Weblog de Joël Riou

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Fin de mon Tour de France

2007-05-15 20:55+0200 (Grigny) — Mathématiques

Grigny → Paris → Grenoble → Lyon → Paris → Grigny → Paris → Rennes → Paris → Orsay → Paris → Lyon → Paris → Grigny → Paris → Nantes → Paris → Grigny → Paris → Strasbourg → Paris → Grigny !

Voici donc le parcours que j'ai réalisé en train entre le dimanche 6 et le lundi 14 mai pour passer des auditions. Merci à la SNCF et aux compagnies locales de bus, de métro et de tram' pour leur collaboration pendant ces dizaines d'heures de transport.

Dans chacun des lieux visités, j'ai présenté devant la commission de spécialistes mon travail d'enseignant et de chercheur pendant N minutes (N valant 10, 15, 20 ou 30 suivant l'endroit), suivies de quelques minutes de questions.

Hier soir, en arrivant à la gare de l'Est, comme je savais que le classement pour le poste que je convoitais le plus allait être rendu public, j'étais très pressé de rentrer chez moi. Je fus très heureux d'apprendre que ce classement m'était favorable et, quoique les villes que j'ai visitées m'aient fait bonne impression, soulagé de n'avoir pas à continuer plus longtemps ce Tour de France.

À partir de l'année prochaine, je serai donc maître de conférences à l'Université Paris 11 (Orsay). Il va falloir que je songe à me rapprocher de la ligne B du RER.

Programmes du Théâtre des Champs-Élysées, de l'Opéra de Paris, du Théâtre du Châtelet, des concerts Philippe Maillard, etc, tremblez...

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Commentaires

1. 2007-05-15 23:44+0200 (flo)

Félicitations, cher Maître :))

2. 2007-05-16 00:24+0200 (nameornick)

Bravo donc! Trois petites questions d'un eventuel futur candidat: les jurys sont composés de combiens de membres environ? Posent-ils des questions uniquement techniques ou y a-t-il un temps pour l'expérience d'enseignement par exemple? Enfin, l'ambiance des auditions est-elle plutôt cordiale ou plutôt tendue?

3. 2007-05-16 08:33+0200 (Joël)

flo : Merci.

nameornick : Le nombre de personnes présentes dans la salle dépend beaucoup des endroits. Le moins que j'ai vu devait être cinq ou six et le plus grand nombre devait être autour de quinze. Parfois, les personnes présentes ne sont pas toutes membres de la commission : à Strasbourg par exemple, il n'y avait formellement que quatre personnes dans la sous-commission de recrutement, mais des membres de l'équipe de géométrie arithmétique étaient aussi venus écouter les candidats qui pouvaient rejoindre leur équipe.

Il est rare que les questions soient vraiment techniques, mais il faut quand même connaître son sujet ! Dans la commission de spécialistes, tous les domaines des mathématiques représentés dans le laboratoire sont présents (s'il y a des mathématiques fondamentales et des mathématiques appliquées, la commission de spécialistes peut être commune aux deux sections), donc il ne faut pas s'attendre à ce que tout le monde soit en mesure de comprendre exactement ce que l'on a fait : j'ai essayé de donner un bref aperçu sur ce qu'il en retournait et de suggérer que c'était intéressant...

Parmi les questions typiques :

- quelles sont les autres auditions que vous passez ?

- quels sont vos projets de recherche futurs ?

- quelle équipe de recherche voudriez-vous rejoindre ici ? avec qui pourriez-vous travailler ?

J'ai eu peu de questions portant sur l'enseignement : en mathématiques, les besoins en enseignants sont semblables d'une université à l'autre et les candidats ont souvent eu au moins une expérience de moniteur. Parfois, on voulait savoir si j'étais agrégé. Une fois, on m'a demandé comment je comptais m'intégrer à l'équipe enseignante ; le profil du poste ne mentionnant pas de besoin particulier, j'ai simplement dit qu'ayant suivi des cours généralistes jusqu'en maîtrise, je pensais être en mesure de m'adapter, y compris en enseignant les statistiques si cela s'avérait nécessaire, ce qui donna lieu à une joute oratoire amusante entre deux algébristes de la commission.

Dans l'ensemble, l'ambiance des auditions m'a semblé plutôt cordiale. Tout le monde est un petit peu tendu, mais il faut se dire que les gens ne sont pas là pour nous démolir mais pour recruter un nouveau collègue.

4. 2007-05-16 09:30+0200 (Gilles)

Ben toutes mes félicitations ! dommage pour les grenoblois !!

5. 2007-05-16 16:38+0200 (nameornick)

Merci d'avoir répondu, bonne continuation.

6. 2007-05-24 14:49+0200 (Ali)

Félicitations, peut-être un futur médaillé Fields à l'image d'un Lafforgue ou d'un Werner.

7. 2007-05-26 23:34+0200 (jxano)

J'ai eu la chance de serrer la main de M. Lafforgue à l'issue d'une émission de radio à laquelle il était invité et que je co-animais. Nous l'avions convié à s'exprimer à propos d'un petit article qu'il avait fait paraître dans le Monde pour défendre la thèse suivante : si l'école de mathématiques française est si bien placée dans le monde actuellement (c'est la première, si je ne m'avance pas trop), c'est que les mathématiciens francophones échangent leurs points de vue et publient leurs travaux dans leur langue maternelle. Bien sûr, pour une diffusion plus internationale, la traduction est inévitable.

Au fait, est-ce que ces conditions "privilégiées" (par rapport aux autres branches de la recherche scientifique où le "tout anglais" domine) sont toujours d'actualité ? un bon niveau d'anglais est-il exigé aux enseignants-chercheurs ? J'ignore si le thème politique de la défense des langues est ta "tasse de thé".

8. 2007-05-27 02:22+0200 (Joël)

> Au fait, est-ce que ces conditions "privilégiées" (par rapport aux autres branches de la recherche scientifique où le "tout anglais" domine) sont toujours d'actualité ?

Dans une certaine mesure, oui.

> un bon niveau d'anglais est-il exigé aux enseignants-chercheurs ?

Je ne pense pas que la maîtrise de la langue anglaise soit un critère intervenant sérieusement dans le recrutement des enseignants-chercheurs. Mais il est évident que pour comprendre ce que font les chercheurs non francophones et pour leur exposer nos propres travaux, il faut avoir appris les termes techniques de son domaine et ne pas être trop mauvais en anglais par ailleurs.

> J'ignore si le thème politique de la défense des langues est ta "tasse de thé".

Je n'y suis pas indifférent. À ce sujet, j'ai une particularité assez singulière : quand je prends des notes lors d'un exposé, j'écris systématiquement en français, que l'orateur s'exprime en français, en anglais ou dans une autre langue.

9. 2007-05-28 00:11+0200 (jxano)

> quand je prends des notes lors d'un exposé, j'écris systématiquement en français, que l'orateur s'exprime en français, en anglais ou dans une autre langue.

J'ai aussi tendance à faire de même, mais cela se comprend : une fois le concept traduit et compris en français, on s'épargne une traduction à rebours en le notant en français. Sinon, il faudrait être capable de le comprendre dans la langue étrangère ; et ça, ce n'est pas de la tarte à obtenir...


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