« Salon du Livre 2007 | Grammaire, contresens »
2007-03-03 14:20+0100 (Grigny) — Correspondance — Photographies
Régie autonome des transports parisiens
Service Hygiène et Sécurité
54 quai de la Râpée
75012 Paris
Chère Régie,
Je voudrais vous faire part d'un dysfonctionnement affectant les vestibules du métro ; je veux parler de ces dispositifs automatiques servant à contrôler le titre de transport de l'usager et, le cas échéant, à le laisser entrer dans le réseau urbain.
Utilisé honnêtement, un modèle remplit parfaitement son office : le
vestibule tourniquet
. Je déplore cependant que l'usager doive
pousser un battant de forme protubérante en passant le tourniquet.
Contrairement à l'intention évidente du concepteur, on peut observer tous
les jours que ce battant ne fait nul obstacle à la fraude.
Un autre type de vestibule est apparu il y a quelques années. Dans ce
modèle, l'usager insère son ticket ou utilise son passe Navigo, la machine
bippe, des portes coulissantes coulissent, faisant une haie d'honneur à
l'usager. Ce dernier n'a que peu d'intérêt à se laisser distraire par la
beauté de cette machine des temps modernes, car attendant leur heur, les
portes coulissantes ne manqueraient pas de lui barrer l'entrée si celui-ci
prenait un peu trop son temps pour franchir le vestibule. L'usager en
serait doublement affligé puisque s'il venait à retenter sa chance, la
machine considèrerait que le ticket est déja passé
.
Maintenant, imaginez un seul instant que les portes coulissantes d'un
vestibule soient bloquées (cette situation n'est pas le fruit de ma seule
imagination). Ignorant ce fait, un usager honnête tente sa chance. Rien ne
se passe. Il retente sur le vestibule d'à côté, ce dernier voit rouge :
Déjà passé !
. Fort marri, cet usager n'aura guère d'autre solution que
d'attendre qu'un autre usager veuille bien souffrir de le laisser passer en
douce avec lui.
Faisons fi de ces bagatelles et venons-en maintenant au véritable objet de
la présente. Je prétends que ce vestibule guillotine
peut constituer
une atteinte aux personnes et aux biens. Il arrive en effet que les portes
se referment pendant la fraction de seconde pendant laquelle une partie de
l'usager ou de son bagage se trouve précisément dans l'alignement de ces
portes. Bien que j'eusse toujours marché avec célérité pour passer avec
succès cet examen quotidien que constitue le franchissement du vestibule,
il a dû m'arriver trois ou quatre fois de me faire happer par cette bouche
démonique sans que je ne trouvasse d'autre explication que la manifestation
spectaculaire d'une malfaçon dans la conception dans ces vestibules
guillotines. De facture plutôt robuste, mon corps n'a point trop souffert
de ces assauts ; ne souhaitant pas voir peser sur ma conscience
d'éventuelles blessures que de jeunes enfants se pourraient voir infliger
de la sorte, vous comprendrez que je ne pouvais m'abstenir de vous signaler
ce grave problème. Pour appuyer ma démonstration, je vous saurais gré de
bien vouloir examiner le piteux état dans lequel le livre que je
transportais s'est trouvé après que deux maudites portes de vestibule
guillotine se furent refermées sur moi en ce jour du 2 mars 2007 à la gare
de Lyon :
Il va de soi qu'avant cette fourbe attaque, ce livre était en parfait état.
Je considère qu'en installant des vestibules aussi manifestement dangereux, chère Régie, vous êtes la première responsable des dégats que les dysfonctionnements d'iceux engendrent. Si la considération ma tristesse devant cette couverture de livre ravagée pouvait l'émouvoir, je serais extrêmement reconnaissant à ma correspondante si celle-ci consentait à me dédommager en me proposant un remplacement de mon livre : André Couture, L'Enfance de Krishna, Patrimoines hindouisme, les Presses de l'Université de Laval, les Éditions du Cerf, 1991, ISBN 2-204-04202-1, 41€).
Cordialement,
À Grigny, le 3 mars 2007
Tu as l'air plus blessé dans ton style d'écriture que dans ta personne physique, morale ou livresque. Quel besoin d'être aussi pédant ? Je me demande quand même quelle était la position du livre quand il s'est fait sauvagement attaquer. A la main, dans un sac à dos ? En tout cas, au vu des ravages qu'il a subi, je recommande un petit bout de scotch, une bise sur le front et il n'y paraîtra plus.
Cela commençait à faire déjà longtemps que ce système de portes d'entrées dans le métro m'énervait et que j'envisageais d'envoyer une lettre à la RATP pour m'en plaindre. Le zigouillage de la couverture d'un livre qui m'a coûté plus de deux euros (et que je tenais à la main) a fait déborder le vase.
Comme de toute façon, cette lettre ne sert à rien, autant m'amuser un peu en forçant à l'extrême le caractère affecté (ou pédant si tu préfères) de mon style écrit.
le texte est écrit avec élégance et un style qui met en perspective son sujet... les mal lisants feraient mieux de garder pour eux leurs remarques qui ne témoignent que de la faiblesse de leur propres facultés d'expression, si ce n'est de celle d'autres encore. On ne sait pas si "KKMD" blogue, mais étant donné la teneur de son commentaire, on se dit que moins il écrit, mieux ça vaut.
flo : Merci. Je te présente KKMD, mon colocataire... Il n'est pas si méchant que ça !
eh bien découvrir un tel commentaire sur un blogue que j'aime lire, ça me hérisse totalement. Second degré alors ? Dans ce cas, faute d'avoir eu les éléments pour cerner "d'où" parlait KKMD, je me suis trompée -- mais tant mieux en un sens. Et mille excuses à KKMD pour ma réaction !
Tu as une copine Joël ? Parce qu'en fait j'ai vraiment l'impression que tu séduit bigrement flo.
Unknown: Je pense que vous vous égarez.
Amusant, ce frittage dans les commenatires entre gens qu'on connaît (certains ont même mnagé ensemble la semaine dernière !). En tout cas, j'étais assez mort de rire devant le décalage entre le contenu de la lettre et son ton, et attends avec impatience la réponse de la RATP à ce sujet...
flo: Premier degré, complètement. J'endosse volontiers le qualificatif de "mal lisant"... C'est vrai que je n'ai pas vu l'élégance dans les tournures ampoulées, ni même la perspective, mais bon, c'est de famille, mon père ne voit pas bien les reliefs non plus. Je ne blogue pas, non, bien qu'on puisse trouver un peu de ma prose sur le web. Enfin, bienheureux qui peut juger quelqu'un sur trois lignes. Promis, je n'interviendrai plus que pour dire des choses qui font plaisir et qui ne montrent pas mon incompétence crasse. D'ailleurs Joël fait raisonnablement bien la cuisine, il fallait que ça soit dit.
DH : Juste au cas où, « flo » n'est pas « Flo ».
Bon, je m'étais aussi égaré...
En tout cas, moi, je trouve le style de cette lettre absolument génial. J'espère que si tu reçois une réponse de la RATP et qu'elle a un intérêt tu nous en feras part.
Bon, pas grand chose à dire, sauf que ça fait du bien de vous lire tous et que c'est drôle, les uns comme les autres !
Mamamia, fin de thèse, mamamia je pars bosser 3 semaines en monastère (au Kansas)... a+
Bonjour,
Merci d'amener publiquement le sujet. J'apprécie autant le fond que la forme de cette lettre, et me joins à la requête de Ruxor pour la suite !
J'ai eu la même expérience, pas avec un livre, mais avec une valise à roulettes. En général, j'utilise le passage dédié, mais toutes les stations à guillotine ne disposent pas d'un passage pour les personnes à mobilité réduite.
Une valise à roulettes est difficile à manier dans le vestibule mènant à la guillotine.
D'abord, il faut la positionner bien en face, pour que l'on puisse courir à travers la haie d'honneur sans que la valise ne ralentisse à cause des frottements latéraux.
Ensuite, il faut se placer le plus près possible de la haie avant d'insérer son ticket : le temps est limité, chaque pas compte.
On doit donc faire face à la haie, la valise tenue de la main gauche derrière soi dans le vestibule, et valider de la main droite en tendant son bras en l'arrière, le corps tourné de 45 degrés vers la droite.
Ensuite, c'est la course. Je pense qu'on a entre une et deux secondes, pas plus. Il faut faire sauter la valise plutôt que glisser.
Avec cette méthode, j'ai un taux de réussite satisfaisant.
Quelquefois, les mâchoires se bloquent sur ma valise, et je dois attendre qu'un gentil samaritain vienne me libérer; gentil mais candide, puisqu'il prend à son tour le risque d'être coincé, estropié, ou de voir son titre de transport désactivé, surtout s'il n'est pas au courant du fonctionnement de la machine, ou si, pris dans le flux des passagers, il a fait l'erreur de valider son titre au moment même où les mâchoires se refermaient.
Dans ce cas, je sauve ma valise, mais lui, il est foutu.
NB : je pense qu'ils répondront à ton courrier. La RATP se montre assez ouverte au dialogue, cela se voit par exemple dans les "espaces d'information" remodelés, ou dans les affiches qui mentionnent systématiquement le nomp, le numéro de téléphone et l'adresse mail des responsables de chaque ligne.
Tiens nous au courant !
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