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2013-01-06 14:36+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2013-01-05
Karlheinz Stockhausen, musique (Helikopter Quarter interprété par le Quatuor Arditti)
Angelin Preljocaj, chorégraphie (2001)
Holger Förterer, scénographie
Sylvie Meyniel, costumes
Patrick Riou, lumières
Virginie Caussin, Lorena O'Neill, Nagisa Shirai, Sergio Diaz, Jean-Charles Jousni, Julien Thibault
Helikopter
Karlheinz Stockhausen, musique (Sonntags Abschied)
Angelin Preljocaj, chorégraphie (2007)
Nicole Tran Ba Vang, scénographie et costumes
Martine Hayer, Claudine Duranti, Ondine Besset-Loustau, réalisation costumes
Cécile Giovansili, Angelin Preljocaj, lumières
Virginie Caussin, Gaëlle Chappaz, Natacha Grimaud, Lorena O'Neill, Nagisa Shirai, Yurie Tsugawa, Sergi Amoros Aparicio, Marius Delcourt, Sergio Diaz, Jean-Charles Jousni, Fran Sanchez, Julien Thibault
Eldorado (Sonntags Abschied)
Avant ce programme du Ballet Preljocaj, je n'avais jamais entendu de musique de Stockhausen en concert. C'est maintenant chose faite, et je n'éprouve pas un besoin impérieux de renouveler l'expérience. Les musiques des deux ballets présentés sont extraits du cycle d'opéras Licht. Musicalement, à part un court instant d'exaltation quand les hélicoptères du quatuor à cordes Helikopter décollent, je n'ai pas le sentiment d'avoir entendu de musique, vu l'omniprésence du son des rotors des quatre hélicoptères dans lesquels avaient pris place chacun des membres du quatuor Arditti (pour le bilan carbone de l'Opéra, on se réjouira exceptionnellement ici du fait que la musique était enregistrée). Parfois, des sons stridents d'instruments à cordes se font entendre. On peut aussi remarquer que les membres du quatuor Arditti savent compter à haute voix, au moins jusqu'à Dreizehn.
L'intérêt principal du premier ballet réside dans les vidéos projetées sur le sol où évoluent les danseurs. Celles-ci peuvent évoquer des pales d'hélicoptères dont le centre de rotation se déplace sur scène de façon synchronisée avec les mouvements des danseurs. Diverses sortes d'images entreront ainsi en interaction avec les danseurs, comme si ceux-ci venaient perturber ou déformer une image fixée préalablement. Pour le reste, je ne sais pas très bien à quelle rituel obscur se sont livrés les danseurs (habillés en slip+t-shirt+genouillères). J'ai simplement remarqué une construction cyclique, ou plus exactement en palindrome, certaines images utilisées à la fin étant les mêmes qu'au début, mais semble-t-il en ordre inverse. Ceci étant, j'ai apprécié la conclusion du ballet, un solo d'une danseuse (Nagisa Shirai) sur un silence prolongeant l'évanouissement progressif du son des hélicoptères.
Si j'en crois Wikipedia, la
musique Sonntags-Abschied du deuxième ballet Eldorado
était prévue comme musique d'accompagnement pour la sortie des spectateurs
de la salle à la toute fin du cycle Licht. Je ne sais pas s'il
faut considérer comme un bon signe que j'aie effectivement eu envie de
sortir très vite en voyant ce ballet... Si j'avais su à l'avance que
c'était là l'intention du compositeur, je me serais éclipsé, mais
malheureusement je suis resté, et je me suis ennuyé comme rarement à
l'Opéra. Cet eldodado ou paradis ne me fait pas très envie. Le début en est
très rude. Sur un silence tout relatif ― à Paris, on ne devrait s'autoriser
le silence dans un ballet qu'en septembre : après, les gens commencent à
attraper froid et à tousser, au printemps il se mettent à éternuer à cause
des allergies et pendant l'été ils sont en vacances ― les danseurs
commencent leur entrée dans un univers qui ne m'a inspiré que de
l'indifférence. Je retrouve les mouvements de bras typiquement
preljocajiens et dans les positions des jambes les arabesques sont beaucoup
utilisées (sans doute trop, sinon, je ne l'aurais pas remarqué). Quelques
passages évoquent une forme de sensualité tellement aseptisée qu'elle en
est mortifère. J'ai l'impression que la musique de Stockhausen ne peut me
procurer qu'un seul type de sensations. La musique durerait 10 minutes, 3
heures ou une demi-heure comme ici, pour moi, ce serait la même chose, et
cela vaut aussi pour Helikopter. La seule variable serait mon
ennui, proportionnel à la durée. Je n'ai pas fait de billets sur les
programmes Gillot/Cunningham et Forsythe/Brown présentés à l'Opéra
récemment, mais sans avoir trouvé les musiques contemporaines
de
John Cage et Thom Willems géniales dans les ballets de Cunningham et
Forsythe, au moins elles interagissaient avec les mouvements des danseurs.
Dans ce ballet de Preljocaj, j'ai eu l'impression qu'on aurait aussi bien
pu mettre n'importe quelle autre musique d'accompagnement...
Bref, ce programme est une très grande déception pour moi. À l'avenir, j'hésiterai avant de retourner voir un ballet de Preljocaj. Je garde néanmoins en tête l'impression de danseurs qui malgré la diversité de leurs morphologies forment toutefois un ensemble cohérent et qui, surtout, semblent très investis dans la chorégraphie qu'ils exécutent et qui malheureusement me laisse indifférent.
Comme toi, je me suis ennuyée comme rarement ça m'est arrivé.... j'ai eu du mal à ne pas sombrer !!! quelle perte de temps ! c'était ma première sortie de l'année, j'espère que la suite sera meilleure ! Tous mes voeux Joël !
Il y a des choses qui valent l'écoute chez Stockhausen (l'énorme machine Gruppen, à plusieurs orchestres, mais aussi les Klavierstücke multi-strates), mais il y a aussi énormément de déchet et de provocation pas forcément constructive.
En l'occurrence, le quatuor à hélicoptères, on n'entend quasiment que les moteurs, presque comme si on était en bas, ça ressemble fort à une plaisanterie - mais comme je n'ai jamais eu la patience de le terminer, peut-être que la fin est fantastique. :)
Je crois que je vais faire comme j'ai fait pour Schumann pendant un moment : éviter d'assister à des soirées 100% Stockhausen, mais éventuellement aller à des concerts où Stockhausen serait associé à d'autres compositeurs que je préfère...
Les Klavierstücke, c'est très bien. Il y a eu la saison dernière un excellent concert "Pollini-perspectives" avec Beethoven / Stockhausen au programme (où j'ai eu l'impression que le 2ème cité a été le plus applaudi)
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