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2013-12-25 13:37+0530 (சென்னை) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne — Voyage en Inde XII
Hier, je crois avoir faire l'expérience autant du meilleur que du pire de la Saison de Décembre...
Sri Krishna Gana Sabha, Dr. Nalli Gana Vihar, Chennai — 2013-12-24 à 07:00
Sengalipuram Brahmasri Vittaldas Jayakrishna Dikshithar Maharaj, Namasankirthanam
La journée commence plutôt bin avec du Namasankirthanam.
Quelques brâhmanes torses nus ont pris place sur la scène de la grande et
confortable salle du Sri Krishna Gana Sabha qui est très bien remplie
malgré l'heure matinale. Les musiciens incluent cinq percussionnistes (un
tabla, quatre mridangam, un ghatam), deux harmoniums, une vingtaine de
chanteurs dont le rôle sera d'accompagner le meilleur d'entre eux dans
cette cérémonie vishnouïste. Le maître est enguirlandé de fleurs plusieurs
fois et un ventilateur est placé juste derrière lui ! Des effigies grandeur
nature de quelques maîtres spirituels ont été placées sur le côté de la
scène. La première partie de ce programme qui durera environ deux heures
est chantée. Les vers évoquant quelques divinités sont prononcés par le
maître, puis repris par le chœur tandis que le public bat des mains en
rythme. Le chant est plutôt beau, et carrément sublime à un moment
particulier ayant suivi une prière à Ganesh : tous prononçaient le nom
Ram
de façon continue.
La deuxième partie avait l'air d'être une sorte de conférence illustrée de chant ou de chant commenté. Les commentaires étant en tamoul uniquement, j'ai trouvé le temps un peu long...
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Je me suis ensuite dirigé vers la station de trains de Mylapore pour descendre à Thiruvanmiyur afin d'acheter un billet pour un dance-drama à Kalakshetra. Je voulais voir Sabari Moksham qui raconte le troisième livre du Ramayana, mais tous les billets avaient déjà été vendus. En me promenant dans l'enclave de cette école de danse, j'aurai au moins pu apercevoir quelques classes de danse bharatanatyam. Je me demande comment les professeurs et élèves font pour s'y retrouver dans la mesure où la vigoureuse battue rythmique des professeurs frappant un morceau de bois s'entend depuis une distance plus grande que celle qui sépare les différents bungalows.
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Narada Gana Sabha, Sadguru Gnanananda Hall, Chennai — 2013-12-24 à 14:00
Priya Venkatraman, danse bharatanatyam
J'avais déjà vu Priya Venkataraman à Paris dans le
cadre d'un récital de danse bharatanatyam synchronisée
. Dans la
grande salle peu remplie du Narada Gana Sabha, elle donnait en début
d'après-midi un récital solo. Le chanteur Sri K. Hariprasad est le même que
lors du récital de Meenakshi Srinivasan de la veille (et
le percussionniste est le même que lors du récital de Sanjana Prasad, le
monde des musiciens de Chennai est petit !). La sonorisation étant mieux
réglée, j'apprécie bien davantage son chant. Il a commencé par la même
prière à Ganesh, puis a interprété un Pushpanjali qu'il a composé
lui-même en l'honneur de Ganesh. La danseuse ne m'enthousiasme pas. Tout
est exécuté très proprement, mais il y a quelque chose qui manque pour que
je sois complètement séduit. Le regard de la danseuse et son sourire
manquent de concentration. Je m'ennuie beaucoup pendant le Varnam
qui évoque le jeune Krishna. Dans l'évocation de jeux d'eau, j'ai toutefois
aimé la façon de représenter une jeune femme en train de se baigner dans la
Yamuna (pendant que Krishna lui chippe ses vêtements...).
Le chanteur interprète maqgnifiquement Ashtapadi (je présume qu'il s'agit du texte de Jayadeva). Radha souffre de la séparation et ne peut s'empêcher de penser à Lui : tout ce qu'elle voit lui rappelle Krishna.
Le récital s'est conclu par un Tillana dans lequel la danseuse évoquait un personnage féminin puis Shiva et Parvati.
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Sri Krishna Gana Sabha, Kamakoti Gana Mandir Hall, Chennai — 2013-12-24 à 16:00
Janane Sethunarayanan, danse bharatanatyam
Sinitha Purushothaman, danse bharatanatyam
Smrithi Krishnamurthy, danse bharatanatyam
Le grand frisson de la journée est venu d'un récital de trois disciples d'Anita Guha. Le nattuvanar est la même Jaishri (Ramanathan) que lors du récital de Meenakshi Srinivasan. Outre une chanteuse, l'orchestre comporte aussi un violon, une flûte et un mridangam.
Le récital commence par un Alarippu mettant en scène les trois danseuses. Leurs mouvements s'accélèrent progressivement alors qu'elles vont évoquer des thèmes shivaïtes. La belle image de fin pourrait être celle de Muruga accompagné de ses deux épouses, mais il ne s'agit que d'une conjecture de ma part.
Les trois danseuses ont ensuite interprété un magnifique Varnam. La première partie évoquait le jeu de séduction entre Shiva et Parvati, cette dernière obtenant les faveurs de Shiva par l'ascèse. Le dieu Kama est curieusement absent de cette chorégraphie. La deuxième partie évoquait la Déesse. Shakti a ainsi été représentée de façon très picturale par les trois danseuses alignées (chacune montrant des attributs particuliers), et fait original, elles se déplaçaient latéralement en formation ! L'aspect guerrier de la Déesse (Mahishasuramardini) était mis en valeur, mais la partie la plus magique du Varnam est venue de l'évocation de Sarasvati et surtout des Arts en général, via l'évocation de la beauté du son, la vînâ, le tambour, etc. Le plus beau moment a été l'évocation du Tala, que les danseuses suggéraient par des claps et surtout un magnifique Jati qui n'était accompagné que par le mridangam (et occasionnellement par les cymbales). Ni onomatopées rythmiques, ni chant ni violon ni flûte ! C'est un des jati les plus délicieux que j'aie vus ! Enfin, toujours dans l'évocation des Arts, les danseuses montraient les Navarasa, les neuf saveurs ou émotions classifiées. Au lieu de mettre en valeur chacune d'entre elles dans des épisodes successifs d'un Varnam comme cela se fait usuellement, les Rasa étaient montrés par les différentes danseuses dans une succession rapide. Par exemple, une danseuse prenait la forme de Shiva pour suggérer la Colère.
(Il est à noter que des bijoux ornant les cheveux d'une danseuse sont tombés sur la scène, la rendant quelque peu dangereuse à cause des parties pointues de ces bijoux. Les danseuses ont néanmoins réussi à éviter de se faire mal.)
Une autre merveilleuse pièce a suivi. La texte chanté était un Bhajan de Tulsidas. Les trois danseuses jouaient le rôle des trois épouses Kaushalya, Sumitra et Kaikeyi de Dasharata, père de Rama. S'il est relativement courant en bharatanatyam de représenter l'amour maternel de Yashoda pour Krishna, j'ai trouvé intéressant que l'objet de cet amour soit Rama.
Le récital s'est conclu par un Tillana évoquant un peu sommairement Vishnu sous le nom de Padmanabha.
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Chennaiyil Thiruvaiyaru, Kamaraj Memorial Hall, Chennai — 2013-12-24 à 19:30
Sudha Ragunathan, chant
Lakshman Shruti Orchestra
Imaginez que vous allez voir Parsifal et qu'une fois installé à
votre siège on vous dit que le Parsifal est malade et qu'on jouera des
chansons d'Annie Cordy en remplacement. C'est à peu près ce qui m'est
arrivé avec les dangereux escrocs de Chennaiyil Thiruvaiyaru. Avant
d'arriver, je me méfiais déjà de ce Sabha qui laisse à penser que c'est
tout comme si on avait confié la programmation d'une salle de musique
classique occidentale à TF1. Quand le rideau de scène s'est levé (très en
retard), des chaises étaient disposées pour un orchestre
et pas
vraiment pour un concert de musique carnatique. Certes, Sudha Ragunathan,
malade, ne pouvait pas chanter, mais le minimum aurait été de rembourser les
spectateurs (surtout que l'entrée était à 500 roupies minimum). On a
enguirlandé la chanteuse qui s'excusait de ne pas chanter et le réalisateur
K. Balachander dont je me demande bien ce qu'il faisait là, et puis des
chanteuses sont venus interpréter des chansons insipides. Je suis parti après
un peu plus de vingt minutes de supplice.
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