah Lamb, Princess Rose
Federico Bonelli, The Prince
Valentino Zucchetti, The Fool
Andrej Uspenski, The King of the North
Johannes Stepanek, The King of the East
Jonathan Watkins, The King of the West
Brian Maloney, The King of the South
Thomas Whitehead, The Emperor's Counselor
Jonathan Howells, José Martín, David Pickering, Liam Scarlett, Doctors
Laura McCulloch, Eric Underwood, Lead Baboons, Lead Courtiers
Yuhui Choe, Hikaru Kobayashi, Emma Maguire, Fumi Kaneko, Grand Pas d'Action
Claire Calvert, Deirdre Chapman, Melissa Hamilton, Lara Turk, Grand Pas d'Action
Gemma Pitchley-Gale, Elizabeth Harrod, Francesca Hayward, Iohna Loots, Yasmine Naghdi, Romany Pajdak, Leticia Stock, Sabina Westcombe, Grand Pas d'Action
Sander Blommaert, Alexander Campbell, Kevin Emerton, Valeri Hristov, Kenta Kura, Ludovic Ondiviela, Fernando Montaño, Dawid Trzensimiech, Grand Pas d'Action
Artists of the Royal Ballet, Baboons, Courtiers and Flag Bearers
The Prince of the Pagodas, ballet en trois actes
Le soir de mon arrivée, j'assiste au Royal Opera House à une représentation du ballet The Prince of the Pagodas, dans une chorégraphie de Kenneth MacMillan. (Le livret et la chorégraphie d'origine sont de Cranko.) Je suis placé au premier rang de l'amphithéâtre :
On y voit bien et contrairement à l'amphithéâtre de l'Opéra Garnier, on y a suffisamment de place pour les genoux. Comme j'en ferai l'expérience deux jours plus tard pour Les Troyens, la pente est suffisante pour que les têtes des spectateurs assis devant ne gênent pas. C'est dans la dernière direction, la largeur, que c'est un peu juste. Pour peu que les voisins ne soient pas des balletomanes japonaises, on se sent rapidement à l'étroit.
Je suis globalement assez déçu par ce ballet. A priori, je m'attendais à quelque chose d'aussi haut en couleurs que La Bayadère. Les deux premiers actes sont désespérément peu dansants. La musique de Britten a beau être louée dans le programme vendu £6 (ce qui est moins cher qu'à Paris), elle ne semble pas très favorable à la danse, qui est très heurtée. Au cours du premier acte, le seul moment où la magie ait quelque peu opéré sur moi a été la variation dansée par Itziar Mendizabal dans le beau costume de Princess Épine (la méchante demi-sœur de Princess Rose) et ce d'autant plus que le numéro musical correspondant m'a particulièrement plu. Les deux demi-sœurs s'opposent à propos de la division du royaume de leur père. Par la magie, Épine prend provisoirement l'avantage. Les courtisans deviennent fous (ils ont l'apparence de singes !).
Les rois des quatre coins cardinaux se disputent la main des princesses. Des quatre variations, seule la dernière, interprétée par Brian Maloney (Roi du Sud) me plaît.
Le prince fiancé à Rose a été transformé en salamandre. Au cours du deuxième acte, alors qu'elle est en train d'accomplir un voyage dans un autre monde (qui est intériorisé dans cette version), Rose retrouve les rois des points cardinaux et son prince. Elle repousse les quatre rois. Suite à une manipulation astucieuse du Fool, elle a les yeux bandés, ce qui fait qu'elle ne voit pas le prince-salamandre avec lequel elle va danser. Pendant cette danse, le prince retrouve son apparence humaine, mais il revient à l'état de salamandre quand la princesse enlève son bandeau. Elle prend alors pitié de lui.
Je ne suis guère enthousiasmé par le peu de danse vu jusque là quand commence finalement le troisième acte, qui est superbe. En l'embrassant, la princesse Rose va retransformer la salamandre en beau prince. Celui-ci combattra les rois des points cardinaux (la scène du combat est un peu longue à mon goût). Enfin, la couronne pourra être confisquée à Épine et rendue à l'Empereur. Tout le monde pourra se réjouir, sauf Épine qui a disparu. Le grand divertissement qui en résulte permet enfin au corps de ballet de se mettre en valeur (une seule fois) sur un morceau de musique qui commence par une fugue. Le placement n'est pas aussi régulier qu'à Paris, mais l'ensemble est néanmoins fort réjouissant. Le pas de deux entre le Prince (Federico Bonelli) et la Princesse Rose (Sarah Lamb) est très beau également. Toutefois, en pensant par exemple au prince qui sous sa forme humaine ne fait que sourire, je reste dubitatif à propos des commentaires du programme qui vante l'exploration de la psychologie des personnages, par opposition à la danse conçue comme pur divertissement.
Dans ce ballet, un personnage tire les ficelles : c'est The Fool (Valentino Zucchetti), qui est très souvent présent sur scène. Il bondit et tourne sur lui-même. Ce n'est pas aussi impressionnant qu'un Mathias Heymann dans La Source, mais à défaut d'être très varié, cela se laisse regarder.
Les décors sont un peu sombres, mais j'ai aimé l'évocation du château par un assemblage de pièces détachées de tours, toutes biscornues et mouvantes, tandis que la pagode blanche peut apparaître au fond de la scène.
Si je n'avais pas su que ce ballet était de MacMillan, je l'aurais peut-être deviné puisqu'une des scènes fait très fortement penser au pas de trois incestueux de L'Histoire de Manon : le pas de cinq dans laquelle Princesse Rose évolue entre les quatre prétendants que sont les rois des quatre points cardinaux.
Bref, de cette première représentation du Royal Ballet, je retiens surtout les grandes qualités des interprètes des rôles principaux, et la quasi-absence du corps de ballet.
Ailleurs : Dansomanie.
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