« Le Sacre du Printemps à Garnier | Oberwolfach sous la neige »
2010-12-13 20:41+0100 (Oberwolfach) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2010-12-11
Franz Mazura, Der Haushofmeister
Martin Gantner, Ein Musiklehrer
Sophie Koch, Der Komponist
Stefan Vinke, Der Tenor (Bacchus)
Xavier Mas, Ein Tanzmeister
Vladimir Kapshuk, Ein Perückenmacher
Vincent Delhoume, Ein Offizier
Yuri Kissin, Ein Lakai
Jane Archibald, Zerbinetta
Ricarda Merbeth, Primadonna (Ariadne)
Elena Tsallagova, Najade
Diana Axentii, Dryade
Yun Jung Choi, Echo
Edwin Crossley-Mercer, Harlekin
François Piolino, Scaramuccio
François Lis, Truffaldino
Michael Laurenz, Brighella
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Philippe Jordan, direction musicale
Laurent Pelly, mise en scène et costumes
Michel Jankeliowitch, réalisation de la mise en scène
Chantal Thomas, décors
Joël Adam, lumières
Agathe Mélinand, dramaturgie et collaboration à la mise en scène
Franziska Roth, responsable des études musicales
Ariadne auf Naxos, Richard Strauss
J'étais avant hier soir à la première représentation de la reprise d'Ariadne auf Naxos à l'Opéra Bastille. Je connaissais l'histoire d'Ariane à Naxos (pour avoir lu récemment une traduction d'un extrait des Noces de Thétis et de Pélée de Catulle), mais je découvrais la structure de l'opéra le soir même.
Au cours de cet opéra, trois grandes chanteuses vont s'illustrer. Dans le prologue, Sophie Koch va jouer le rôle du Komponist qui a composé un opéra Ariadne auf Naxos tout spécialement pour les festivités organisées par l'homme le plus riche de Vienne. On voit passer la prima donna, mais on découvre aussi Zerbinetta qui a aussi été invitée à jouer son propre rôle pour un baisser-de-rideau qui racontera ses amours multiples. Le compositeur est horrifié que son art jouxte de telles niaiseries. À la fin du prologue, dans un coup de théâtre, le majordome annonce que le comte a décidé un changement de programme : la pièce bouffone ne sera jouée ni avant ni après l'opéra, mais en même temps. Consternation, mais il faut bien obéir au maître. Des tensions naissent : ni le ténor qui chante Bacchus ni la prima donna qui chante le rôle d'Ariane ne veulent voir les airs coupés.
Après l'entr'acte, le rideau se lève sur un décor qui pourrait être le
décor précédent en cours de construction (ou de destruction). Deux
chanteuses vont s'illustrer de fort belles façons, opposées autant sur la
forme que sur le fond. Ariane est la femme d'un seul homme, Thésée, qui l'a
abandonnée sur l'île. Elle se lamente sur son sort ; Naïade, Dryade et
l'Echo ne peuvent que le constater. Zerbinetta débarque en bikini et paréo,
accompagnée de quatre galants. Ils essayent d'attirer l'attention d'Ariane,
mais celle-ci est ailleurs. Elles ne peuvent de toute façon pas se
comprendre, Zerbinetta changeant sans cesse d'homme (quoiqu'elle admette en
avoir parfois deux en même temps). Les vocalises de Jane Archibald dans ce
rôle sont très spectaculaires. Dans le rôle beaucoup plus dramatique
d'Ariane, Ricarda Merbeth est également éblouissante. Son air Es gibt
ein Reich contient déjà un bon nombre de passages musicaux qui
reviennent au cours de l'opéra, dont la musique n'est pas sans rappeler
parfois Salomé. L'orchestre que dirige Philippe Jordan est très
réduit et l'orchestration distingue nettement les passages dramatiques et
ceux bouffe
de Zerbinetta et ses quatre compagnons (notamment par
l'utilisation des instruments à clavier).
La mise en scène n'est pas inintéressante, mais ce n'est pas ma préférée parmi celles de Laurent Pelly (dont j'avais adoré la mise en scène du Roi malgré lui). Les lumières de Joël Adam, elles sont très belles (ce qui compense avec le décor en parpaings).
Le grand drame de cette représentation d'opéra a été la prestation de
Stefan Vinke dans le rôle de Bacchus (et au premier acte celui du ténor).
Bien que je découvrisse l'opéra en direct, il m'a semblé qu'il y avait un
problème et jamais cela ne m'avait semblé aussi flagrant lors d'une
représentation d'opéra. Cependant, il y a eu quelques passages où il était
tout sauf ridicule, espérons que cela s'améliorera lors des prochaines
représentations (je vais y retourner deux fois...). Pour reprendre le fil
de cette Ariane..., Bacchus débarque après avoir fui Circé. Ariane
le prend pour Thésée ou pour la mort. Elle accepte son étreinte et s'en
retrouve métamorphosée, comme soulagée. Enfin, Zerbinetta revient pour
rappeller ce qu'elle avait déjà dit : Lorsqu'un nouveau dieu arrive,
nous nous abandonnons sans un mot !
.
Malgré le problème avec l'interprète du ténor (et aussi un peu avec le Tanzmeister), j'ai apprécié ce spectacle. L'idée de faire coexister deux types de personnages de mondes opposés est assez amusante. Je ne trouve cependant pas que ce soit le chef d'œuvre absolu comme je l'ai lu dans les textes très-enthousiastes du programme. L'intrigue de la partie mythologique est vraiment très réduite et l'intervention de Zerbinetta est faite dans une unique élan. Après son premier passage (mais quel passage !), la mise en scène nous la montre en train de conduire le minibus pour sortir du décor (et ne plus revenir qu'à la toute fin). Cependant, au cours de la soirée, on aura été rassasié par les performances de trois chanteuses dans des styles très différents, ce qui est en soi assez exceptionnel. Dans le prologue, on pouvait également apprécier d'autres personnages, comme celui, parlé, du majordome (Franz Mazura), ou celui du Musiklehrer (Martin Gantner). Très belles prestations aussi des trois chanteuses jouant les rôles de Najade (Elena Tsallagova), Dryade (Diana Axentii) et de l'Echo (Yun Jung Choi).
Le volume sonore peu imposant et la beauté de la musique faisaient que
la présence de tousseurs dans la salle était particulièrement pénible, tout
comme l'individu (probablement unique) qui a crié Bouh !
à la toute
fin juste avant la première salve d'applaudissements.
Monsieur,
Il est dans mes intentions de retourner aussi voir cette reprise avant Noël, rien que pour revoir Zerbinetta et entendre son duo avec Harlekin, un baryton d'exception.
Locksley
Coucou joël !
je reviens d'Ariane (merci d'avoir pensé à moi pour la place) - j'écluse mon retard de chroniquettes et je m'y mets ;-)
A bientôt !
K.
Vous pouvez poster un commentaire grâce au formulaire ci-dessous.
Date de génération : 2023-07-27 14:18+0530 ― Mentions légales.