« Le vite dit de juin/juillet 2013 | Vaibhav Arekar et Anuya Rane au Musée Guimet »
2013-10-31 14:15+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Cité de la musique — 2013-10-05
Françoise Lasserre, direction musicale et conception du projet
François Rancillac, mise en scène
Sabine Siegwalt, dramaturgie, scénographie et costumes avec la collaboration de Parvesh & Jai
Charlotte Delaporte, assistanat de la mise en scène et travail du mouvement
Dominique Fortin, lumière
Baptiste Chapelot, direction technique
Madhup Mudgal, composition du prélude
Arushi Mudgal, danse odissi
Dávid Szigetvári, Orfeo
Claire Lefilliâtre, Musica, Messagiera
Nitya Urbanna Vaz, Euridice
Dagmar Saskova, Ninfa
Aude Priya, Proserpina
Jean-Christophe Clair, Speranza, Pastore, Spirito
Jan Van Elsacker, Pastore, Spirito
Johannes Weiss, Pastore, Spirito
Hugo Oliveira, Caronte, Pastore, Spirito
Geoffroy Buffière, Plutone
Akadémia
Laurent Stewart, clavecin
Emmanuel Mandrin, orgue
Thomas Dunford, archiluth, guitare
Quito Gato, théorbe, guitare
Flora Papadopoulos, harpe triple
Lucas Peres, lirone
Sylvia Abramowicz, ténor de viole
Sylvie Moquet, basse de viole
Yuka Saïto, basse de viole
Matthieu Lusson, violone
Flavio Losco, Jose Manuel Navarro, violons
Etienne Mangot, violoncelle
Frithjof Smith, Josue Melendez, cornets
Claire Michon, Michel Quagliozzi, flûtes
Thierry Gomar, percussion
Murad Ali, sarangi
Sanjeev & Ashwani Shankar, shehnai
Mithilesh Jha, tabla
Mohan Shyam Sharma, pakhawaj
Michel & Marie-Thérèse Guay, tanpura
Neemrana Vocal Ensemble
Nadya Balyan, chef de chœur
Sparsh Bajpal, Priyanka Mukherjee, Ashwani Parameshwar, Ramya Roy, sopranos
Nadya Balyan, Isabelle Faure Jaitly, altos
Prabhat Chandola, ténor
Bhanu Sharma, basse
Antoine Redon, producteur exécutif pour la Fondation Neemrana
Valérie Déal, régie surtitrage
Orfeo par-delà le Gange (Monteverdi)
Depuis son passage au Musée Guimet il y a un an, j'avais bien retenu le nom de la danseuse Arushi Mudgal. Ainsi, lors de la sortie de la brochure 2013/2014 de la Cité de la musique, quand je vis qu'elle participerait avec d'autres artistes indiens à une production de l'opéra Orfeo de Monterverdi, j'incluai immédiatement ce spectacle à mon abonnement.
Le spectacle a commencé par un prélude magnifiquement dansé par Arushi Mudgal sur une musique de son père Madhup Mudgal. Sa danse était au début très lente, comme souvent dans le style odissi, ce qui permet de bien apprécier les moindres mouvements de mains, et puis elle s'est accélérée tandis que la danseuse se transformait en Shiva-Nataraja, le danseur cosmique dont les pas sont rythmés par son tambour Damaru. Cette danse très virile valait à elle seule le déplacement ! La raison de cette évocation de Shiva dans ce spectacle intitulé Orfeo par-delà le Gange était évidemment qu'il joue un rôle majeur dans la descente de la déesse Ganga sur terre, puisqu'après avoir été emprisonnée dans la chevelure de Shiva, Ganga peut finalement jaillir. Après que la danseuse a représenté cette descente de Ganga, l'action s'est déplacée au bord de la rivière. La danseuse évoque alors des rites effectués par les dévôts comme l'offrande de feu (aarti). Après avoir évoqué les divers personnages impliqués, la danseuse prend résolument la forme d'un personnage féminin, celui qu'elle incarnera jusqu'à la fin du spectacle. La fin de ce prélude (dont la danse est très étrangement influencée par la danse kathak) est marquée par l'intrusion du personnage d'Orfeo, qui, habillé en costume européen, comme venu d'un autre univers, enlace impulsivement cette Eurydice indienne sans son consentement.
La musique indienne laisse alors la place à la musique de Monteverdi (sans la fanfare qui aurait quelque peu cassé l'ambiance). Je suis alors très impressionné par l'ensemble Akadémia dirigé par Françoise Lasserre, et plus encore par la chanteuse Claire Lefilliâtre qui incarne le rôle de la Musique. Que son chant est beau et délicieusement ornementé...
J'ai trouvé la mise en scène sans artifice très bien menée. Le projet
prend tout son sens dans la deuxième partie du spectacle quand Orphée
descend aux Enfers. Sur sa route, il rencontre Charon, qui est habillé en
brâhmane et porte les marques sectaires shivaïtes. Les spectateurs des
premiers rangs peuvent humer d'abondantes vapeurs d'encens. L'entrée au
royaume de Pluton se fait sur une musique rituelle des temples d'Inde
(jouée par deux shehnai, la variante nord-indienne du
nadaswaram). Orphée entre en fait dans un temple de Shiva et la
divinité est conforme à l'iconographie traditionnelle : il porte bien sûr
un chignon tressé, un serpent est enroulé autour de son cou et son
apparence est aussi conforme à l'épithète de Nilakantha (celui qui a la
gorge bleue, référence au mythe du barattage
de la mer de lait). De façon plus étrange, ses mains sont aussi peintes
en bleu et il semble qu'il porte un cordon sacré réservé aux deux fois
nés
(comme les brâhmanes).
Ne connaissant pas très bien l'œuvre de Monteverdi, j'ai été très étonné par le caractère secondaire du rôle d'Eurydice. Elle doit avoir au plus deux ou trois répliques ! Alors que dans la version de Gluck, elle est en quelque sorte co-responsable avec Orphée de l'issue fatale (dans la version sans happy ending), puisqu'en disant à Orphée à quel point elle est désespérée de ne pas le voir tourner son regard vers elle, elle l'incite à enfreindre la condition qu'il devait respecter pour retrouver Eurydice. Chez Monteverdi, Eurydice est muette et Orphée est seul responsable de sa triste fin, emporté par les furies, avant que les musiciens de l'ensemble Akadémia ne soient rejoints par le son des tampuras indiens.
Du point de vue vocal, ma plus forte impression est venue comme je l'ai dit plus haut de Claire Lefilliâtre, et aussi de l'interprète du rôle d'Orfeo (Dávid Szigetvári), mais les autres chanteurs (qu'ils soient solistes ou du Neemrana Vocal Ensemble) ont également fait de très belles prestations.
Ailleurs : Bladsurb.
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