Weblog de Joël Riou

« Musique espagnole pour le Colonne à Pleyel | Onéguine à Garnier »

Le Ring sans paroles à Pleyel

2011-12-10 02:15+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2011-12-09

Hélène Collerette, violon solo

Orchestre philharmonique de Radio France

Académie philharmonique

Alan Gilbert, direction

Tasso, Lamento et Trionfo (Liszt)

Barry Douglas, piano

Totentanz (Liszt)

Suite symphonique d'après le Ring (Wagner)

Pour la première fois de la saison, je monte au deuxième balcon de la Salle Pleyel pour assister à un concert du Philharmonique de Radio France. Je pense que cela doit être la première fois que j'étais dans la partie centrale de ce balcon. L'effort de la grimpette jusqu'à ce sommet est récompensé par une très belle vue sur l'ensemble de l'orchestre et par des conditions acoustiques favorables.

La première œuvre jouée est pour moi une révélation. Dans le début de ce Tasso, Lamento et Trionfo, on entend des associations orchestrales qui font beaucoup penser à son contemporain Wagner, notamment dans la façon d'utiliser les vents (la clarinette-basse !) et les cuivres. Quelques beaux passages où une gamme descendante est jouée par les violons, les altos, les violoncelles et enfin les contrebasses. Ce n'est pas forcément très original, mais cela fait plaisir à entendre. Les moments de dialogue entre les violons I et II est très belle à regarder.

L'œuvre suivante suivante Totentanz me plaît un peu moins. On est là plutôt dans des excentricités pianistiques (un petit glissando par ci, des grosses basses par là, une utilisation du piano autant comme instrument mélodique ou harmonique qu'en tant que percussion). C'est à se demander si les pianos hongrois ne s'useraient pas plus vite que ceux installés dans le reste du monde. L'ensemble est très varié, et il y a même des moments où on a presque l'impression d'entendre du Bach contrapuntique. Si je ne suis pas autant aux anges qu'à l'écoute de la première œuvre jouée, mais c'est tout de même très beau.

La deuxième partie est fort logiquement consacrée à Wagner : une suite symphonique Le Ring sans paroles. L'effectif de l'orchestre est vertigineux : 18 violons I, 16 violons II, 14 altos, 10 violoncelles, 9 contrebasses, 6 harpes, 15 vents, 9 cors, 8 trompettes et trombones, un tuba, quatre percussionnistes. Total : 110 musiciens et un chef. Les musiciens ne sont pour autant pas trop serrés puisqu'une rallonge de scène a été installée.

L'exécution de ces extraits de la Tétralogie me procure un grand plaisir. Contrairement aux conditions d'écoute lors d'une représentation d'opéra, le spectacle réside ici uniquement dans l'orchestre. L'engagement des musiciens est manifeste. Certes, les trombones ne seront pas toujours très synchros, mais à part pour quelques occurrences du motif du Sort, les couacs de cuivres me gêneront nettement moins que lors d'autres concerts où ils étaient moins utilisés que dans Wagner.

Une petite frustration viendra pour moi de l'absence des voix. On aurait pu imaginer, comme dans la Doctor Atomic Symphony de John Adams entendue récemment de remplacer une voix par un instrument. Ce n'est pas le cas ici, et il me faut un peu d'imagination pour entendre l'Adieu de Wotan dans la séquence ainsi nommée. Une autre frustration vient du côté zapping de cette sélection. Les morceaux sont enchaînés les uns aux autres, et on passe sans transition d'une scène à une autre, ce qui a fait qu'à plusieurs reprises, je me suis dit : Ah zut, cette partie-là est déjà finie, on est passé à autre chose.... Ainsi, par exemple, j'aurai bien aimé que l'extrait où Siegfried atteint le rocher de Brünnhilde aille au moins jusqu'au Salut au monde. On l'entendra cependant peu avant la Trauermarsch dans le récit de Siegfried qui précède sa mort. À l'inverse, j'ai l'impression qu'on a un peu trop entendu le motif qui est associé à Brünnhilde dans Le Crépuscule des Dieux. J'ai même du mal à comprendre où ont été faites certaines coutures.

Ceci étant dit, certains moments furent particulièrement beaux, comme celui du Voyage de Siegfried sur le Rhin et surtout le finale, un peu avant le moment où dans le texte Hagen dit Zurück vom Ring!. Autant j'avais été déçu par le côté brouillon de l'interprétation par les cordes du motif de la Rédemption par l'Amour par l'Orchestre de l'Opéra de Paris (en juin 2011), autant ici, les quelques apparitions de ce motif dans cette fin m'ont paru belles et très bien mises en valeur. (Klari me soufflait que les musiciens de ce soir n'avaient pas cinq heures de représentations dans les jambes...)

Le concert est disponible à la réécoute sur ArteLiveWeb. (Vu du deuxième balcon, j'avais eu l'impression que le pianiste Barry Douglas avait fait quelques glissandi de touches noires, mais la vidéo permet d'infirmer cette observation.)

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Commentaires

1. 2011-12-10 08:43+0100 (Geneviève)

C'est vrai que la grimpette jusqu'au 2e balcon est un peu difficile du fait de la hauteur des marches, mais quelle acoustique à l'arrivée !!!! Merci pour le lien de la réécoute !


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