Weblog de Joël Riou

« Médecine, nœuds borroméens et poupées russes | Prix Biblioblog »

Deux Verdi

2008-06-28 02:59+0200 (Orsay) — Culture — Opéra

Opéra Bastille — 2008-06-26

James Morris, Filippo II

Stefano Secco, Don Carlo

Dmitri Hvorostovsky, Rodrigo

Mikhail Petrenko, Il Grande Inquisitore

Paul Gay, Un frate

Tamar Iveri, Elisabetta Di Valois

Yvonne Naef, La Principessa Eboli

Elisa Cenni, Tebaldo

Jason Bridges, Il Conte Di Lerma

Elena Tsallagova, Voce Dal Cielo

Igor Gnidii, Luc Bertin-Hugault, Michal Kowalik, Marc Fouquet, Patrice Lamure, Marcos Pujol, Deputati Fiamminghi

Christian-Rodrigue Moungoungou, Slawomir Szychowiak, Vadim Artamonov, Enzo Coro, Constantin Ghircau, Shin Jae Kim, Sei Frati

Teodor Currentzis, direction musicale

Graham Vick, mise en scène

Tobias Hoheisel, décors et costumes

Matthez Richardson, lumières

Winfried Maczewski, chef des chœurs

Brad Moore, assistant à la direction musicale

Kevin Murphy, responsable des études musicales

Orchestre et chœurs de l'Opéra National de Paris

Don Carlo, Giuseppe Verdi

Théâtre des Champs-Élysées — 2008-06-27

Alessandro Corbelli, Falstaff

Anna Caterina Antonacci, Alice Ford

Francesco Meli, Fenton

Caitlin Hulcup, Meg Page

Amel Brahim-Djelloul, Nannetta

Federico Sacchi, Pistola

Marie-Nicole Lemieux, Mrs Quickly

Ludovic Tézier, Ford

Enrico Facini, Dr Cajus

Patrizio Saudelli, Bardolfo

Alain Altinoglu, direction musicale

Mario Martone, mise en scène

Sergio Tramonti, décors

Ursula Patzak, costumes

Pasquale Mari, lumières

Orchestre de Paris

Chœur du Théâtre des Champs-Élysées

Falstaff, Giuseppe Verdi.

Cette semaine, j'ai vu deux opéras de Verdi. Jeudi soir, Don Carlo à l'Opéra Bastille. Vendredi, Falstaff au Théâtre des Champs-Élysées.

Don Carlo était bien, mais globalement pas très enthousiasmant. Falstaff, le dernier opéra que Verdi a fini, est un opéra très différent de Don Carlo, et de tous ses autres opéras que j'aie vus ou entendus. Tout d'abord, il ne commence pas par une ouverture. On entre aussitôt dans l'histoire, qui est une comédie. Le très bedonnant Falstaff envoie deux lettres d'amour identiques à Alice Ford et à Meg Page. Celles-ci s'en aperçoivent et décident de rire à ses dépens. Monsieur Ford manigance aussi quelque chose (quoique l'opération soit d'un intérêt douteux, au moins pécunièrement : il donne incognito une valise de billets à Falstaff pour séduire sa femme). Alice Ford met en scène la venue de Falstaff chez elle. Quand son mari débarque fou de rage pour massacrer l'intrus, on le cache dans un panier à linge. On finit par le jeter dans la Tamise par la fenêtre. L'opéra pourrait presque se terminer sur ce plouf final. Dans le troisième acte, on va encore se moquer un peu de Falstaff, mais il ne sera plus le seul à en recevoir les éclaboussures. Depuis le premier acte, on avait découvert la romance entre Nanetta, la fille des Ford, et Fenton, mais Ford veut la marier avec le pédant Dr Cajus. Au cours de la cérémonie nocturne du troisième acte, Ford va célébrer simultanément deux mariages : Dr Cajus avec la reine des fées (il s'agit en fait d'un partisan de Falstaff déguisé) et, rendus méconnaissables par leurs déguisements, Nanetta et Fenton.

Les raisons qui m'avaient poussé à inscrire cet opéra à mon abonnement étaient la présence d'Anna Caterina Antonacci (Alice Ford) et le fait qu'il s'agisse d'un opéra de Verdi. Comme toujours, j'ai aimé son chant et son jeu. Parmi les autres interprètes féminins, Caitlin Hulcup (Meg Page) était assez en retrait. J'ai été plutôt agréablement surpris par Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly ; elle avait le bras en écharpe suite à une chute pendant les répétitions). Il y a un ou deux ans, le mensuel Cadences m'avait offert son disque L'heure exquise : je l'avais trouvé d'un ennui profond. Dans le rôle de Nanetta, Amel Brahim-Djelloul était très bien. Falstaff était interprété par l'impressionnant Alessandro Corbelli, que j'avais vu en DVD dans le rôle de Sulpice (La fille du régiment). J'ai pu apprécier à nouveau Ludovic Tézier (Ford) et entendre Francesco Meli (Fenton) dans le très bel air Dal labbro il canto estasiato vola.

Dans cet opéra, les personnages entrent et sortent de scène très rapidement, et on voit beaucoup de dialogues (mettant en relation parfois beaucoup de personnages), ce qui donne un résultat très vivant (tout particulièrement quand les quatre personnages féminins sont réunis), sans temps mort. La dernière partie du troisième acte est incroyable. Bien qu'elle l'ait fait jeter dans la Tamise, Mrs Quickly a réussi à faire croire à Falstaff qu'Alice Ford l'aime et qu'elle lui donne rendez-vous près du chêne de Herne, théâtre de la légende du Chasseur Noir, pourvu de cornes. À minuit, Falstaff est au lieu dit, déguisé comme on lui a demandé de le faire... Tous les autres vont concourir à sa mystification. L'idée est de lui faire croire que des créatures célestes réprouvent sa conduite. Elles l'intimident, le maltraitent physiquement et le forcent à se repentir. Cela commence par la mouvante apparition de la reine des fées (Nanetta), qui se balance sur une balançoire à la verticale de Falstaff ; après Natalie Dessay (Lucia di Lammermoor) et Sylvie Brunet (Padmâvatî), c'est la troisième chanteuse que je vois utiliser cet accessoire dans un opéra. Les fées vont bientôt céder la place à des créatures plus maléfiques, avançant masquées. La mise en scène de ce passage est extrêmement bien réussie ; le fond lumineux représentant un arbre peint en style impressionniste était un très seyant élément de décor. Le pauvre Falstaff en voit vraiment de toutes les couleurs. Dans la cohue, le masque de Bardolfo, un de ses partisans putatifs, tombe. Les créatures qui le tourmentent n'avaient donc rien de céleste. Vient le temps de la célébration des noces de Nanetta et du Dr Cajus, se dit Ford. Comme indiqué plus haut, il est trompé à son tour par les femmes. On se dispute un peu pour savoir qui a gagné et qui a perdu, et finalement, on se réconcilie.

Avec cette histoire et cette belle musique, il y avait de quoi faire un spectacle enthousiasmant. À mon avis, c'est une réussite, autant par la mise en scène que par les voix.

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Commentaires

1. 2008-07-16 09:04+0200 (Akynou)

Ha oui, je l'ai vu aussi Flastaff, et j'ai beaucoup aimé. Du boulevard à l'opéra. C'était joyeux, enlevé, bien chanté et bien joué. Un très bon moment (si on avait été mieux assis :-))


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