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2013-11-12 18:53+0200 (Orsay) — Culture — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Je voudrais avec ce billet faire une présentation du bharatanatyam. Il s'agit d'un des styles de danses classiques de l'Inde. Une partie de ce que je vais dire pourrait aussi s'appliquer avec certaines variations à des styles apparentés (kuchipudi, odissi, mohiniattam), mais je vais me limiter au style que je connais le mieux. Ma pratique du bharatanatyam n'étant que balbutiante, tout ou presque tout ce que je sais (ou crois savoir) sur le bharatanatyam vient de mon expérience assidue de spectateur (voir la rubrique danses indiennes de ce blog). Ma présentation ne sera pas celle d'une personne ayant une connaissance de cette danse par la pratique ; ce ne sera pas non plus un discours idéalisé et intellectualisant comme celui de Katia Légeret dans cette intéressante émission sur France Culture. Je pense en effet qu'il est possible d'apprécier cette danse et d'en acquérir une certaine compréhension sans être danseur ni philosophe. Je me place donc résolûment du point de vue du spectateur.
Si les inventeurs du mot ont pris soin de le doter d'une respectable
étymologie, le nom bharatanatyam
(ou plus précisément
bharatanātyam) a été formé au XXe siècle. Le style est
issu d'une danse pratiquée dans les temples du Sud de l'Inde et dans les
cours royales. Comme pour les autres styles classiques cités plus haut, le
texte de référence est le doublement millénaire Naṭyaśastra. La
danse est passée des temples au théâtre au XXe siècle et de nos
jours elle est le plus souvent représentée dans le cadre d'un récital
mettant en scène une unique danseuse. (La proportion d'hommes étant très
faible parmi les danseurs de bharatanatyam, j'utiliserai la forme
féminine de ce nom.)
Si la musique n'est pas enregistrée, les musiciens s'installent côté
cour, c'est-à-dire du côté gauche de mon point de vue (celui du
spectateur). L'orchestre
comprend en général quatre musiciens.
La partie mélodique est assurée par un chanteur et un instrument
d'accompagnement (violon, flûte ou vînâ). La partie rythmique l'est par un
percussionniste, qui utilise un tambour à deux faces (mridangam),
et par le nattuvanar, qui utilise des cymbales appelées
nattuvangam. C'est le nattuvanar qui possède le rôle le
plus important puisqu'il est le chef d'orchestre et qu'il est aussi bien
souvent le maître de danse ou guru de la danseuse. La tradition des hommes
maîtres de danse (qui ne dansaient pas forcément eux-mêmes) est en voie de
disparition. Ainsi, de nos jours, le rôle de nattuvanar est le
plus souvent assuré par une femme.
Il est assez courant que le Seigneur de la danse (Shiva-Nataraja, voir plus bas) soit représenté par une sculpture placée du côté droit de la scène, et il n'est pas rare que l'on fasse brûler de l'encens.
Un récital de bharatanatyam est constitué d'une suite de
pièces. La plupart d'entre elles font entre 5 et 10 minutes environ, mais
certaines peuvent être plus élaborées (une demi-heure ou plus). En première
approche, on peut distinguer deux types de pièces : les pièces de danse
pure
et les pièces narratives.
Les pièces de danses pures n'ont pas de contenu narratif. Bien que tous les mouvements utilisés puissent avoir un sens dans un contexte narratif, la danse pure n'aspire qu'à mettre en valeur la beauté du mouvement. Néanmoins, une pièce qui est principalement de danse pure possède en général un sens global dans la succession des pièces qui constituent un récital. Ainsi, la première pièce d'un récital est une pièce principalement de danse pure dans laquelle on pourra voir la danseuse mimer une offrande de fleurs (Pushpanjali). Le début du récital comporte aussi très souvent un Alarippu : dans ce type de pièce, différentes parties du corps de la danseuse se mettent progressivement en mouvement (yeux, tête, bras, pieds, mains...) et le rythme de la danse s'accélère petit à petit, comme sur cette vidéo de la danseuse Rama Vaidhyanathan :
L'aspect rythmique joue un rôle prépondérant dans la musique des pièces de danse pure. La musique est en effet constituée principalement des syllabes ou onomatopées rythmiques prononcées par le nattuvanar qui actionne en même temps ses cymbales. Dans des pièces de danse pure appelées Jatiswaram, plutôt que les syllabes rythmiques, on entend le nom des notes du solfège indien. Ces notes (ou swaras) sont Sa, Re, Ga, Ma, Pa, Dha, Ni. La musique utilise alors un mode particulier, ou plus précisément un Raga de la musique carnatique, le style de musique classique du Sud de l'Inde. Avant que la danse proprement dite ne commence, la pièce débute parce qu'on appelle le Ragam Alapana (ou simplement Ragam). Il s'agit d'une improvisation mélodique sans accompagnement rythmique. (Cette improvisation se distingue de l'Alap, son homologue dans la musique du Nord de l'Inde : elle est plus courte et n'a pas non plus la même structure.) Au début de la vidéo suivante d'Apoorva Jayaraman, disciple de Priyadarsini Govind, le Ragam est interprété par la flûte :
Comme c'est souvent le cas dans les pièces de bharatanatyam, la
musique de cet extrait comporte en fait plusieurs Ragas (cinq, si
j'en crois la notation disponible à cette
adresse). On dit ainsi que le Raga est Malika pour
signifier qu'il s'agit d'une guirlande de ragas
.
Les pièces de danse bharatanatyam que je trouve les plus passionnantes sont les pièces narratives. En théorie, des histoires de toutes sortes peuvent être racontées, mais en pratique, de nos jours, les thèmes retenus sont liés à la religion hindoue. Les pièces peuvent rendre hommage aux divinités en évoquant leurs exploits et leurs attributs, mais il s'agit là mon avis davantage d'une évocation que d'une narration. Les pièces résolument narratives racontent des épisodes de la mythologie hindoue (tirés des épopées et des Purāṇa). Parmi les pièces narratives élaborées, celles mettant en scène la dévotion pour une divinité sont les plus fréquentes et le plus souvent cette dévotion est symbolisée par l'amour d'une jeune femme (nayika) pour cette divinité qui est dans la plupart des cas Shiva, son fils Muruga ou Krishna.
Dans ces pièces, la danseuse doit faire preuve de ses qualités en abhinaya, l'art de l'expression. Il faut en effet un certain talent à la danseuse pour suggérer par ses mouvements, attitudes et expressions quel est le personnage qu'elle interprète à un instant donné, ce qu'il fait et ce qu'il ressent, et ce sans l'aide d'aucun accessoire ni costume spécifique, la tenue de la danseuse étant invariablement la même. Une difficulté supplémentaire est que la danseuse interprète tous les personnages (qui sont le plus souvent au nombre de deux).
Pour que l'histoire puisse être comprise, la danseuse utilise divers mouvements et poses. Certains mouvements sont très intuitifs, comme la façon de mimer l'éclosion de fleurs. Le chorégraphe de la Variation de l'Idole dorée dans La Bayadère l'a bien compris quand il a voulu faire couleur locale, comme on peut le voir sur cette vidéo d'Emmanuel Thibault :
D'autres mouvements des danseuses de bharatanatyam obéissent à
une codification. Sur la vidéo ci-dessus, on peut ainsi remarquer la
position des mains (mudra) utilisée par le danseur :
Hamsasya ou Tête de cygne
, cf. cet
article du journal The Hindu. (Il est amusant de constater que
les danseurs de l'Opéra n'utilisent pas tous la même position des mains dans
cette variation. Mathias Heymann fait
comme Emmanuel Thibault, mais Wilfried Romoli et Alessio Carbone
joignent le pouce au majeur et non à l'index, ce qui n'est semble-t-il pas
un mudra répertorié...) Un autre exemple courant de cette
codification est donné la position de la main évoquant le
croissant de Lune :
Croissant de Lune
(Chandrakala), photographie d'Aruna pour Wikipedia.
Cette codification est une des difficultés importantes qui se posent au spectateur. On peut très bien apprécier le bharatanatyam de façon naïve sans vraiment chercher à en comprendre le sens, je l'ai fait pendant plusieurs années, mais il est alors difficile de faire complètement abstraction du fait flagrant que la danse a un sens et que celui-ci reste caché.
Une problématique semblable se pose quand on va voir un ballet classique ou un opéra dans une langue étrangère (on notera qu'avec beaucoup de chanteurs, même Français, le français sonne comme une langue étrangère). Si on peut suivre le texte des opéras grâce au surtitrage, il est cependant préférable d'avoir une connaissance préalable de la trame narrative. Il en va de même pour les ballets, ne serait-ce que pour savoir que l'héroïne de La Bayadère s'appelle Nikiya et qu'elle est amoureuse de Solor ; rien dans le ballet qui se présente aux yeux des spectateurs ne permet de soupconner que tels sont leurs noms ! (À l'inverse, quand on entend l'opéra Lohengrin pour la première fois, on pourrait aimer partager avec Elsa von Brabant le fait d'ignorer le nom du héros.)
Avec le bharatanatyam, une difficulté supplémentaire se pose : en entrant dans la salle, le spectateur ne sait a priori pas quels thèmes narratifs seront traités au cours du récital ; c'est dommage, et j'estime qu'une plus grande publicité pourrait être donnée à ces thèmes préalablement aux représentations. Le spectateur n'est cependant pas totalement démuni. Plusieurs éléments peuvent l'aider à comprendre. Avant le début de chaque pièce, il est pour ainsi dire systématique qu'une voix off prononce un résumé de la pièce qui va suivre. (En Inde, ces annonces se font en général en anglais, même à Chennai. Il ne m'est arrivé qu'une ou deux fois d'entendre des annonces en tamoul.) Parmi les informations données, on pourra aussi entendre le nom du raga et du cycle rythmique (tala), le compositeur de la musique, le poète, le chorégraphe, etc. Il est heureux que les explications données par la voix off soient souvent accompagnées d'une démonstration par la danseuse des mouvements de bras et de mains les plus significatifs. Ceci permet au spectateur d'assimiler le sens de nouveaux mouvements et de les reconnaître quand la danseuse les utilisera dans son interprétation de la chorégraphie. Le spectateur peut aussi s'aider des mots prononcés par le chanteur. Les danses narratives sont en effet accompagnées d'un poème chanté. La langue est le plus souvent le tamoul, le télougou ou le sanskrit. Comme les thèmes traités par le bharatanatyam sont liés à la religion hindoue, être familier avec la mythologie hindoue favorise beaucoup la compréhension. Il n'est cependant pas suffisant de connaître le nom des divinités principales (comme Shiva ou Vishnu), puisqu'un nom ou épithète spécifique de la divinité peut être utilisé (comme Mahadeva, Svayambhu, Pashupati, Nilakantha, Padmanabha, Govinda, Hari, etc.). Suivant les noms utilisés, il est intéressant de savoir comment la divinité est représentée dans l'iconographie puisque l'on peut alors la reconnaître dans la posture de la danseuse.
Par exemple, à partir de 4'40" sur la vidéo ci-dessus, on peut voir Meenakshi Srinivasan évoquer un lotus qui en éclosant se métamorphose en Krishna, dans sa représentation la plus courante en tant que joueur de flûte (laquelle lui sert à ensorceller le cœur des bergères) :
Cette vidéo est celle de l'invocation de Krishna que Meenakshi Srinivasan avait dansé au début de ses récitals au Musée Guimet en 2012 (cf. mon billet). Cette vidéo illustre une caractéristique quelque peu déroutante des pièces évocatrices ou narratives du bharatanatyam. Bien que plutôt narratives, ces pièces comportent des passages de danse pure (jati) et il faut en fait considérer ces pièces comme une alternance entre la danse narrative et la danse pure. Du point de vue musical, cela correspond essentiellement à la domination de l'une ou de l'autre des composantes mélodique ou rythmique. Dans les parties narratives, on entendra plutôt des vers extraits d'un poème tandis que dans les passages de danse pure, on entendra plutôt des onomatopées rythmiques. Sur la vidéo ci-dessus, l'alternance entre danse pure et danse expressive se fait de façon très harmonieuse, mais le contraste entre ces deux composantes de la danse peut parfois paraître très abrupt.
La plupart des récitals de bharatanatyam comportent une pièce nettement plus développée que les autres et souvent appelée Varnam. On peut y observer l'alternance entre danse narrative et danse pure comme sur la vidéo précédente, mais à une toute autre échelle, puisqu'un Varnam dure en général plus d'une demi-heure. Les pièces narratives les plus élaborées traitent un thème, soit d'une façon continue, soit sous la forme d'épisodes bien délimités mais ayant tous un rapport avec un thème plus général. Dans mon expérience de spectateur, l'exemple fondateur fut le Varnam de Srithika Kasturi Rangan vu en février 2010 à Chennai et qui était constitué de six épidodes du Rāmāyaṇa. Un autre exemple fut Panchakanya de Gayatri Sriram au NCPA de Mumbai en juillet 2011 : les vies de cinq personnages féminins de la mythologie étaient évoquées, et notamment celle de Draupadi, le principal personnage féminin du Mahābhārata. Un thème très courant de Varnam, déjà évoqué plus haut, est celui d'une jeune femme éprise d'une divinité. Le sentiment général exprimé par la danseuse est alors l'Amour (Sringara), mais l'attitude changeante de l'héroïne dans sa relation avec la divinité permet à la danseuse d'exprimer des sentiments très variés au cours d'une pièce aussi développée que l'est un Varnam.
Ces différents sentiments ou saveurs (Rasa) sont classifiés et sont au nombre de neuf (ou huit suivant que l'on inclue ou non le sentiment de Paix). Certaines pièces de bharatanatyam sont basées sur la mise en valeur des neuf rasas (Navarasa). C'est le cas de Navarasa Mohana dans laquelle Rama Vaidhyanathan fait preuve de ses éblouissantes qualités d'expressions en explorant les réactions de neuf types de personnes voyant Krishna alors qu'il entre à Mathura pour tuer Kamsa :
De cette notion de Rasa dérive le nom donné aux personnes
capables de ressentir et d'apprécier les sentiments exprimés par la
danseuse : ce sont les rasikas. En Inde, quand une petite
introduction est faite avant un concert de musique carnatique ou un
spectacle de danse, l'orateur s'adresse souvent aux membres de
l'association organisatrice et aux spectateurs en disant quelque chose
comme Good evening, members and rasikas.
. Il ne faut donc
pas s'étonner de lire la mention Rasikas are welcome.
dans
les annonces de spectacles. (Accessoirement, il semble que cela signifie
aussi que le spectacle est gratuit.)
Si la plupart des pièces narratives comportent des passages de danse pure, il existe aussi des pièces de pure abhinaya, certaines étant appelées Padam ; elles sont souvent interprétées vers la fin du récital. La musique est alors résolument mélodique et le tempo modéré. Ce type de danse se compare assez bien avec l'adage en danse classique occidentale. La vitesse est mise entre parenthèses : les qualités d'expression priment, et ce sont les danseuses les plus expérimentées qui s'y révèlent les plus convaincantes. N'ayant vu que trop rarement ce type de pièces, mon échantillon n'est sans doute pas très représentatif, mais il m'a semblé que les thèmes liés à Krishna avaient une certainte importance dans ce type de pièces. Un thème particulièrement délicieux est celui de l'amour filial de Yashoda pour l'espiègle Krishna. Dans la vidéo ci-dessous, la danseuse fait l'éloge de Vishnu qui est ici appelé Narayana ; elle commence par le représenter couché sur l'Océan cosmique (cf. plus bas) puis fait l'éloge de sa beauté sous la forme de Krishna (qui joue de la flûte, qui est paré de bijoux, etc) :
Les récitals de bharatanatyam se terminent presqu'invariablement par une pièce de danse pure appelée Tillana. Le rythme est assez vif, les mouvements sont circulaires. La beauté du mouvement et la joie qu'elle procure laissent une agréable impression finale aux spectateurs. S'il est en principe constitué essentiellement de danse pure, le Tillana peut aussi être narratif. Les deux vidéos ci-dessous sont les deux parties d'un très réjouissant Tillana du répertoire carnatique (composé par Oothukadu Venkata Kavi) qui met en valeur l'espiègle enfant Krishna qui vient à bout du serpent Kaliya qui empoisonnait les eaux d'un étang situé près de la rivière Yamuna :
Dans cette dernière partie, je décris quelques images classiques de l'iconographie hindoue qui sont fréquemment utilisées dans le bharatanatyam.
La divinité la plus importante dans le bharatanatyam est Shiva. Sous le nom de Nataraja, c'est le Seigneur de la danse. Il est souvent présent sur scène sous cette forme :
On ne le voit pas forcément très bien sur cette petite sculpture un peu cheap, mais la main droite supérieure porte le tambour Damaru, symbole de création. La main gauche supérieure porte le feu, associé à la destruction. Le bras gauche inférieur fait penser à la trompe d'un éléphant. La main droite inférieure fait un signe de protection. La jambe gauche est levée et avec le talon du pied droit, Nataraja écrase Apasmara, le démon de l'ignorance.
Sur la vidéo ci-dessous, on peut voir la danseuse Nikolina Nikoleski prendre la pose caractéristique de Shiva-Nataraja, et à partir de 5'20", détail intéressant, on la voit écraser le démon de l'ignorance avec son talon :
Cette vidéo évocatrice de Shiva mérite d'être vue en entier. Le morceau de musique utilisé est très connu (Bho Shambho) ; on peut lire à son propos un billet du blog Music to my ears.
Statue de Shiva en arrière-plan, Haridwar
La sculpture en arrière-plan sur cette photographie est une des représentations les plus courantes de Shiva et de ses attributs. Ces attributs sont également mis en valeur dans la vidéo ci-dessus. Dans son bras gauche, il porte le trident auquel est accroché le tambour Damaru. Un serpent est enroulé autour de son cou. Il porte un collier de Rudraksha. Un troisième œil est situé au milieu de son front. Ses cheveux forment un chignon tressé dans lequel on distingue le croissant de Lune. Certains concepteurs de fontaines ajoutent un jet d'eau symbolisant la rivière Ganga s'échappant du chignon de Shiva, comme au temple Shri Durgiana à Amritsar :
Shiva, Temple Shri Durgiana, Amritsar
Une des plus belles images de l'iconographie hindoue est à mon avis celle de Vishnu couché sur le serpent Shesha (ou Ananta) qui flotte sur l'Océan cosmique. De son nombril émerge un lotus sur lequel se tient Brahma, ce qui vaut à Vishnu le nom de Padmanabha :
Vishnu couché
sur le serpent (détail d'un gopuram du temple Kapaleeshwarar à
Chennai).
On peut noter que Lakshmi, l'épouse de Vishnu, est en train de lui faire un massage. Par ailleurs, Vishnu porte dans sa main droite supérieure le Disque (Cakra).
Cette image a été réinterprétée par Amruta Patil dans son magnifique roman graphique Parva (premier volume d'une trilogie sur le Mahābhārata) :
Couverture de Parva d'Amruta Patil
(Ce livre peut constituer une très bonne introduction à l'iconographie hindoue.)
La représentation de Vishnu couché est une des plus élégantes qui soient dans le bharatanatyam. Elle apparaissait au début de la vidéo de Padam un peu plus haut. C'est aussi celle que l'on voit sur cette photographie du maître de danse C. V. Chandrasekhar :
C. V.
Chandrasekhar évoquant Vishnu-Padmanabha, photographie chipée sur le site
de The Hindu.
Krishna est un des avatars de Vishnu, un des plus populaires avec Rama. Dans la littérature indienne, il peut être le très jeune garçon espiègle qui commet des bêtises (comme voler du beurre ou manger du sable) et qui inspire de tendres sentiments à Yashoda, sa mère adoptive. C'est aussi celui qui enchante les bouvières (gopis) par le son de sa flûte. Parmi elles se trouve Radha, dont le Gîta-Govinda de Jayadeva narre les amours avec Krishna, un thème souvent utilisé dans le bharatanatyam et qui peut être considéré comme une métaphore de la dévotion à la divinité. Enfin, Krishna est le cocher d'Arjuna dans le Mahābhārata (ceci lui vaut le nom de Parthasarathy). Quelques uns de ces aspects ont déjà été évoqués plus haut, alors je me contenterai de l'image suivante, parfois évoquée dans des chorégraphies de bharatanatyam, et qui montre Krishna en train de soulever le mont Govardhana avec un seul doigt afin d'abriter les bouviers qui subissaient les pluies lancées par le dieu Indra, furieux que les villageois délaissent son culte :
Krishna soulevant le mont Govardhana, Krishna Temple, Vrindavan, Uttar Pradesh
Sarasvati peinte par Raja
Ravi Varma.
Divinité associée à Brahma, Sarasvati est la déesse de la connaissance et des arts. À ce titre, il est assez courant qu'elle soit évoquée au début d'un récital de bharatanatyam. Dans ce que l'on peut considérer comme une version indienne d'Apollon musagète (Balanchine), on peut ainsi voir la danseuse suggérer la vînâ dont Sarasvati joue ou encore un stylet dont on peut se servir pour écrire.
Depuis que le Théâtre de la Ville ne propose plus de spectacles de danses indiennes, il faut se tourner vers des institutions un peu spécialisées :
Bravo pour votre très bel article et très complet!j'ai beaucoup apprécié!
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